Par Maamar Lariane
A l’école, comme à la télévision, tout mot doit être utile, dit-on. Aussi, devrait-on passer par cette institution, pour trouver une solution définitive au problème qui se pose à nous avec acuité, celui de l’environnement en l’occurrence. Et si on s’impliquait un peu plus ?
Personne n’est sans savoir que des sommes colossales ont été injectées dans ce secteur en vue de préserver notre environnement, néanmoins aucune issue possible n’a pu être envisagée de façon sérieuse et la situation empire de jour en jour, ce qui constitue un véritable casse-tête pour les responsables en charge dudit secteur. Le problème de l’insalubrité étant étroitement lié à la question, il est tout à fait indiqué d’évoquer les nombreux désagréments qui en découlent, lesquels désagréments sont synonymes de mal vie et de mal être. Le sujet en question est tellement préoccupant que la presse écrite nationale lui accorde une importance toute particulière en titrant, à titre d’exemple, « L’insalubrité : la grande plaie de nos villes » et en multipliant les appels à contribution des citoyens pour espérer une sortie de crise. En dépit des moyens humains et matériels considérables mis à la disposition des responsables pour redresser la situation, les choses demeurent en l’état, à croire qu’il y aurait une entente tacite pour que l’attention ne soit pas portée ailleurs. Il faut dire que le citoyen ne joue pas le jeu non plus, car dans ce cas précis, il faudrait le concours de tout le monde pour que les choses aboutissent. Signalons au passage que les travailleurs chargés du nettoiement de nos villes font un travail absolument remarquable, ce pourquoi nous les félicitons d’ailleurs. C’est d’autant plus préoccupant que même les étrangers de passage dans la capitale ou dans la deuxième métropole du pays, n’ont pas manqué de mettre l’accent sur ce point noir qui en donne une bien mauvaise image. Jadis, Alger la blanche, comme Oran El Bahia (un qualificatif qui lui allait à merveille) attiraient énormément de touristes dont beaucoup de nostalgiques. Malheureusement, cette époque-là est révolue et si nous voulons que l’image de nos villes soit redorée et que les choses aillent mieux, il faudrait se mettre résolument au travail pour amorcer un changement d’une manière ou d’une autre.
Où se situe le problème ?
Ne sous estimons pas nos responsables car dans ce domaine-là principalement, que ce soit dans les villes ou dans les villages, des efforts méritoires sont fournis pour endiguer ce mal. Mais le manque de civisme aidant, les résultats demeurent malheureusement bien en deçà de leurs aspirations. Par souci de concision, nous éviterons de trop nous étaler sur ce point-là (bsence de civisme) pour dire tout simplement que beaucoup de travail reste à faire en amont et que les résultats apparaîtront non pas sur le moyen terme mais sur le long terme. A l’heure où les autres nations ont d’autres préoccupations pour améliorer le quotidien de leurs populations, nos dirigeants, quant à eux, en sont encore au stade du nettoiement dans les grandes villes, une véritable entrave au développement d’une manière générale. Encore une fois, au risque de nous répéter, nous allons pointer du doigt l’Ecole. Pour l’observateur averti, il est facile de déceler chez nos enfants un comportement pour le moins répréhensible vu qu’ils évoluent dans un milieu censé forger des individus modèles, en tous points de vue. On se comporte mal, c’est incontestable, et cela porte atteinte à notre environnement. Solutions à préconiser. Compte tenu de la situation, il n’y a pas d’autre choix que d’axer tous les efforts sur cette frange de la société, en mettant à sa disposition les moyens humains et matériels susceptibles de « booster » le changement. Pour ce qui est des moyens humains (c’est ce qui compte le plus), il est impératif pour les responsables de l’Education de choisir les meilleurs enseignants qui soient pour une prise en charge sérieuse des enfants du primaire. Quand « l’Ecole va tout va « serions-nous tentés de dire. De nos jours, disons-le franchement, nos enfants sont loin de bénéficier d’un encadrement adéquat (le diplôme ne doit pas toujours constituer le seul critère de sélection). L’enseignant peut être détenteur d’un diplôme supérieur, pour autant il ne ferait pas un bon pédagogue vu qu’il n’a pas été suffisamment bien formé pour cette noble tâche. Combien sont-ils ces enseignants débutants à avoir étudié la psychologie de l’enfant ou subi un stage de formation? On pare toujours au plus pressé et c’est un tort. Fraîchement diplômés de l’université, ils sont affectés directement dans les écoles avec les insuffisances qu’on leur connaît, tant en matière de pédagogie que de psychopédagogie.
La majorité d’entre eux n’ont reçu aucune formation alors que par le passé, les futurs enseignants passaient jusqu’à trois années, sinon plus, dans des instituts de l’Education dotés, faut-il le souligner, d’un encadrement de valeur. Ajoutez à cela les « petits » remaniements opérés au niveau des programmes et qui ne sont pas pour arranger les choses. Prenons, à titre d’exemple, la matière de l’Education civique et morale à laquelle on a consacré quarante-cinq minutes à peine par semaine, quoique l’éducation de nos enfants ne doit pas être du seul ressort des enseignants, les parents étant les premiers concernés. L’on suggère par ailleurs, qu’une petite dizaine de minutes soient consacrées quotidiennement à cette matière pour les élèves du primaire. Oui, c’est bien à ce niveau-là que le gros du travail doit être accompli et, pour cela, on aurait besoin d’un personnel qualifié. Arrivés au palier suivant, nos enfants seront suffisamment « armés » pour entamer le palier suivant avec des chances de réussite qui iront crescendo.
Quel rôle pour la famille ?
Traditionnellement, c’était la famille qui s’acquittait de cette tâche ardue avec la plus grande fermeté, à telle enseigne que les enfants sentaient qu’ils n’avaient que des devoirs envers les parents et très peu de droits. La démarche s’avérait payante et les « éducateurs » avaient de quoi être fiers puisqu’ils étaient relayés par l’école qui se chargeait de compléter le travail. Une attitude inadmissible Pourquoi a-t-on parlé de long terme s’agissant de la prise en main de nos enfants ? Eh bien tout simplement parce que le citoyen d’aujourd’hui ne semble pas enclin à vouloir changer les choses. En effet, bon nombre de nos citoyens ne se soucient, faut-il en convenir, que de leur petit confort ; et pour ce qui est du cadre de vie ou de l’environnement immédiat, c’est une autre paire de manches, à croire que c’est du superflu et rien d’autre.
Que doit-on attendre d’une personne qui circule dans une voiture de luxe payée au prix fort et qui va déposer son sac poubelle sur le bord de la route nationale ou sur un chemin de campagne pouvant, par la beauté du paysage environnant, constituer un endroit idéal pour un pique-nique en famille? Une autre pratique devenue courante celle-là : des individus qui vont carrément déverser leur chargement de gravats en bordure de la route nationale en plein jour, sans la moindre gêne, alors que sous d’autres cieux, jeter un papier de chewing-gum par terre entraîne une verbalisation automatique. Ne devrait-on pas sévir pour remettre les choses à l’endroit ? Maintenant, pour ce qui est des conducteurs qui vous balancent par la fenêtre de leurs véhicules toutes sortes d’objets à commencer par les gobelets ou les bouteilles d’eau minérale en plastique, en passant par les épluchures d’oranges ou de bananes, et cela, tenez-vous bien, en pleine autoroute. C’est tout simplement scandaleux ! Non ! Il n’y a rien à faire avec des individus pareils, toutes tentatives en vue d’embellir le milieu ambiant seront vouées à l’échec. Les bonnes manières ont disparu pour laisser place à des comportements d’un autre âge. « Ne laisse pas traîner tes déchets derrière toi. C’est très respectueux et écologique aussi » tels sont les écriteaux qu’on devrait installer un peu partout : sur les plages, dans les jardins publics, en rase campagne, pourquoi pas? La seule solution, on ne le répètera jamais assez, c’est de redonner à l’Ecole son statut d’antan. Il nous a été donné de voir dans des lotissements, des villas ayant coûté une fortune, avec des voitures haut de gamme garées à proximité, le tout trônant dans un décor des plus insolites : un tas de gravats par-ci, un tas de sable ou de gravier par-là, une benne à ordures bien en évidence au beau milieu de ces splendides villas, une sorte de bidule émergeant difficilement d’un tas d’ordures ménagères aux odeurs nauséabondes ; ajoutez à cela une chaussée complètement défoncée et le plus souvent inondée si ce n’est par les eaux de pluie, c’est par de l’eau potable provenant de canalisations en plastique défaillantes car installées de façon anarchique : une situation peu enviable en somme et qui ne semble pas déranger outre mesure.
Non concernés par ce qui se trouve à l’extérieur
Comment peut-on vivre à l’aise dans un environnement aussi hostile? Et pour ajouter une touche de grisaille à ce tableau, n’oublions pas d’évoquer le problème de voisinage. L’absence de civisme est souvent à l’origine de nombreuses querelles entre voisins, ce qui a pour effet de « pourrir » les relations jusqu’à rendre la vie impossible aux uns comme aux autres. Quelle conduite tenir ? La réaction des gens est toujours la même partout : tout le monde se plaint du voisin, où qu’on soit, alors qu’on devrait tous se remettre en question de temps en temps, sachant que dans la vie en société, la bonne entente est faite de concessions réciproques. Si chacun y mettait du sien, il y aurait assurément moins d’animosité dans nos relations et la vie ne serait que plus belle. Si l’école jouait pleinement son rôle d’ascenseur social et que les parents s’acquittent de leur tâche de la manière qu’il faut, nul doute que cela se verrait dans la vie de tous les jours, que la relève serait de qualité et qu’elle s’effectuerait sans heurts pour le bien de la société comme pour celui du pays. Dans le cas contraire, la vie ne sera faite que d’aléas avec tout ce que cela comporte comme contretemps fâcheux. Et si nous devions parler de manque de réussite, nous dirions que l’échec, c’est tout simplement une occasion de recommencer plus intelligemment. Le facteur temps comptant énormément, nous devrions tous, chacun à son niveau, redoubler d’efforts pour être au rendez-vous avec l’Histoire. Pour conclure, toujours sur une note d’optimisme, disons que la situation n’est pas aussi désespérée qu’on pourrait le penser et que chacun de nous peut et doit apporter sa petite pierre à l’édifice afin de mettre sur pied une société prospère, une société d’entraide où il faut savoir être les uns pour les autres.
M. L.
*Enseignant à la retraite.