« En Tunisie, les changements climatiques ne représentent plus une préoccupation purement scientifique liée à des modélisations probables de l’évolution future du climat, c’est une réalité vécue dans notre quotidien », a estimé la ministre tunisienne de l’Environnement, Leila Chikhaoui.
Pour la ministre tunisienne, il est nécessaire et urgent d’agir face aux effets très perceptibles des changements climatiques. Pour elle, « tout retard dans l’action risque d’aboutir à des conséquences irréversibles, sur nos ressources, nos écosystèmes, notre développement et notre bien-être ».
Les propos ont été tenus lors de la Conférence internationale dédiée à l’investissement en faveur de la mise en œuvre de la CDN (contribution déterminée au niveau national) de la Tunisie, organisée par son département.
Mme Chikhaoui insiste : « Le niveau d’accélération du dérèglement climatique dont nous sommes témoins, dépasse nos capacités à y faire face et à en atténuer les impacts. En Tunisie, les changements climatiques ne représentent plus une préoccupation purement scientifique liée à des modélisations probables de l’évolution future du climat, c’est une réalité vécue dans notre quotidien. L’augmentation des températures annuelles moyennes, uniquement au cours du 20e siècle, est estimée à plus de 1,4 °c en Tunisie, dépassant largement le niveau moyen mondial ».
Des conséquences dramatiques sur la population
Comme d’autres pays du Maghreb, les conséquences du réchauffement climatique en Tunisie se traduisent, aujourd’hui, directement par une raréfaction progressive et continue des ressources en eau, une dégradation prononcée des terres agricoles, une élévation continue du niveau de la mer et une amplification très remarquable de la fréquence et de l’intensité des phénomènes climatiques extrêmes, notamment les inondations, les feux de forêts et la sècheresse.
Pour la responsable, « Ces manifestations directes des changements climatiques commencent d’ores et déjà à se traduire par des effets de taille sur nos ressources naturelles, nos écosystèmes les plus productifs, notre sécurité alimentaire, et nos secteurs économiques liés à l’usage des ressources et écosystèmes naturels, à l’instar de l’agriculture et du tourisme. Les effets les plus graves des changements climatiques affectent les populations les plus vulnérables, notamment les femmes, les populations rurales et les communautés les plus pauvres qui ont le moins de capacités à s’y adapter ou à y faire ».
Barrages : La situation devient de plus en plus compliquée !
Les dernières précipitations sont insuffisantes pour renverser la tendance en matière de réserves en eau douces. En effet, le taux de remplissage des barrages tunisiens est toujours inquiétant voire alarmant. Il est de 29,2%, un seuil jamais atteint auparavant. Dans son dernier bulletin du 12 mai 2023, l’Observatoire national de l’agriculture (ONA) indique que les réserves en eau douces atteignent 676,583 millions de mètres cubes dans tous les barrages contre 1 175,007 mètres cubes durant la même période un an plus tôt avec une baisse de plus de 40%.
Cela dit, un engagement citoyen s’impose outre les dernières mesures restrictives relatives aux coupures de l’eau, pour rationaliser la consommation de cette matière vitale qui devient de plus en plus rare.
Source : journaux tunisiens