En dépit des embûches et entraves de toute sorte, le salon du livre Hassiba Benbouali de Chlef a eu lieu aux dates indiquées. Cette année, sa troisième édition s’est tenue du 1er au 4 mai dans la maison de la culture de Chlef. Organisé par les éditions « Les Presses du Chélif » en collaboration avec le ministère des Moudjahidine et ayant droits, l’organisation nationale des Moudjahidine et l’alliance pour le renouveau estudiantin national (AREN), le salon est soutenu par le CPA (crédit populaire d’Algérie).
Placé sous le parrainage du wali de Chlef, la troisième édition du salon du livre, qui prend désormais le nom de la martyre Hassiba Benbouali, s’est déroulée dans d’excellentes conditions, selon les appréciations des nombreux auteurs, écrivains et gérants de maisons d’édition qui y ont pris part. Avec le peu de moyens dont disposent les organisateurs, les invités ont pu vivre pleinement l’événement, vantant même la qualité de leur prise en charge.
Sollicitées par le comité d’organisation plusieurs mois avant la tenue de l’événement, les entreprises économiques de la région, à l’image de l’entreprise des ciments et dérivés d’Ech-Chlef (ECDE), les banques publiques et privées, les gros commerçants, les entrepreneurs et les autorités ont fait la sourde oreille. Aucun des sponsors potentiels n’a daigné donner de réponse. Pire, certaines entreprises ont même refusé d’accuser réception du courrier qui leur a été adressé.
Selon les organisateurs, la direction de la Culture et des Arts, qui devrait être partie prenante e l’organisation du salon, s’est contentée de l’hébergement de quelques participants bien choisis. Cette attitude ne reflète guère son statut en tant que la première instance culturelle au niveau de la wilaya. Il en a été de même pour les autorités de la commune et de la wilaya qui ont préféré ne pas être de la partie.
Contrairement aux instances de la wilaya, le Crédit Populaire d’Algérie s’est impliqué corps et âme dans cette manifestation en sponsorisant une partie des activités programmées ; il a été pour beaucoup dans la réussite du rendez-vous par le fait de marquer sa présence pendant les quatre jours du salon.
Il en est de même pour le directeur des Moudjahidines de la wilaya qui a tenu à être présent en remettant en personne des diplômes et distinctions honorifiques aux familles des chahidates Hassiba Benbouali et des cousines Adidou.
Une présence de qualité
Les participants au salon du livre de Chlef ne sont pas à présenter ; ce sont des maisons d’édition de renom, il y avait aussi la Bibliothèque nationale, le Haut-commissariat à l’Amazighité, le Conseil supérieur de la langue arabe, le Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle (CRASC), l’association Isabelle Eberhardt, les maisons d’édition APIC, El Qobia, ENAG, Samar, Benhamda, Les Presses du Chélif évidemment, des dizaines d’auteurs et d’écrivains aussi bien de la région que du reste du pays, etc.
Il faut signaler en effet que le salon a vu la participation de certains écrivains, journalistes et historiens d’envergure internationale, des poètes et hommes de lettres, tous connus et reconnus, à l’image de Keltoum Staali (prix littéraire Mohamed Dib 2022), Habib Tengour et Jacqueline Brenot qui sont venues de Paris ; Omar Kazi Tani, sociologue et écrivain ; Ammar Belkhodja, écrivain, journaliste, historien et poète du malhoune ; Nora Bouzida, directrice des éditions Samar ; Ouarda Baaziz Chérifi, Hiba Tayda, Ferroudja Ousmer, Lazhari Labtar, Ounissa Azar, Fatima Zohra Slimani Douadi etc.
Tous les participants que nous avons rencontrés, affirment que le salon de Chlef est un acquis qui doit être pérenne.
Cette année, le salon du livre de Chlef s’est caractérisé, en plus de l’exposition-vente, par l’organisation de tables rondes, la tenue de conférences et la projection du film « La cinquième saison » en présence de son réalisateur, le célèbre Ahmed Benkamla.
Les thèmes abordés par des spécialistes en la matière ont provoqué des débats enflammés entre les participants.
Le salon a pris fin après une cérémonie de distribution de distinctions honorifiques au profit des familles des chahidates et des moudjahidines récemment décédés ainsi qu’aux journalistes locaux à l’occasion de la journée mondiale de la presse.
A. H.
Ils ont dit :

Ammar Belkhodja, journaliste, écrivain, poète du « melhoun » :
« Le salon n’est pas uniquement une occasion pour vendre des livres, c’est aussi et surtout un lieu de brassage d’idées par la découverte de jeunes talents en littérature et poésie. Il est utile que l’initiative d’Ali Laib et de son équipe fasse tache d’huile ou boule de neige à travers tout le pays où les lieux sont frappés ou menacés de léthargie. Les soubresauts de Chlef sont des tremblements qui doivent provoquer un « séisme culturel » pour libérer la société tous âges confondus de sclérose, de la stupeur et de la paresse intellectuelle ».
Abderrahmane Benmokhtar, écrivain et ancien diplomate :
« La maison de la culture de Chlef a été durant quatre jours le théâtre de nombreuses activités culturelles. Il s’agit d’une participation respectable et diversifiée. Les participants ont eu le plaisir d’échanger avec les visiteurs. Le salon gagnerait à voir la ville de Chlef être plus représentée. J’ai beaucoup de plaisir d’être présent pour la première fois afin de témoigner d’une période historique, mouvementée et douloureuse. Je souhaite plein de succès aux futures éditions du salon de livre ».
Ouarda Baaziz Chérif, auteure, romancière et poétesse :
« Je suis fière d’avoir participé à la 3ème édition du salon du livre de Chlef, j’ai pu faire le point sur une bonne organisation, sur un très bon accueil, une très bonne prise en charge (restauration, hébergement). J’ai eu l’occasion d’échanger avec le public certes modéré, mais très chaleureux. Merci à M. Ali Laib, à Nassera Saïbet à tout le staff d’accueil. Gratitude et respects au salon ».
Hiba Tayda, auteure, romancière et poétesse :
« Merci pour l’invitation et l’accueil chaleureux qui nous a été réservé. Bravo pour l’organisation et à bientôt pour la prochaine édition ».

Ferroudja Ousmar, écrivaine :
« Je suis ravie de me retrouver pour la 2ème fois à Chlef. Je le suis d’autant plus que ce salon est dédié à la femme en général et à une grande dame de la révolution en particulier. Un salon qui mérite d’être encouragé et qui, j’espère, fera des émules espérant que les villes environnantes puissent prendre de la graine. Un grand merci aux organisateurs d’être à nos petits soins. Je reviendrai avec grand plaisir l’année prochaine ».
Lazhari Labter, écrivain :
« A l’heure où les espaces culturels et les lieux de rencontre se réduisent, la tenue du salon du livre de Chlef qui est déjà un défi en soi, il doit continuer coûte que coûte afin que l’esprit du renouveau culturel reste intact. Je sais que ce n’est pas facile, mais je sais aussi que tout est possible, que tout est permis quand la passion se conjugue à la volonté, l’amour du livre à l’idéal de beauté. C’est encore une fois une réussite qui sera encore plus grande dans les années à venir, avec plus d’implication des autorités locales et plus de soutien de la population ».
Omar Kazi Tani, auteur :
« J’ai participé à ce salon du 1er au 4 mai 2023. J’y ai présenté cinq titres de mes ouvrages : « La lyre de Thamugadi », « Les Autruches d’Oslo », « La Valise de la veuve », « La Vizic », « la Fileuse ». La maison d’édition El Qobia m’a grandement accompagné. Nous pouvons témoigner de la grande disponibilité des organisateurs et des conditions d’accueil qui nous ont facilité le séjour ».
Fatma Zohra Slimani Douadi, auteure :
« Nous sommes au salon du livre, à la maison de la culture de Chlef, du 1er au 4 mai 2023. Un événement littéraire très enrichissant qui a réuni écrivains, poétes, et éditeurs pour des échanges et une rencontre avec leurs lecteurs et lectrices. Je remercie M. Laïb pour le travail effectué afin de mener à bien cette lourde tâche, et toute l’équipe organisatrice pour les efforts déployés chaque jour. Je suis ravi d’y avoir participé. Je vous remercie tous ».
Propos recueillis par Abdelkader Ham