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Saison estivale : on l’attend impatiemment tout en l’appréhendant !

De quoi sera fait l’été ? A Chlef, la question est sur toutes les lèvres et chacun y va de ses propres commentaires et prévisions. Habitués depuis longtemps aux canicules impitoyables, les Chélifiens espèrent néanmoins pouvoir momentanément y échapper en s’offrant, au moindre coût et pas loin de chez eux, une baignade digne de ce nom.

Officiellement, le lancement de la saison estivale est prévu au début du mois de juin. Sa préparation, par contre, débute bien avant cette date butoir qui signe le commencement d’une période au cours de laquelle des centaines de milliers d’estivants vont à la quête de repos et de détente au bord de lamer, fuyant la canicule qui les contraint à s’enfermer chez eux pendant des mois, à défaut d’endroits frais et ombragés à fréquenter en été. A cet effet, les autorités concernées ne cessent de multiplier réunions et regroupements afin de mettre en place des dispositifs garantissant une prise en charge acceptable des vacanciers, notamment en ce qui concerne l’hygiène et la sécurité. Différents secteurs s’y impliquent pour faire en sorte que la saison en question, même si elle n’est pas totalement réussie, ne se transforme pas en cauchemar. Les éléments de la Protection civile sont les premiers à être sollicités compte tenu du fait que c’est à ce corps qu’échoit le rôle d’intervenir en cas de « malheur ». Le nombre de personnes sauvées de véritables noyades chaque année témoigne du savoir-faire et du dévouement de ces agents dont la seule présence s’avère réconfortante. En outre, il est de coutume également d’arrêter la liste des plages autorisées à la baignade sachant que Chlef dispose d’une cote s’étendant sur 120 km, ce qui représente le 1/10 de toute la cote algérienne. Cela dit, si la nature nous a bien gratifiés de plages aussi splendides les unes que les autres, l’homme, lui, demeure cette fausse note qui fait de la symphonie la plus gracieuse un cri strident, tranchant avec l’harmonie originelle, perçant l’oreille et le cœur et substituant à l’émerveillement promis un sentiment d’écœurement ô combien dur à supporter !

Qui dit vacances, dit mer !

La forte chaleur caractérisant la ville de Chlef et ses environs fait que la population ne peut concevoir des vacances en dehors de la saison estivale. Ni les belles journées de printemps ni les monts blancs de neige n’arrivent à attirer le Chélifien et à l’arracher à son fief et ses habitudes. En définitive, le vocable même de « vacances » semble avoir acquis une connotation assez particulière sous l’effet d’un climat sec, torride et suffocant. Il n’est plus synonyme de détente et de repos, mais de fuite et de délivrance. Car, sous un soleil de plomb et une température baissant rarement au dessous de 40 degrés, le Chélifien n’a qu’une seule idée en tête : rejoindre la mer pour se rafraîchir sous peine d’étouffer pendant au moins quatre mois. La chaleur est si intense et l’air si aride que même les climatiseurs allumés jour et nuit n’y peuvent rien. Aussi, l’eau et la chaleur étant antinomiques, la destination n’est-elle plus à recommander, elle s’impose d’elle-même. Autrefois, on se rabattait même sur les oueds, les fameuses « seguias » et, plus récemment, sur les barrages. Jeunes et adolescents se permettaient alors une baignade au rabais et passaient toute leur après-midi à taper dans des eaux qui n’étaient ni incolores ni inodores ! Qu’à cela ne tînt, pourvu que ces séances les délivrassent de la fournaise quotidienne. Le reste, tout le reste, est une question de « goût » !

Bouffer ou se permettre des vacances ?

S’il est bien admis que les sorties sont aussi nécessaires à l’individu que le boire et le manger, il n’en demeure pas moins que si l’on est contraint de choisir, on n’hésitera pas un instant à sacrifier les premières. D’aucuns vous rétorquerons que tout est une question d’organisation dans la mesure où il s’agit bien d’un projet qui s’échafaude dans l’esprit et qui se traduit par une bonne gestion des économies. Dans l’absolu, on ne peut qu’en convenir en ce sens que celui qui veut profiter de l’été n’a qu’à fournir des efforts en hiver. La moralité de la fable n’est plus à démontrer même si, dans notre cas, les saisons sont inversées ! Toutefois, il n’est un secret pour personne qu’il existe encore des couples dont le revenu mensuel ne permet même pas de subvenir aux besoins les plus élémentaires, voire les plus vitaux de leurs enfants. Boucler le mois sans s’endetter est pour eux une équation dont les inconnues sont si nombreuses qu’elle ne se prête à aucune à résolution. Comment dans ces conditions peut-on parler d’économies, d’argent mis de côté ou de projet de vacances quand on n’arrive jamais à assurer le minimum ?

Plages désertes et incivisme

Nonobstant le fait que des efforts louables aient été fournis et que la volonté de faire de la région un pôle d’attraction touristique soit nettement affichée, force est de constater que nos plages ne sont nullement prises d’assaut par les estivants d’autres wilayas. Ceci est d’autant plus paradoxal que notre cote est l’une des plus longues en Algérie et renferme des dizaines de plages. Cependant, le déficit flagrant en matière d’hébergement et l’absence d’investissements dans ce domaine, a fait que la mer « chélifienne » ne soit admirée que par les Chélifiens eux-mêmes. Si l’on ajoute à cela les comportements inciviques de certains estivants venus spécialement pour troubler la quiétude de respectables gens, on comprendra mieux pourquoi une plage censée séduire par son charme devient tout simplement un lieu infréquentable. Car, plus qu’une question d’infrastructures à ériger, ou d’agents à mobiliser, pour être réussie, une saison estivale requiert une culture de vacancier et s’accommode très mal des délinquants saisonniers!

Mokrane Aït Djida

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