L'Algérie de plus près

Saïda Abouba, la romancière de l’Aurès

Saïda Abouba est née à M’chounèche dans les Aurès. Titulaire d’une licence en anglais et d’un diplôme en traduction arabe-anglais, d’un certificat en traduction anglais-français et d’un BTS en hygiène et sécurité, elle est enseignante d’anglais dans l’enseignement moyen (CEM). Ella est l’auteure de quatre romans et en a traduit quatre en Tamazight ainsi que des recueils de poèmes en Tamazight, en français et en anglais. Elle a été primée en Tamazight lors de la première édition du prix du président 2021 pour la traduction en Tamazight du roman « sur les traces des femmes Aurassiennes »

Saida Abouba tlul di Temsunin deg Awras. D taselmadt n Tanglizit. Turi kraḍ n yedlisen s Tefransisit. Tessuɣel kraḍ n wungalen ɣer Tmaziɣt (Tacawit): Aures, Tamurt n Tsednan d Yemma Batta. Tessuɣel isefra si Tmaziɣt al Tefransisit d Tanglizit, d tenfas n Wawras.

« La femme est le pilier de son foyer et de son pays »

La femme est le socle de son foyer, c’est la colonne vertébrale de sa famille, elle est le bijou rare de la vie, elle est la colombe, la fleur, la rose, le jardin qui fleurit et donne des fruits, c’est la reine et la maîtresse de son univers, c’est cette maman qui donne naissance dans la douleur sans se lamenter, cette maman qui prend soin de ses enfants, sans attendre de retour, c’est cette maman qui passe des nuits blanches pour veiller sur ses enfants.

C’est cette femme qui se prive de tout pour ses enfants ; la maman est un océan de bonheur, c’est la source dont on se nourrit, c’est la lune, le soleil qui éclaircit les chemins même les plus ténébreux. C’est la première école où l’on apprend tous les savoirs, ce qui compte pour elle, c’est toujours l’avenir et le bonheur de ses enfants.

C’est cette mère qui monte les chemins les plus épineux pour offrir une vie meilleure à ses enfants, c’est cette maman qui souffre et puise ses forces de son courage et de son abnégation à mener à bien sa vie et celle des siens, elle est celle qui s’oppose à tous les soucis de la vie pour protéger ses enfants.

C’est de l’amour de la mère qu’on se nourrit et qu’on s’épanouit ; elle paye cher pour que ses enfants vivent dans le bonheur, c’est elle qui essuie nos larmes, c’est elle qui nous protège avec ses armes, c’est elle qui nous porte à bout de bras et nous encourage, c’est elle qui a veillé sur nous et nous a protégés. La maman est la rose dont l’odeur est celle du jasmin. Oui chaque maman a une odeur pour ses enfants. C’est elle qui enfante filles et garçons.

Les filles sont l’avenir de leur foyer et de leur pays. Si on les laisse s’épanouir, elles sauront se construire un avenir épanoui, elles seront enseignantes, ingénieures et doctoresses. Elles étudient et travaillent, elles participent au développement de leur pays dans différents domaines. La femme est comme une montagne, elle vit tout et entasse tout.

La femme est l’avenir de l’homme, elle est sa mère, sa femme, sa sœur, sa fille. C’est sa compagne, sa lumière. C’est son jardin d’Eden.

La femme dans mon Algérie a toujours été forte depuis la reine Dihya, Lala Fadhma n Soumer, Djamila Bouhired et toutes les Moudjahidates, celles qui ont participé à la guerre de libération nationale, celles qui ont souffert le martyre pour que vivions en paix, pour que nous jouissions de la vie.

Les femmes ont frayé nos chemins vers la connaissance, vers la lumière et la jouissance de la liberté. C’est grâce à elles que nous sommes là, avocates, professeurs, médecins et des cadres dans tous les domaines. Ces femmes sont l’avenir, la force, la renaissance du pays. Elles ont contribué à son développement dans tous les sens, elles ont pris le flambeau de la Liberté.

Quelques extraits des ouvrages de l’auteure Abouba

Aurès :

Ungal n Aures yettutlay ɣef unɣir n umeččuk d ameẓẓyiane di taɣma tict d tamurt n Dzayer ukk d wegdud-nnes i tettcenna Saida Abouba. Tamurt tgerrez d tanezbayt d twanzit. Trenni di taɣma tis sent tella tettwasendef tettek s yifiɣriwen, amek i neẓra deg yiseggasen iberkanen d wa i nessɛedda di lɣemrat i aɣen-iṭurren labas, d way i tettari deg ungal-aya. Deg uneggaru tamarut tessenɛat tamurt tfaw iman-nnes twella teggur ɣer zdat, texs ad tettu inezgam w ad ahen-teǧǧ aɣella-nnes w ad tali, ad tugir ɣer zdat, w ad yali fell-as wass. S unaruz n tarwa-nnes imeẓẓyanen i yellan iswi-nsen tamurt-nsen. Dzayer yelhan.

Traduction :

À travers la tournée d’Aurès, héros de ce roman, c’est toute l’Algérie et tout son peuple que chante l’auteure. Un pays fort, résistant, volontaire, à l’image du personnage principal, mais aussi une terre torturée, comme le démontre le cadre historique (la décennie noire) décrit dans ce texte. Et finalement la romancière de composer le portrait d’un pays qui guérit patiemment de ses plaies, grandit, se projette dans l’avenir, se veut terre d’espoir et de renouveau, comme l’indique la trajectoire d’Aurès, incarnation d’un nouveau patriotisme algérien.

Batta le combat d’une Aurésienne :

« Yemma Batta tella d tameṭṭut yeḥlan, tawrasit, d tmuzyint. Tekker-d d ttagujilt n yemma-s d baba-s. Tuca tameddurt-nnes i twacult-nnes. Tella d tameṭṭut d wergaz, tẓeddem daxel n texxamt d beṛṛa, ur tessin ca taɣimit. Yemma tella techel-aneɣ ukk ulac n tefraẓet ɣer tarwa-nnes. Yemma Batta ur as-tuci ca tmeddurt aked d tunṭayt. Tella tegder teṭṭef anesluk ay yellan. Tedder tzeddem, tessalay iẓeṭwan, tetteg imersan bac ad ttuc fus i wergaz-nnes di tmeddurt. Tella tbedd ɣef yiǧ n uṭar ɣef ljalt-nneɣ. Ul d adrar, tuca-neɣ tayri. Teqqar ruḥet a tarwa inu, Rebba ad yeyy ssi-wen tayri d tziri. Yemma Batta talla ad Lallas n tlallatin ».

« Elles ne font qu’avancer malgré la dureté, la méchanceté et les incroyables obstacles leur faisant face. Elles avancent malgré les fortes tempêtes, elles n’ont jamais cédé aux caprices de la vie. Elles ont pu traverser toutes les rivières malgré leur fort courant et leur profondeur. Elles arrivent toujours au bout de leurs espérances, elles s’en sortent vainqueurs grâce à leur force de caractère. Elles ne connaissent ni épuisement ni fatigue. Elles sont toujours debout, ne craignant rien ».

Et parmi ces femmes, il faut compter Batta, une mère à qui Saida Abouba rend hommage tout au long de ce texte qui entremêle humilité, dévotion et bravoure au quotidien, tranches de vie aurésienne et portrait féminin. Ce récit lève le voile sur une figure maternelle hors du commun ainsi que sur les us et coutumes qui ont cours dans une région méconnue de l’Algérie.

Sur les traces de femmes Auressiennes :

Des femmes modèles de notre grand Aurès, où la vie est rude. Il est des femmes qui s’exprimèrent à travers leurs écrits, d’autres à travers leurs arts et leurs produits usuels traditionnels . Les métiers à tisser, ce qui a permis à notre patrimoine culturel de résister, il est des femmes qui qui combattent par leur endurance et résistance, quelque soient les obstacles et difficultés. Elles sont tenaces et perspicaces.

Le destin fatal de Taziri :

Tous les êtres humains sont venus au monde, libres ; ils ont le droit de vivre dans la tranquillité et dans une prospérité sans limite ni fin. Dans mon petit village Timsounin, vivait une famille. Chahla était une belle et séduisante jeune femme aux yeux bleus et au corps mince et long, ses cheveux colorés au henné couleur acajou, la couleur traditionnelle qu’utilisaient les Aurassiennes pour leurs cheveux. Chahla vivait avec Mohand qui fut contraint de rejoindre le maquis avec ses amis pour participer à la guerre de libération nationale.

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