Qui des supporters de l’ASO Chlef, qu’ils soient « anciens » ou nouveaux, ne le connaissent pas ? Il suffit qu’ils entendent le son cuivré de sa trompette pour que tout le monde se rappelle de Hemidet Bouzidi.
L’homme égayait de ses airs endiablés les milliers de fans qui venaient soutenir l’équipe chère aux Asnamis quand cette dernière jouait au stade Maamar Sahli, au quartier La Ferme, et par la suite au stade Mohamed Boumezrag, à la sortie ouest de la ville de Chlef.
Dans les années 1980 et 1990, l’enfant de Chettia mettait de l’ambiance et procurait de la joie aux supporters de l’ASO et des petites équipes des quartiers périphériques de Chlef. Hmidet se produisait même aux stades d’El Harrach, Bouloghine, Belcourt-Ruisseau et du 5 juillet pour soutenir les clubs algérois quand ces derniers se donnaient la réplique. Ses pérégrinations à travers les stades de la république lui ont permis de se faire beaucoup d’amis parmi les galeries des équipes sportives et son soutien était toujours sollicité.
Hemidet Bouzidi, de son vrai nom Ahmed Bouzidi, est né au quartier de La Ferme, le 4 janvier 1963, il est issu d’une famille sportive reconnue localement. Son père, Hamouda Bouzidi, jouait dans l’ancienne équipe d’El Asnam du temps de la colonisation, c’était un gardien de buts qui avait beaucoup de talent. Alors écolier, Hemidet Bouzidi, le trompettiste, a fréquenté l’école de son quartier de 1969 jusqu’à 1974. Il rejoint ensuite le collège du même quartier où ses études furent toujours studieuses. L’âge du collège permettait au joueur de trompette de signer une licence avec l’équipe minime de la DNC El Asnam où il a joué pendant une année avant qu’il ne soit promu à l’équipe cadette. Durant la même période, Hemidet a intégré le groupe musical « El Afrah » comme joueur de guitare aux cotés des frères Tadjer, Djamel Boutebissi, Noureddine Berdi et les défunts Habib Bouzidi, décédé des suites d’un accident de la route et Mustapha Della, d’une intoxication au monoxyde de carbone. Le groupe activait sous la houlette de Youcef Bougag, actuellement malade, à qui nous souhaitons un prompt rétablissement.
Au lendemain du tremblement de terre qui a frappé et détruit à moitié la ville d’El Asnam en le 10 octobre 1980, Hemidet comme nombre de ses camarades de classe, fut transféré au lycée technique de garçons d’Oran. L’ASO jouait alors en division Une du championnat national d’Algérie après avoir passé une saison blanche en guise de solidarité de la part de la ligue nationale de football. Une année plus tard, l’équipe est reléguée en division régionale puis regagné vite la division des lumières. Le retour de l’ASO Chlef en première division a coïncidé avec le retour de Hemidet dans les tribunes où il continua à procurer de la joie aux supporters de l’équipe phare de la ville.
Hemidet l’artiste
L’activité du jeune Bouzidi ne s’est limitée pas dans l’enceinte des stades mais avec le groupe « Afrah », un groupe musical connu et reconnu même en dehors du pays. Il a à son actif plusieurs participations dans des festivals internationaux. Le groupe qui était composé d’artistes de haut niveau à l’image de M’hamed Aichouba (guitariste), Salah Zourgui (chanteur et instrument de percussion), Djamel Zouaoui (batteur), Amouri Hafi (saxophone), Madjid Benbouabdellah (violon), Ali Rachidi (synthétiseur), M’hamed Aidet (instrument de percussion, banjo).
Pour ce qui est des participations à l’étranger, le trompettiste a participé à la fête de musique en France (avec cheb Azzedine et cheb Ouadah) et à d’autres festivals : en Corée en 1986, en Yougoslavie en 1987, et au Maroc en 1989 en plus de sa participation dans la composition des chants de supporters en collaboration avec cheb Youcef.
Pour terminer, il faut signaler que Hemidet Bouzidi est un éducateur, adjoint d’éducation et surveillant général par la suite, il a travaillé au lycée Chihane de La Ferme avant de terminer sa carrière professionnelle au collège d’enseignement moyen Larbi Tebessi de Chettia. Hemidet l’artiste est actuellement à la retraite, il mène une vie paisible et tranquille, il mérite amplement d’être aposté dans ce portrait en guise de reconnaissance pour tout ce qu’il a donné à la culture dans sa région.
Abdelkader Ham