Ma famille, à l’instar de pratiquement toutes les familles algériennes, fêtait Ennayer entre les 10 et 14 janvier de chaque année. Souvent, le 12 janvier si la date ne coïncidait pas avec les jours d’école. Parfois, on attendait que tous les membres de la famille soient réunis pour célébrer l’événement dans une ambiance festive. Ma défunte mère préparait Ennayer tout comme les autres fêtes religieuses ou les « Waâda » sans tenir compte de son sens religieux, ni pourquoi la tradition veut qu’on le fête avec autant de cérémoniaux à une date précise de l’année.
Pour ce qui me concerne, je ne savais pas qu’il s’agissait d’une date du calendrier julien car tout ce qui m’intéressais c’était de me régaler d’un morceau de poulet de notre basse-cour, de dattes et d’oranges et bien sûr de tomina, un entremets algérien composé de semoule torréfiée agrémentée de miel. J’en mangeais trop et ma défunte mère en préparait en grande quantité. Autrefois, vu la situation sociale dans laquelle nous vivions, nous ne pouvions pas nous permettre certains produits à l’image de la noix, la noisette, le chocolat ou les bonbons et autres friandises coûteuses. Ma mère se contentait de nous préparer un grand plat de couscous avec des légumes comme le pois-chiche, le navet, la courgette et la carotte, garni d’une grande quantité de la viande blanche.
En vérité, les familles algériennes fêtent la nuit d’Ennayer pour gâter leurs enfants. La fête, faut-il le signaler, est ancrée dans l’histoire et la tradition algériennes, et les gens ne sont pas près de s’en passer, à tout le moins à notre époque. Il faut savoir que les Algériens font face depuis des décennies aux campagnes farouches lancées par certains faux dévots, qui usent de tous les moyens pour discréditer cette fête ancestrale.
Abdelkader Ham