Adhaf oussegas est l’une des fêtes que célèbrent Ath Haoua (les enfants de Haoua) chaque année depuis très longtemps. Ath Houa désigne toute la région composée aujourd’hui des trois communes : Breira, Oued Goussine et Béni Haoua. Cette dernière localité est le chef-lieu de la daïra à laquelle sont rattachées les deux autres communes.
Adhaf oussegas en tachelhit signifie le nouvel an amazigh coïncidant avec le 12 janvier de chaque année. Au-delà de l’aspect historique de cette fête ancestrale, que la plupart de la population ignore d’ailleurs, de nombreux rites sont observés à la veille du 12 janvier dans l’espoir d’accueillir une nouvelle année agricole généreuse.
En célébrant yennayer ou adhaf oussegas, Ath Haoua perpétuent les traditions de leurs ancêtres qui avaient un attachement indéfectible à la terre qui les nourrissait. C’est pourquoi ils veillent à ce que le repas spécial de yennayer soit composé d’ingrédients bio et naturels venus directement de leurs terroirs comme le couscous du blé ou d’orge ou même de gland, le poulet élevé dans la cour de la maison, les légumes et fruits du jardin etc. En effet, la principale source de survie des habitants de cette région est ce que leur offrait la terre.
« Nous célébrons yennayer avec la préparation d’un repas spécial composé généralement de viande de bœuf ou de poulet en plus des friandises comme les figues sèches et les amandes en plus des bonbons et des cacahuètes achetés au marché que l’on met dans des sachets et que l’on offre aux enfants. Le diner de la veille de yennayer doit être préparé de préférence dans des ustensiles traditionnels pour apporter la baraka et la bénédiction », témoigne Slimane Khedraoui, un enseignant résidant à Béni Haoua.
Karim Kada, un fonctionnaire à la mairie de Breira, nous a dit ceci : « Chez nous, yennayer est célébré chaque année dans la pure tradition : la préparation d’un repas copieux et ce, dit-on, pour accueillir comme il se doit la nouvelle année agraire. Aussi, la veille du 12 janvier, les pères de familles se doivent d’acheter de la viande de bœuf ou de mouton, sinon du poulet pour ceux qui n’en élèvent pas dans leur basse-cour. Généralement, ce sont les vieilles femmes (himgharine) qui se chargent de la préparation du repas. Il s’agit dans la plupart des cas d’un repas traditionnels tel que le berkoukes ou le couscous, etc. »
Et de préciser : « Yennayer est une occasion pour que les membres de la famille se réunissent autour d’une même table dans une ambiance de convivialité et de fraternité et cela amène la bénédiction pour que les récoltes agricoles soient abondantes ».
Laid Berchouche, enseignant habitant à Béni Akil, estime pour sa part que la célébration de yennayer revêt une dimension sociale : « Selon ses dires, « les rites observés à cette occasion expriment le souhait d’une nouvelle année faite de récoltes abondantes. Accueillir la nouvelle année avec joie et optimisme est de bon augure ».
De même, fait-il savoir, la tradition veut que le repas la veille du début de l’année nouvelle doit se distinguer de ceux des jours ordinaires : « En plus des cacahuètes et des bonbons que l’on distribue aux membres de la famille, la chose la plus importante à cette à occasion est de faire en sorte que la joie se lise sur les visages des enfants, il faut qu’ils soient contents ce jour-là et c’est la raison pour laquelle les gens ont pour habitude de distribuer des friandises à profusion à leur progéniture. Nous le faisons parce que c’est la tradition qui le veut. »
Hassane Boukhalfa