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Cours de soutien : la baguette magique ou le bon sens ?

Dans les emplois du temps des écoliers, tous niveaux confondus, figurent des séances de rattrapage et d’autres dites de remédiation. Ces séances, comme leur nom l’indique, consistent à faire rattraper aux élèves les leçons ratées à cause d’une absence justifiée ou irrégulière. La séance de remédiation est réservée aux cours que les élèves n’ont pu entièrement assimiler et pour la compréhension –et l’acquisition- desquels l’enseignant est appelé à revoir sa méthode et l’adapter en fonction du niveau et de la capacité cognitive des apprenants.

En plus des séances de rattrapage et de remédiation, les programmes incluent des séances dites de soutien pédagogique. Généralement, ce sont des cours de soutien qui sont dispensés pendant les vacances scolaires, au terme de l’évaluation continue effectuée tout au long du trimestre. Ce sont d’ailleurs les enseignants qui préparent les cours à dispenser et ce, en fonction des lacunes constatées chez les élèves. Les programmes de soutien sont suivis par l’encadrement pédagogique de l’école car cette dernière assume sa responsabilité entière en la matière.

De nos jours, les cours de soutien pédagogique ont changé de cadre spatio-temporel du fait qu’ils sont prodigués à longueur d’année dans des espaces inappropriés et par des enseignants « clandestins ». Considérés par la famille éducative comme de véritables « hors-la-loi », ces enseignants s’approprient le métier pour gagner le maximum d’argent. L’enseignement parallèle est devenu en quelque sorte un métier spéculatif par excellence.

Pour recruter des élèves, ces enseignants clandestins diffusent des annonces à travers les pages des réseaux sociaux où ils proposent leurs services en vantant leur capacité à prendre en charge les apprenants des trois niveaux scolaires (primaire, moyen et secondaire). Même les élèves de la première année primaire sont pris en charge par ces enseignants et ces écoles officieuses qui foisonnent dans toutes les villes et villages du pays.

Les hangars, les garages, les salons des appartements et parfois les sous-sols de villas sont réquisitionnés par les « clandestins » pour recevoir de grand nombre d’élèves, notamment à l’approche des examens.

Soutien à l’élève ou à l’enseignant ?

La question qui se pose est de savoir si les parents ont vraiment conscience de ce qu’ils font subir à leur progéniture ? Se rendent-ils de la gravité de leur geste en la confiant à des enseignants dont ils ne connaissent ni la compétence ni la moralité ? Pour les spécialistes en éducation, cette façon de faire rend compte de l’état d’esprit des parents qui, au lieu de veiller personnellement à la scolarité de leurs filles et garçons et de s’enquérir de leurs résultats et comportements en classe auprès de qui de droit, ils recourent au palliatif des « cours de soutien ». Ils pensent que leurs enfants peuvent obtenir rapidement de « bons » résultats auprès d’enseignants censés être eux aussi « bons ». Or, il n’y a pas de baguette magique et cela ne peut être qu’au détriment de l’apprentissage et du bon sens car, dans leur écrasante majorité, les enseignants-grisette n’ont rien à voir avec l’éducation et la psychopédagogie. Les parents assument l’entière responsabilité d’avoir laissé ce genre d’écoles officieuses prendre le dessus sur l’école publique comme si cette dernière avait fait faillite. La faute est à eux parce qu’ils pensent que le métier d’enseigner est donné à tout individu instruit.

Le phénomène qui commence à prendre de l’ampleur, mène à se poser un tas de questions dont la plus inquiétante : quel type d’enseignement dispensent ces enseignants ayant différents niveaux d’instruction ? La question fait appel à d’autres comme de savoir si ce personnel enseignant possède les stratégies nécessaires pour gérer un groupe hétérogène ? S’il est capable de cerner les lacunes dont se plaignent nos enfants ?

Eveline Charmeux dans « Enseigner l’enseignement de la lecture et de l’écriture ou comment fabriquer un miel didactique à partir des recherches fondamentales » affirme : « Les recherches actuelles sur l’apprentissage permettent de remettre en question la vieille conception transmissive des savoirs ; il semble aujourd’hui qu’on ne puisse plus parler de « transmission » par l’enseignant mais bien de « construction » par l’élève des savoirs requis par l’Institution. Si bien que « enseigner » devient non point l’action de faire passer des contenus, mais le fait de réunir les conditions nécessaires pour que les élèves apprennent.

Et former des enseignants, c’est leur apprendre à réunir ces conditions. De ce fait, que les parents au même titre que les enseignants non formés sachent de l’opération d’enseignement avec les nouvelles approches consiste à donner libre cours à l’élève de participer à la construction de son propre apprentissage, l’enseignant se contente du rôle de l’orientation et procure les conditions favorables à l’apprenant pour une bonne acquisition et un bon apprentissage.

Abdelkader Ham         

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