Par Hamid Dahmani
On aura tout vu en ce début de siècle où la parole de l’homme est devenue un gage désuet sans aucune valeur… humaine ! L’homme, cette créature lunatique, n’honore plus sa parole avec son vis-à-vis ; il change d’avis et de parole comme on change de chemise.
Avec le temps qui s’écoule et les mœurs qui changent, corps de l’homme s’est empli d’air comme un ballon de baudruche qui se dégonfle dès qu’on le serre un peu fort. La parole n’est plus solide ni respectueuse comme elle l’était de coutume autrefois.
Dans le monde des affaires, l’être humain n’a pas d’ami ; son seul copain, c’est le profit. Le sens de la parole donnée a diminué d’intensité entre les hommes lorsqu’ils s’engagent entre eux. Les gens ont remplacé les girouettes, changeant de sens d’orientation à la faveur de la tournure du vent. La langue de bois est un moyen de communication incompréhensible, qui parle pour ne rien dire chez les blagueurs du siècle. La parole s’envole souvent en l’air quand la bouche commence à dérailler. La parole est dépréciée chez les énergumènes qui changent d’avis et de blousons tous les jours qui passent. À présent, les gens virevoltent comme le vent qui tourne soudainement. Ils changent de position et distribuent de fausses promesses comme du vent.
Naguère, les hommes n’avaient qu’une parole, ils se reconnaissaient dans le maintien et le respect scrupuleux de leurs engagements. Aujourd’hui, même les saisons ne sont plus claires comme autrefois. Les fruits sont cueillis verts avant de mûrir. Cette époque précoce nous gâche les bons moments de la vie.
Il y a une expression de chez nous qui dit : « Aandou kelma ke r’ssas », il possède une parole de plomb. Le monde est en train de muer dans sa forme, et les hommes aussi prêts à changer de fusil d’épaule. La parole n’est plus d’argent et ne vaut que quelques mots estropiés entre des interlocuteurs qui ne respectent aucune formalité obligeante. Quand ils donnent leur parole et la certifient par une vigoureuse poignée de mains, les véritables hommes ne reviennent jamais dessus, quoiqu’il arrive.
Il y a aussi, dans ce sens de la droiture, un proverbe qui dit ceci : « Parole d’homme, honneur d’homme ». Les gens changent d’humeur au gré du temps, et font du retournement sur leurs paroles qu’ils ont données un mauvais exercice de style de vie, qu’ils assument sans aucun remords. Notre époque est malade de cette mutation dans le mauvais sens…
H. D.