À Alger comme à Oran, Annaba ou Chlef, et même dans de nombreuses petites villes de l’intérieur, il n’est pas rare des rencontrer des adolescents traîner des molosses dans la rue.
Par effet d’entrainement, par mimétisme et, surtout, pour montrer sa différence et son rang social, beaucoup d’Algériens souhaitent posséder un chien d’attaque, capable de les défendre en cas d’agression. Et aussi en mesure de terroriser ceux qui osent les importuner. Ce sont surtout les enfants des parvenus, aidés en cela par des vétérinaires peu scrupuleux, qui ont réussi à développer tout un commerce où le Pitbull, le Rottweiler, le Tosa ou le Malinois se disputent les faveurs des adorateurs de la race canine.
Ces chiens de race dont la dangerosité est avérée se vendent cher. Et même très cher. La raison ? Ils peuvent déchiqueter un adulte en deux temps trois mouvements. Les enfants ? Ils n’en font qu’une bouchée. Et puis, quand on a avec soi une bête de Gévaudan, on peut toiser tout le monde de haut. Que ça plaise aux gens ou non.
Des plaintes contre les propriétaires de ces chiens ? Il y en a beaucoup. Des citoyens qui ont été terrorisés ou agressés par ces animaux, que leurs propriétaires promènent la plupart du temps sans muselière, il y en a eu énormément.
Le plus inquiétant est qu’en dépit des attaques répétées de ces chiens contre les passants, plus particulièrement les enfants, on continue d’ignorer ce phénomène social inquiétant.
Fort heureusement, de temps à autre, des autorités de commune ou de wilaya prennent la peine de rappeler les dangers que représentent les chiens errants et les chiens d’attaque élevés et dressés pour le combat. C’est le cas de la wilaya de Jijel qui a publié en mars dernier un arrêté dans lequel elle a notifié l’interdiction totale des espèces Bull-terriers, Ppitbulls, Bullmastiffs, Dobermans et Rottweilers. Elle précise aussi que les éleveurs de chiens non concernés par cet arrêté sont toutefois tenus d’utiliser des muselières pour leurs bêtes, de les attacher et de les tenir en laisse. De même qu’ils se doivent de les vacciner et de présenter leur carnet de vaccination à chaque contrôle des services de sécurité.
En 2015, la wilaya d’Alger a décidé de la même mesure, mais celle-ci n’a pas été prise en compte par la mafia des éleveurs canins qui sont légion dans l’Algérois. Dans une note numérotée 845, adressée en mars 2015 à toutes ses communes, la wilaya informe de l’interdiction de l’élevage, de la vente et de la commercialisation des chiens dangereux de races Bullmastiff, Doberman, Rottweiler, Pitbull et Bull Terrier. Elle invite en outre les services de sécurité à fermer les centres et les lieux de dressage et de vente de ces chiens en coordination avec les services administratifs de la daïra, la commune et l’entreprise d’hygiène urbaine de la wilaya d’Alger (Hurbal) en soulignant que toute infraction sera sanctionnée par des poursuites judiciaires.
Mais la réalité est tout autre de nos jours. Le nombre de chiens de combat ne cesse de croître, favorisé en cela par un vide juridique… et boosté par un énorme marché tenu par quelques éleveurs très connus dans l’Algérois.
Il est grand temps alors de revenir aux fondamentaux et de mettre en pratique une législation appropriée. Les citoyens en ont assez des caprices des enfants gâtés de quelques parvenus.
L. C.