Amari Bourahla est une figure emblématique du football chélifien. Il a fait toutes ses classes au sein de l’équipe-phare de la ville de Chlef, l’ASO, où il a commencé à jouer au lendemain de l’indépendance. Il y a évolué de 1963 à 1970 comme junior avant d’être promu en équipe réserve puis en équipe première aux côtés de Fedlaoui, Zairi, Medjadi et d’autres. En 1970, il s’est fait recruter à l’hydraulique. Comme cette direction publique parrainait une équipe de football, ses responsables désignèrent logiquement Amari pour la diriger. Il y jouait et assurait dans le même temps les commandes en qualité d’entraîneur. Il dirigera l’équipe pendant deux ans en parvenant à la faire accéder en première division de wilaya et ce, malgré la rude concurrence que lui livraient d’autres grosses cylindrées, pensionnaires de la même division à l’image de CRB Boukadir, la fameuse équipe de l’OFLA, El Abadia, Ténès etc.
Après deux ans passés à la tête de l’équipe d’hydraulique, c’est le retour au bercail. La direction de l’ASO lui a fait appel pour prendre en charge la formation. Il tient en main l’école formatrice en collaboration avec Sehailia, chacun chapeautant un groupe.
Amari a formé des centaines de jeunes dont l’ex-international Foudil Moussi. Il a encadré lors de son passage à l’ASO les Abbou, Bensalah, Guettouche, Farhi, Messadia et d’autres joueurs talentueux. Lors de ses pérégrinations, Amari Bourahla a entraîné l’équipe de Ain Merane pendant une saison avant d’aller entraîner El Abadia où il est resté deux ans et demi. Là où il est passé, il a donné satisfaction.
Du temps où Beneguouche était à la tête de l’équipe phare de la wilaya, l’ASO Chlef en l’occurrence, il a sollicité ses services pour entraîner les juniors. Les deux hommes ont travaillé ensemble pendant une certaine période avant que le boss ne claque la porte en laissant le poste à Samir Ould Larbi à qui succédera Mohamed Bensaada.
Par la suite, Amari a entraîné l’ESF, l’équipe de la Cité puis l’équipe de Bocca Sahnoune pendant plus de cinq ans comme joueur au début puis entraîneur. En tant qu’éducateur, il ne badinait pas avec le sérieux et la discipline car, de son temps, même son neveu qui jouait à Chettia sous la houlette de Djamel Hachemi et qui a été recommandé par ce technicien, n’a pas pu s’imposer à l’équipe juniore de l’ASO.
Amari Bourahla, aidé d’Abdelkader Della, a opté pour la prospection des joueurs au niveau des douars. Les deux techniciens se déplaçaient dans les localités et hameaux reculés pour dénicher les oiseaux rares et ce, contrairement à ce qui se passe aujourd’hui où la magouille dans la prospection prédomine. Autrefois, nous dit-il, le technicien n’était pas seulement un fonctionnaire, il faisait le père, l’éducateur et le conseilleur. Les 1000 DA qu’il percevait à la fin de chaque mois, il les dépensait dans les déplacements de ses éléments habitants en dehors de la ville. Il avait, dit-il, deux joueurs de Tegagra, deux d’Oum Drou, deux de Chettia et deux d’Oued Sly à qui il donnait de l’argent à chaque séance d’entraînement. Il rappelle que les catégories jeunes ne suscitaient aucun intérêt auprès des responsables. « On jouait quelquefois à l’insu du président du club. On se débrouillait le moyen de transport pour aller jouer à Alger, Sétif, Eulma etc. », avoue Amari. Il est arrivé un jour que le bus transportant l’équipe réserve tombât en panne à Alger par un jour de Ramadan et, faute de moyens financiers, joueurs et dirigeants ont rompu le jeûne à « mataam rahma », tenu par le club de l’USMA, où ils y ont d’ailleurs passé la nuit.
Ce n’était pas la première fois que de tels incidents se sont produits parce qu’un autre déplacement à l’Est aurait coûté la vie à toute la délégation lorsque celle-ci est tombée dans un faux-barrage. Un groupe de terroristes leur a confisqué le bus à Tizi Ouzou. Après l’incident qui aurait pu leur coûter la vie, des dirigeants de la JSK, avec à leur tête feu Mohand Cherif Hannachi, ont pris en charge les chélifiens.
« Pour faire une comparaison entre le passé et le présent en matière de prise en charge, on peut dire qu’il n’y a pas photo. Autrefois, les techniciens travaillaient à titre bénévole, ils n’avaient ni détachement, ni salaire, ni aucun autre privilège. De nos jours, on se bouscule pour se faire un poste au sein d’un club sportif, tout le monde est salarié », regrette M. Bourahla.
Et de remettre sur le tapis la fameuse affaire des survêtements. « On avait acquis, dit-il, 480 survêtements uniquement pour l’équipe séniore, ce qui a suscité un mécontentement chez nous les entraîneurs et les joueurs des jeunes catégories. Pourtant, on faisait les beaux jours de l’ASO en matière de résultats ».
Mais la vengeance est un plat qui se mange froid. « Un jour, pour manifester notre colère, nous avons jeté l’éponge à la veille du match face au NAHD. Pour éviter la suspension qui suit le forfait, les dirigeants ont tout fait pour nous convaincre de revenir sur la décision, mais en vain. Joueurs, dirigeants ont tous campé sur le retrait. Les responsables ont fait recours à l’équipe de Bocca Sahnoune pour mettre ses joueurs à la disposition de l’ASO pour éviter la sanction. En apprenant la raison, les dirigeants de Bocca ont refusé de libérer leurs joueurs en guise de solidarité avec nous. C’étaient les jeunes d’Oum Drou qui représenté l’ASO dans ce match. Pour les survêtements, des responsables qui n’ont rien à voir avec le sport en avaient bénéficiés », affirme l’ex- technicien.
Abdelkader Ham