L'Algérie de plus près

Conducteurs de motocycles et scooters à Chlef : à quand le respect du code de la route ?

Que pensent les citoyens de la manière de conduire des propriétaires des deux roues ? Pourquoi ces derniers ne font guère cas des dispositions du code de la route ? Que faire pour les ramener à la raison si tant est qu’ils soient prêts à suivre les conseils des préventeurs ?

Pour nombre de personnes que nous avons interrogées sur cette question, la réponse est on ne peut plus tranchée : la majorité des conducteurs de scooters et motocycles ne respectent pas le code de la route ! Pire, des citoyens estiment qu’au vu de l’ampleur que prend le phénomène, « les conducteurs ne se sentent pas concernés ». Effectivement, tout un chacun peut constater que la majorité conduit sans casque de protection. Nombreux sont ceux qui, également, se permettent de rouler en sens interdit, de se faufiler dangereusement entre les véhicules, de griller feu rouge et stop et de refuser la priorité aux autres usagers de la route. Plus grave, certains vont jusqu’à rouler sur les trottoirs.

Pourquoi donc ne respectent-ils pas les règles élémentaires de sécurité ? Pourquoi les ignorent-elles ? « Je crois que la plupart des conducteurs semblent ignorer qu’ils sont eux aussi tenus par l’obligation du respect du code de la route et, à cet effet, ils agissent selon leurs humeurs et degré d’éducation parce qu’ils ne sont pas inquiétés par l’application des règles de conduite », commente R. E. qui dit vivre le calvaire dans sa ville, en l’occurrence El Attaf.

À Chlef, au quartier de Chorfa, on nous apprend que les familles sont réveillées en pleine nuit par le bruit des deux roues à cause des courses folles auxquelles s’adonnent chaque soir des « scootéristes » en mal de sensations. « Ils sillonnent boulevards et ruelles sans autre but que celui de nuire au voisinage », précise H. B.

Toutes les infractions commises par les propriétaires des deux roues interpellent les autorités en charge du respect de la loi. Des citoyens nous disent leur déception d’être carrément « abandonnés » à leur triste par les autorités vu qu’aucune décision salutaire n’est prise pour assurer tranquillité. « Je travaille toute la journée et, au moment de jouir d’un repos mérité chez moi, des énergumènes s’arrangent pour perturber la quiétude notre quartier », commente A. C.

Le non-port du casque est un défi ouvert à l’autorité. C’est aussi l’expression d’une attitude suicidaire que rien ne peut expliquer sauf, peut-être, l’ignorance crasse des parvenus. « Ne peut-on pas les contraindre à porter sous la contrainte, par exemple, en infligeant de fortes amendes aux contrevenants, voire la mise en fourrière de leur motocycle ou scooter ? » s’interroge M. S., un citoyen qui vit à Hay Bensouna. Pourtant, assure-t-il, « il suffit que les autorités compétentes décident d’appliquer la loi, avec toute sa rigueur, comme elles ont fait avec le port de la ceinture de sécurité chez les automobilistes, ces motards seront donc obligés de s’y soumettre ».

Pour nombre de Chélifiens, c’est le laxisme qui engendre ce genre de comportements. « Si ces mêmes jeunes motards utilisent les routes des pays européens, par exemple, ils appliqueront les lois sans rechigner car ils savent qu’elles appliquée sans considération autre que celle de bien l’appliquer », souligne H. D. de Bocca Sahnoune. 

Rouler en sens interdit est aussi une grave infraction que commettent allègrement les conducteurs des deux roues à Chlef. Que faire pour que pareilles pratiques ne se répètent plus, sachant que la vie des piétons est mise en danger ?

« La réponse est toute simple : la nature craint le vide », assure R. E., le citoyen d’El Attaf cité plus haut. Et de poursuivre : « Comprenez que là où on laisse faire la nature humaine, sans garde-fou ni restriction, il y a systématiquement débordement sur les lois. À mon avis, il ne s’agit pas, ici, d’éducation ou de civisme plus qu’il ne s’agit d’application stricte de la loi. Il n’y a qu’à voir comment la loi est appliquée dans d’autres pays dans toute sa rigueur pour en être persuadé de son utilité ».

Quel sentiment ressentent les citoyens en observant des phénomènes pareils ? Pour M. H., ex-député de Chlef, « toutes ces infractions me font penser que les lois chez nous ne sont pas bien (sinon pas du tout) appliquées. Certes, la vie en communauté est un contrat social, mais la contrepartie du contrat c’est d’appliquer les lois ».

Avocat à Chlef, Me M. B. B. a estimé pour sa part que, vu le nombre des motocyclistes dans nos villes et villages, les services de sécurité semblent quelque peu dépassés. Et de poser la question : « Ne faut-il pas penser à instituer (ou à reprendre comme il fut un temps) la police communale (municipale) qui, avec sa proximité avec les citoyens, peut réguler ces défaillances sociétales et, d’ailleurs, pas que le comportement des motocyclistes ? »

La question reste posée.

L. C.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *