Les chauffeurs de bus assurant la liaison Ouled Fayet – Alger sont très exigeants. Ils refusent la mixité et imposent que les femmes montent par la portière avant et les hommes par l’arrière, de quoi réjouir les nostalgiques des sombres années des « baladia islamia ». Tout le monde s’y conforme, de gré ou de force, quand bien même cette pratique est contraire à la réglementation en vigueur.
Pour montrer qu’ils détiennent un pouvoir sur leurs passagers, ces chauffeurs prennent leurs aises et ne se pointent à la station du 2 mai, à Alger, que lorsque l’arrêt qui leur est réservé est bondé de monde. Pire, ils ne démarrent que lorsque le véhicule est plein à craquer. Et puis, qu’importe le nombre de personnes debout. Si la réglementation en autorise une dizaine, eux s’arrangent pour prendre jusqu’à 25 clients qui voyageront serrés comme des sardines en boîte. Les gens ont beau protester contre le « bourrage » du bus mais ni le chauffeur ni le receveur n’en ont cure. D’ailleurs, ils ne prêtent même pas attention aux réclamations qui leurs sont adressées et menacent de passer aux actes avec les récalcitrants s’ils ne se taisent pas. En d’autres termes, c’est à prendre ou à laisser car « si vous n’êtes pas content, vous n’avez qu’à prendre un taxi ».
Ainsi, à défaut d’assurer des liaisons régulières, de respecter les règles élémentaires d’hygiène et d’assurer la sécurité des passagers à bord de leur bus, les exploitants de cette ligne de transport font diversion en encourageant des pratiques interdites par la loi. Comme le fait de ne pas délivrer de ticket au passager, d’imposer les tarifs qui les arrangent et de s’éterniser dans certains arrêts lorsqu’ils estiment que le bus n’est pas assez rempli.
Cela se passe à Alger, la capitale, où les autorités peinent à organiser les transports publics. Les solutions existent pourtant qui permettraient aux citoyens une meilleure mobilité et, surtout, de voyager dans les conditions du 21ème siècle.
Y. A.