La première édition du salon du livre « Mustapha Aouchiche » de Takrietz, dans la wilaya de Bejaia, a débuté ce mercredi et se poursuivra jusqu’au 6 du mois courant. Organisée par l’association culturelle « Jeunes de Takriezt » la manifestation qui se tient au sein de l’école primaire chahid « Mohamed Ziane Khodja » accueille une vingtaine de maisons d’édition et près de 80 auteurs. Aissa Ainaz, le président de l’association, a indiqué que l’objectif de ce salon est de participer à l’émergence culturelle de la région à travers la promotion de la lecture et des activités liées au livre et à l’édition. Entre autres, les rencontres-débats avec les auteurs, éditeurs et hommes de culture. M. Ainaz fait remarquer que nombre de librairies au niveau de la wilaya a dû baisser rideau au moment où les bibliothèques publiques sont désertées par le jeune public. Ce qu’il appelle la « bibliophobie » exige, selon ses dires, d’être combattue au quotidien. « Le meilleur moyen de concilier les jeunes avec la lecture serait de multiplier les rencontres culturelles impliquant les écrivains, les éditeurs, les libraires et les citoyens », a-t-il poursuivi.
Rencontrée sur les lieux, Mme F. Ousmer, auteure d’un ouvrage intitulé « Derrière les larmes de ma grand-mère », paru aux éditions Koukou, « le salon de Takriezt exprime on ne peut mieux la volonté des jeunes à faire reculer l’ignorance ». L’auteure qui a passé le printemps et l’été à courir les salons du livre de Kabylie espère que d’autres événements similaires naissent et se développent dans les différentes régions du pays, ce qui aura pour conséquence de contribuer à la promotion de la lecture et l’émergence des jeunes talents dans le domaine de la littérature et des arts.
Elle considère par ailleurs qu’être présente à ce type de manifestation est un acte citoyen, ajoutant que l’initiative des jeunes de Takrietz est à féliciter et encourager.
Daho Djerbal *, invité d’honneur du salon, nous a déclaré que sa présence à Takrietz est à interpréter comme un acte de solidarité envers les jeunes de cette petite ville qui ont réussi le pari d’organiser un salon du livre avec très peu de moyens en faisant montre de beaucoup de volonté. « A chaque fois qu’on m’invite à ce genre de manifestation, je réponds présent et j’essaie du mieux que je peux de transmettre mon savoir et les résultats de mes recherches aux citoyens du pays profond », a souligné l’historien. Propos qu’il a répétés lors de la conférence qu’il a animée dans l’après-midi et au cours de laquelle il s’est largement étalé sur les derniers ouvrages qu’il a réalisés, principalement les mémoires de Lakhdar Bentobal et les derniers numéros de la revue Naqd. M. Djerbal a par ailleurs évoqué l’oeuvre de Mohamed Arkoun, le grand penseur algérien, dont les études ont participé pleinement à la rénovation de la pensée islamique.
Le salon a accueilli d’autres conférenciers aujourd’hui, samedi, qui ont aborder différents thèmes liés à la culture, le patrimoine, l’histoire et les changements socioéconomiques et politiques que vit présentement le pays..
Lazhari Labter, écrivain et journaliste à longuement parlé de l’histoire de Laghouat et de la résistance acharnée de sa population qui a défendu héroïquement la ville, payant un lourd tribut en vies humaines. Plus de 3000 morts ont été dénombrés, la ville a été saccagée, tous les biens ont été confisqués et les survivants soumis aux pires humiliations.
Les séances débat avec le public se sont terminées avec l’intervention des professeurs Abderrezak Dourari et Saïd Djabelkheir qui ont abordé l’œuvre de Mohamed Arkoun devant un public nombreux et très attentif aux propos et analyses des deux intervenants.
D’autres sont prévues pour les journées de dimanche et lundi.
Le Chélif
- (Voir intervention de M. Daho Djerbal au micro de Nassira Saïb sur : https://youtu.be/hReO5zkaJ1M)