Le camp de Za’atari en Jordanie, où vivent temporairement 80.000 réfugiés syriens, a célébré cette semaine son 10e anniversaire. Deux tiers des familles de réfugiés du camp de Za’atari sont endettées alors que d’autres ne voient pas de solutions à moyen terme.
Si le camp de Za’atari en Jordanie a sauvé des milliers de vies et créé des opportunités économiques pour les Jordaniens et les Syriens, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a souligné la nécessité de trouver des solutions durables pour les réfugiés syriens. Les conditions humanitaires s’y détériorent à un rythme « inquiétant » alors qu’aucune solution immédiate au conflit syrien n’est en vue, a signalé le HCR.
« Tous les acteurs doivent travailler ensemble pour trouver des solutions à long terme pour tous les réfugiés syriens en Jordanie et au-delà, et pour soutenir leur résilience jusqu’à ce que de telles solutions soient trouvées », a déclaré depuis la Jordanie, la Représentante du HCR dans ce pays, Dominik Bartsch, lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève.
La Jordanie accueille aujourd’hui quelque 675.000 réfugiés syriens enregistrés, qui ont commencé à fuir en 2011 lorsque la crise dans leur pays a infligé des souffrances inimaginables à ses citoyens.
Les chocs économiques – depuis la pandémie de Covid-19 et maintenant la crise du coût de la vie – mettent à mal la résilience des résidents du camp.
Deux tiers des familles de réfugiés du camp de Za’atari se disent endettées et plus de 90 % ont déclaré avoir recours à des stratégies d’adaptation négatives telles que la réduction de la consommation alimentaire ou l’acceptation d’emplois à haut risque. « Ces chiffres ont augmenté à un rythme inquiétant », a détaillé Mme Bartsch.
Une communauté laborieuse
L’effet cumulé de ces chocs menace de saper les réalisations de la dernière décennie. À l’occasion du dixième anniversaire du camp de Za’atari en Jordanie, le HCR appelle à un engagement renouvelé de tous les acteurs – agences de développement, autorités jordaniennes et humanitaires.
L’esprit d’entreprise des réfugiés
Pourtant Za’atari a été le témoin de l’esprit d’entreprise des réfugiés dès le premier jour. Déterminés à se remettre sur pied, les réfugiés ont créé près de 1.800 boutiques et entreprises dans le camp.
Ces entreprises emploient environ 3.600 réfugiés. Mais elles ne fonctionnent pas en vase clos. Les entrepreneurs réfugiés collaborent régulièrement avec des entreprises et des clients de la ville voisine de Mafraq et contribuent à l’économie jordanienne et à la société d’accueil.
La plupart des réfugiés syriens en Jordanie vivent dans ses villes et villages, parmi les communautés locales. Seuls 17 % vivent dans les deux principaux camps de réfugiés, Za’atari et Azraq. Près de 1.200 employés de 32 organisations internationales et jordaniennes différentes travaillent dans le camp.
Plus de 20.000 naissances depuis l’ouverture du camp
Et après 10 ans, toute une génération d’enfants a grandi sans rien voir au-delà du périmètre du camp. Le camp est devenu leur monde. Plus de 20.000 naissances ont été enregistrées depuis l’ouverture du camp de Za’atari.
Le camp abrite aujourd’hui 32 écoles, 58 centres communautaires et huit établissements de santé qui fonctionnent aux côtés de la défense civile et de la police communautaire.
Outre la cogestion du camp avec les autorités, le HCR et ses partenaires fournissent une protection, des soins de santé et une aide financière aux femmes, aux hommes et aux enfants du camp.
Des besoins de réparations urgentes
Malgré les efforts des agences humanitaires onusiennes et des autorités jordaniennes, le HCR s’inquiète toutefois de la durabilité du camp, qui a commencé comme une installation temporaire.
Les caravanes, qui ont remplacé les tentes en 2013, ont une durée de vie normale de six à huit ans. Selon l’Agence onusienne, cela signifie que la plupart d’entre elles ont maintenant besoin de réparations urgentes.
Dans ces conditions, plus de 7.000 réfugiés ont demandé un soutien pour l’entretien rien qu’en 2021. Car les toits et les fenêtres se sont fissurés et les murs se sont déformés, laissant certains résidents exposés aux éléments.
Selon un récent cadre d’évaluation de la vulnérabilité 2022 du HCR, 70 % des murs de Za’atari sont considérés comme inférieurs aux normes. L’électricité est un autre sujet de préoccupation, selon le HCR.
L. C.