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Mission des Nations Unies au Mali : cafouillage et tensions

Entre le Mali et la Côte-d’Ivoire, les relations ne sont pas au beau fixe. Depuis l’arrestation de 49 militaires Ivoiriens, le 10 juillet dernier, à l’aéroport international Président Modibo Keita, la tension est montée d’un cran entre les deux pays. Suite à cette affaire, le gouvernement malien avait décidé de suspendre le 14 juillet dernier toutes les rotations de contingent militaire et policier de la MINUSMA, y compris celles déjà programmées ou en cours.

Le Gouvernement de la Transition du Mali a qualifié de mercenaires ces militaires ivoiriens tels que définis par la Convention de l’OUA sur l’élimination du mercenariat en Afrique.

Le Colonel Abdoulaye Maiga porte-parole du gouvernement a indiqué, qu’après interrogatoires « la profession réelle des militaires dont une trentaine des forces spéciales, était pour la plupart dissimulée. Sur la majorité des passeports les professions inscrites étaient les suivantes : étudiants, chauffeurs, maçons, mécaniciens, vendeuses, électriciens, vigiles, peintres, etc.».

Maiga a en outre, déclaré que les quarante-neuf (49) militaires ivoiriens interpellés seront mis à la disposition des autorités judiciaires compétentes.

Le Gouvernement malien a, par ailleurs, décidé, jeudi, de suspendre toutes les rotations de contingents militaires et policiers de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), y compris celles déjà programmées ou annoncées, et ce, pour des raisons de sécurité nationale.

Mercredi 13 juillet, l’état-major des armées de Côte d’Ivoire a apporté, des précisions sur la présence de ses 49 militaires interpellés à l’aéroport de Bamako. Il a, notamment, indiqué, que « le contingent arrêté est bel et bien en mission officielle au Mali dans le cadre des opérations de la mission de maintien de la paix des Nations unies, (la Minusma) ». Réunies mardi 12 juillet en conseil national de sécurité, sous la présidence du Chef de l’Etat, Alassane Ouattara, les autorités ivoiriennes ont appelé, celles du Mali à « libérer, sans délai » les 49 militaires ivoiriens « injustement arrêtés », dimanche à Bamako. Le communiqué souligne que « ces militaires sont régulièrement inscrits dans l’effectif de l’Armée ivoirienne et se trouvaient au Mali, dans le cadre des opérations des Éléments Nationaux de Soutien (NSE)».

La MINUSMA à l’origine de la pagaille

Selon la presse malienne, l’affaire des 49 militaires ivoiriens arrêtés à l’aéroport international Président Modibo Keita semble relever d’un désordre de mouvement des militaires étrangers, créé par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA).

 « La pagaille à laquelle nous assistons depuis le 10 juillet dernier entre le Mali et la Côte d’Ivoire, deux pays frère et voisin, à travers l’arrestation des 49 militaires ivoiriens, qui semblent fouler le sol malien dans l’irrespect des procédures en la matière, est un cafouillage dont la MINUSMA serait bel et bien à l’origine », écrit le journal en ligne Malijet. Et de s’interroger : « Sinon, comment comprendre que ces militaires qui ont quitté leur pays d’origine pour le compte de la MINUSMA détenant chacun des badges de la MINUSMA, alors que cette dernière indique qu’il n’y avait pas de rotation prévue, ou encore, ce ne sont pas des éléments de la MINUSMA ? ».

Face à cette situation tendue entre deux voisins, ayant comme nœud la MINUSMA, le ministère des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, dans un communiqué daté du 14 juillet, a invité la MINUSMA à mettre fin au désordre et créer un cadre de gestion efficiente de la rotation des effectifs des contingents militaires et policiers déployés au Mali au compte de la Force onusienne.

« Le Ministère informe la MINUSMA que dans le cadre d’une gestion efficiente de la rotation des effectifs des contingents militaires et policiers déployés au Mali au compte de la Force onusienne, la partie malienne prévoit l’organisation d’une réunion de coordination entre les structures maliennes concernées et la MINUSMA. Le Ministère précise que cette rencontre vise essentiellement à dégager un plan optimal permettant de faciliter la coordination et la réglementation de la rotation des contingents opérant au sein de la MINUSMA », lit-on dans le communiqué.

Et d’ajouter : « Ainsi, le Ministère informe la MINUSMA qu’avant la tenue de ladite rencontre ainsi que pour des raisons liées au contexte de sécurité nationale, le Gouvernement du Mali décide de suspendre, à compter de ce jour, toutes les rotations de contingent militaire et policier de la MINUSMA, y compris celles déjà programmées ou annoncées ».

Les précisions de l’ONU

L’Organisation des Nations Unies (ONU) a confirmé de son côté que « les 49 militaires ivoiriens arrêtés dimanche (10 juillet, ndlr) à Bamako ne sont pas des éléments nationaux de soutien aux contingents de la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA) ».

Farhan Haq, le porte-parole de l’ONU, a donné les précisions suivantes : « Les troupes ivoiriennes n’appartiennent pas aux forces de la Minusma. Une requête de la Côte d’Ivoire, pour déployer des éléments nationaux de soutien, a été approuvée en 2019. Cependant, aucune troupe n’a été déployée sous cette convention depuis ce moment-là ». Farhan Haq a confirmé que « ces hommes n’ont pas le statut d’éléments nationaux de soutien, comme l’a stipulé le Conseil national de sécurité ivoirien mardi ».

Le fonctionnaire de l’ONU a toutefois appelé les deux pays à « travailler ensemble pour résoudre la situation et permettre la libération des troupes détenues ».

L. C.