« L’envie d’uriner ne vient au sloughi (lévrier) qu’au moment de chasser », dit-on dans un proverbe arabe ironique qui provient de notre riche terroir. Une expression burlesque qui fait allusion aux simulateurs et ceux qui s’esquivent pour échapper aux corvées et autres besognes fatigantes. Et devant ce fait accompli, on interpelle les personnes visées par l’expression suivante : « Hadhak daymen djih el boul fe wakt syada ! » (Celui-là, l’envie d’uriner lui vient toujours au moment de chasser) pour signifier qu’on a compris son manège et qu’il n’essayer pas de la jouer en se faufilant pour se dérober malicieusement de ses obligations. Les tire-au-flanc, les bon-à-rien, les fainéants sont les meilleurs frimeurs et représentants du « sloughi » dans leur comportement déguisé.
Lorsque nous sommes dans l’embarras, lorsque l’on a besoin de quelqu’un pour nous aider et nous donner un coup de main et au moment d’être confrontés à beaucoup de travail qui nécessite la contribution de tous, on nous dit toujours qu’untel, le « sloughi », est occupé à se soulager dehors. C’est vrai que le sloughi ou n’importe quel autre canidé, dès qu’il est lâché dans la nature, la première des choses, c’est de marquer son passage par des urines en différents endroits. Il ne faut pas trop compter sur les amis et les promesses faites hier par le « sloughi » pour espérer un renvoi d’ascenseur le moment voulu. Le « sloughi » a une manie ancrée dans la tête et il sait quand il faut aller là où il le faut, pour faire ses besoins naturels. Dans la réalité, le lévrier arabe quand il est en chasse avec son maitre se désintéresse totalement du gibier abattu, il ne court pas derrière pour le ramener au chasseur. Il est plutôt captivé par les bosquets et les troncs d’arbres où il peut lever sa patte arrière pour faire ses besoins et laisser sa trace. Le sloughi a une prédilection pour la chasse du lièvre et, d’ailleurs, c’est pour cela qu’il est appelé lévrier. En vérité, dans une partie de chasse, le sloughi est un chasseur émérite qui ne laisse aucune chance au gibier tellement qu’il est rapide et endurant quand il lui court derrière.
Quant à l’autre « sloughi » à deux pattes, il ne changera jamais de comportement et délaissera toujours sa première mission pour simuler une envie pressante d’aller au petit coin. Le sloughi est un individualiste, et quand il est en chasse, sa devise est « chacun pour soi et dieu pour tous ».
Quand le sloughi fait son pipi dans le maquis, il oublie vite qu’il est en chasse et que tout d’abord il doit attraper du gibier…
Hamid Dahmani