Le Tsighaout est un cours d’eau qui traverse la ville de Chlef du sud vers le nord pour se jeter ensuite dans Le Chélif dont il fut, autrefois, l’un des principaux affluents. Le changement climatique aidant, la rivière s’est transformée en un véritable dépotoir d’ordures et de rejets de toutes sortes.
Les autorités locales n’ont jamais réussi à régler le problème environnemental – et de santé publique – que représente ce cours d’eau qui lézarde la cité comme une méchante balafre. Un wali, de concert avec quelques notables locaux, s’est proposé de régler le problème posé par la pestilence insupportable des rejets liquides en tentant de canaliser les eaux putrides à travers un long canal, le fameux ovoïde, dont le coût exagéré a provoqué un scandale en son temps. Une fois achevé, l’on s’est vite rendu compte que l’énorme ouvrage en béton n’a finalement pas servi à grand-chose, sauf à enrichir les entreprises à qui fut confié le marché.
Aujourd’hui, c’est un travail de titan qui est mené par les services communaux pour débarrasser l’oued des ordures ménagères et des déchets liquides et solides provenant des riverains et de son voisinage immédiat.
Pire, depuis quelque temps, on assiste à un autre phénomène plus dangereux : des riverains se sont empressés de réaliser des extensions sur le lit de l’oued pour agrandir leurs possessions foncières très contestées par ailleurs. Sur ces extensions, on n’a pas manqué de construire des hangars et même des habitations, visibles depuis la RN 4, à partir des deux ponts du Tsighaout.
Nous ne savons pas si ces constructions ont été autorisées, ce qui, à notre sens, est impossible au regard de ce qu’énonce la loi. Les berges des oueds sont censées être « non ædificandi », c’est-à-dire non constructible. Ce sont des zones qui ne peuvent logiquement recevoir aucun édifice et ce, en raison des contraintes techniques et des dangers que peuvent encourir les personnes (crues, érosion, instabilité des sols…)
A Chlef, région sismique par excellence, on ferme les yeux et tout un chacun fait semblant de ne rien voir.
A quand une reprise en main des affaires de la cité ?
Ali Laïb