Par Professeur Mohammed GUÉTARNI*
« Nous sommes bien plus puissants lorsque nous nous tournons les uns VERS les autres et non les uns CONTRE les autres lorsque nous célébrons notre diversité. Et… ensemble, abattons les murs imposants de l’Injustice »
(Cynthia McKinney, militante et responsable politique américaine)
La Déclaration des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948, qui porte sur 154 pays en 2021, manque d’impartialité quant à l’équité entre les peuples. Elles faillissent sur les Droits de l’Homme et du Citoyen dans le monde. Depuis le 24 février 2022, la guerre en Ukraine (un pays de 603 548 km² et une population de 44,13 millions) a envahi tous les médias, particulièrement les écrans de télévisions du monde entier comme s’il s’agissait de l’apocalypse d’une 3ème Guerre mondiale à échelle réduite. Une véritable levée de boucliers occidentaux générale contre la Russie alors que d’autres pays, d’autres peuples, d’autres sociétés souffrent, en silence, l’horreur criminelle de la domination et de la discrimination. Dans ces contrées, les guerres perdurent depuis plusieurs décennies, poussant les populations à l’exode massif jusqu’aux confins du désespoir à l’instar des Palestiniens contre Israël depuis 1948, les Sahraouis contre le Maroc depuis 1975, les Érythréens contre l’Éthiopie et tant d’autres conflits dans le monde. Ces guerres, pourtant tout aussi meurtrières avoisinant des génocides, se déroulent sous ‘’le nez et la barbe’’ du monde entier et… on omet volontairement d’en parler. Est-ce parce que les victimes ne sont-elles pas de première qualité, soit de la race blanche ? Parce que n’ont-ils pas les yeux bleus et/ou les cheveux blonds ? L’espèce humaine est-elle classée, hiérarchisée, sinon graduée selon une échelle de valeurs imposée comme vraie, bien, belle, bonne ? Échelle établie à partir de certains esprits tordus qu’ils soient personnels, sociaux, culturels ou… cultuels ? Sur quelle base humaine, cette échelle est-elle élaborée et érigée en idéal à étendre et défendre selon des critères abstraits qui n’existent que dans les esprits retors de ceux qui les ont conçus ? Les humains ne semblent pas descendre de la même Humanité parce que victimes de leur génétique causée par les différences de couleurs de la peau, des yeux, des cheveux. Une cote humaine, hélas, mal taillée. La race blanche a le vent en poupe pour être si protégée par les Association des Droits de l’Homme à travers les ondes de tous les médias du monde pendant que d’autres souffrent les angoisses de leurs conflits seuls et… en silence parce que loin des journalistes. L’armée israélienne tue tous les jours des Palestiniens, les atrophient. Des enfants mineurs sont arrêter et jetés en prison parfois sans aucune forme procès et ce, contre tous les droits des enfants. Pour ces peuples, c’est le « silence radio » parce qu’elles (guerres) sont sensibles et/ou parce que les victimes sont-elles des humains de deuxième catégorie et/ou de « seconde zone » et, donc, en marge de la société (inhumaine) blanche.
Quid des droits de l’Homme et du Citoyen ?
Qu’est-ce que les Droits de l’Homme et du Citoyen ? Ce sont des normes universelles établies qui reconnaissent à l’homme son entité humaine à part entière. Ils le protègent parce qu’ils le reconnaissent en tant que tel. Du coup, ils (Droits de l’Homme) reconnaissent la dignité de tous les êtres humains vivant en société. Les relations lient les citoyens aux gouvernements et les obligations des gouvernements envers leurs citoyens.
Les Droits de l’Homme sont, donc, considérés comme étant un idéal à atteindre en faveur de tous les groupes humains nations et populations. Le but essentiel à atteindre est que tous les individus de la société humaine doivent avoir cette Déclaration constamment présente à l’esprit : du président de la République à l’homme de la rue. Pour ce faire, cet « Esprit des Lois » ne peut fonctionner que s’il est renforcé par un enseignement et une éducation (qui sont les premiers besoins de l’Homme après le pain) dès la prime enfance. Il s’agit de développer le respect des droits et les libertés de penser et de s’exprimer (mais non d’invectiver) et d’en assurer, par des mesures progressives, d’ordre national et international, la reconnaissance et l’application universelle et effective de ces Droits qui sont imprescriptibles, voire inviolables.
Pour éviter les conflits, selon A. Comte, l’humanité doit adopter trois critères fondamentaux : l’Ordre comme base, le Progrès pour but à atteindre et… l’Amour pour principe car aimer a pour objectif le bonheur de l’Autre, du semblable, du prochain, abstraction faite du sexe, des couleurs de la peau, des yeux, des cheveux, de la culture, de la religion, des croyances… Tout cela relève d’un monde virtuel car les politiques de ce monde ont perdu toute notion de l’humanité pour des raisons hégémoniques qui se traduisent par une course effrénée aux armements de plus en plus sophistiquées et, donc, de plus en plus destructrices. La guerre, en Ukraine, n’est plus un signal fort mais… un réel un cri d’alarme à même d’alerter l’opinion internationale sur l’injustice dans ce bas-monde qui règne et ne cesse de prendre des proportions inquiétantes. Cette même injustice est vernie d’une démocratie de façade pour permettre aux Occidentaux de continuer à gouverner le monde par des moyens peu scrupuleux (la guerre en Irak, entre autres). Notre monde vit, aujourd’hui, une violence qui n’a d’égale que celle de l’époque du Moyen Âge qui risquerait de le basculer dans l’irrémédiable. Le soutien indéfectible des USA à Israël contre les pays arabes est un affront manifeste contre l’entité musulmane tout entière. Ces derniers, refusent de « se solidariser » entre eux à même de former un front unique pour « abattre les murs imposants de l’injustice », sinon constituer un pôle énergétique important pour politiser leurs ressources. Eh bien non. Les dirigeants arabes préfèrent maintenir et renforcer un front inique contre leurs propres peuples. Autrement dit, ils se tournent les uns CONTRE les autres au lieu et place de se tourner les uns VERS les autres à l’instar de l’Union Européenne. Tel est, hélas, leur choix : « Rester une proie facile face aux puissances mondiales qui ont toujours guigné notre gaz et notre pétrole. »
Nos gouvernants sont dotés politiquement d’une « injustice immanente » qui se traduit dans leurs systèmes dictatoriaux. C’est, somme toute, un retour manifeste à la loi de la jungle. Pourtant, ils savent bien que le monde n’appartient qu’aux forts. C’est la loi de la sélection démontrée par Darwin.
Torture et mauvais traitement
On pensait que l’Europe avait dépassé cette spirale moyenâgeuse de torture et mauvais traitements envers ses citoyens. Il n’en est rien. « Euromaïdan » est le nom donné aux manifestations pro-européennes en Ukraine. («Maïdan» signifie place en ukrainien. Autrement dit : Place de l’Europe). Elles avaient été déclenchées le 21 novembre 2013 suite à une décision du gouvernement ukrainien de ne pas signer l’accord d’association avec l’Union européenne au profit d’un accord, sous la pression de Moscou, avec la Russie. Ces manifestations ont été marquées par de fortes violences entre le 30 novembre et le 8 décembre 2013, qui n’ont fait qu’accroître les mouvements de protestation, avec près de 500 000 manifestants pour la seule ville de Kiev. Du 18 au 21 février 2014, des affrontements ont, à nouveau, éclaté faisant plus de quatre-vingts victimes parmi les manifestants.
Ce mouvement a débouché, le 22 février 2014, sur la révolution de février et la fuite puis la destitution du président pro-russe Viktor Ianoukovytch, remplacé par Oleksandr Tourtchynov et la mise en place d’un nouveau gouvernement dirigé par Arseni Iatseniouk. Ce mouvement s’inscrit dans un contexte plus large du conflit russo-ukrainien et provoque la guerre du Donbass. Des progrès timides ont été enregistrés au niveau de la justice ukrainienne en procédant à la mise à niveau les textes de loi pour être en conformité avec le droit pénal international. Dans le cadre des poursuites concernant les décès survenus lors des manifestations de l’Euromaïdan, en 2014, quelques policiers et plusieurs de leurs collabrateurs « titushki » avaient comparu devant la justice. Une légalité inique parce que sans LOIS. Nombre de victimes de ces violences inhumaines et dégradantes des services de l’ordre ukrainien perpétrés pendant ces événements attendent toujours que justice leur soit rendue. Sur 79 actes de torture et 1 918 cas d’abus de pouvoir, seuls 51 personnes ont été inculpées. Ceci n’est qu’une petite partie apparente de l’iceberg qui, dans bien des cas, ne sont que de simples lampistes pour faire taire les opinions aussi bien nationale ukrainienne qu’internationale à qui l’on fait injustement endosser les crimes pour protéger les nababs. Le monde politique est, ainsi, mal fait. Donc, cela ne se passe pas que chez nous.
Depuis 2014, année du début de l’occupation russe, aucune des disparitions forcées survenues, n’avait été élucidée par de véritables enquêtes. On ignore toujours le sort de ses victimes disparues (sont-elles morts ou encore en vie). De nombreuses atteintes au droit international humanitaire commises dans le passé par les deux camps en présence dans le conflit n’ont pas été éclaircies à ce jour en raison des enquêtes qui n’aboutissent jamais.
Rien n’a été fait pour que justice soit rendue aux disparus, aux victimes d’actes de torture et de détention illégale par les membres du SBU (Services de Sécurité ukrainien) dans l’est de l’Ukraine entre 2014 et 2016. Les autorités continuent à nier tout recours à des prisons secrètes. Les investigations en cours n’ont toujours pas permis d’identifier un seul auteur présumé. Le flou persiste, le doute aussi.
Violences fondées sur le genre
Violences et discrimination à l’égard des femmes restent très répandues en Ukraine. (Il n’y a, donc, pas que les Algériennes qui s’en plaignent). Les services de soutien aux victimes, ainsi que les mesures législatives et politiques censées combattre ce genre de violence sur l’autre genre, restent toujours insuffisants même si des progrès ont été réalisés ces dernières années. La procédure de ratification de la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes, voire au sein de la famille telle que la violence contre les enfants (Convention d’Istanbul) reste encore au point mort.
M. G.
*Docteur ès Lettres