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Maamar Elguerboussi, le premier Zlabdji d’Ouled Ben Abdelkader

Son absence se fait sentir de plus en plus, surtout au mois de Ramadan. Les gens d’Ouled Ben Abdelkader se rappellent de lui lorsqu’ils passaient dans la ruelle où il avait l’habitude de dresser sa table devant son local de fabrication de « zlabia ». Cela fait trois ans que ce décor a définitivement disparu. Sa silhouette, sa voix, son sens de l’humour et sa façon de s’habiller resteront gravés dans les esprits. Maamar Kefkaf, dit Maamar El Guerboussi comme les habitants du village s’arrangent de l’appeler, n’est plus de ce monde depuis le 22 mars 2019.

Maamar El Guerboussi tire ce sobriquet du nom de sa tribu d’origine, Guerboussa, dans la commune de Sendjas, l’ancienne Bougainville coloniale. Il a atterri à Masséna alors qu’il était âgé d’à peine dix ans. C’est son oncle maternel qui l’avait adopté, il lui a appris à ferrer les équidés : chevaux, ânes, mulets etc. Étant ambitieux, le maréchal-ferrant a vite fait d’embrasser d’autres activités d’un meilleur apport. Il a travaillé dans le domaine de l’horticulture maraîchère des années durant avant d’opter pour le métier de la restauration. C’est là où il a excellé dans le métier de cuisinier et par la suite dans la fabrication de la zlabia pendant le mois de Ramadan.

Le défunt était aussi appelé Maamar « Essamar » de par son métier de maréchal-ferrant, une appellation qui lui a collée jusqu’à ce qu’il ait tiré sa révérence en mars 2019. Il servait tout le monde, les nécessiteux en particulier. Dans son restaurant, les sans- abri mangeaient à leur faim, il offrait des repas chauds aux personnes nécessiteuses. Au mois de Ramadan, son local ne suffisait pas de contenir tout ce monde impressionnant ; les gens lui venaient de partout pour s’approvisionner de sa succulente zlabia.

En plus de son savoir-faire dans la fabrication de zlabia, il était aimé pour son sens de l’humour. Tout en honorant les commandes de ses clients, il prenait un malin plaisir à taquiner quelques-uns pour les faire sortir de leurs gonds, sachant qu’ils sont très irritables quand ils sont à jeun. En vérité, personne ne réagit au taquin car ils connaissent parfaitement sa bonté et ses qualités humaines.

Trois années se sont déjà écoulées depuis que nous a quittés à jamais El Guerboussi, laissant un vide immense au milieu des villageois. Son fils Rabia s’occupe toujours du local, il garde la même activité dans la même ruelle. Hélas ! Malgré la bonté du cœur qu’il a héritée de son père, il ne semble pas être en mesure de créer cette ambiance à laquelle s’est habituée la clientèle au temps de son paternel.

Abdelkader Ham