Au moment où des écervelés et des hurluberlus remplissent les espaces de leur bruit, les sages et les hommes de valeur rasent les murs ou quittent ce bas-monde sur la pointe des pieds. Ahmed Oricha appartient à la deuxième catégorie qui travaille en silence mais avec abnégation et dévouement. Le défunt vient de quitter ce bas-monde le 8 mars dernier après avoir passé plus de 40 ans dans le secteur de l’éducation dans plusieurs établissements scolaire de la wilaya de Djelfa et dans différents grades. Il fut tour à tour instituteur, enseignant, surveillant général et directeur.
Né en 1949 à Messaad, dans la wilaya de Djelfa, Ahmed Oricha débuta ses études primaires dans sa ville natale, avant de rejoindre le chef-lieu actuel de la wilaya de Djelfa qui relevait à cette époque de la wilaya du Titteri afin de poursuivre ses études de deuxième cycle. En 1966, il s’inscrit à l’école nationale des instituteurs de Médéa. Parce qu’il fut major de sa promotion, il est nommé directeur de l’école primaire de garçons à Hassi Bahbah à l’âge de… 18 ans.
Sa forte personnalité et son insoumission lui ont valu quelques années plus tard d’être chassé de son poste par un maire influent. Il a donc été muté dans une école primaire à Charef comme instituteur de français. A cette époque, le nombre d’enseignants n’étaient pas suffisant pour couvrir les besoins exprimés en matière de scolarisation des enfants. Ce manque d’enseignants touchait un certain nombre de matières comme la langue anglaise. Ahmed Oricha dont la passion pour les langues était très forte, fut détaché en 1979 par l’académie de Médéa pour poursuivre une formation d’enseignant d’anglais à l’école normale de Bouzaréah. Là aussi, il n’a pas démérité puisqu’il a été major de sa promotion. Cette formation lui permit d’occuper plusieurs postes dans différents collèges de Hassi Bahbah ; il a d’abord été désigné enseignant d’anglais au CEM El Guendouz. Ensuite, en 1983, il est promu surveillant général au CEM El Guizi. Trois ans plus tard, il fut enfin nommé directeur du CEM Ibn Rochd, lequel CEM se classait soit premier soit deuxième au BEM au niveau de la wilaya de Djelfa pendant 12 années consécutives grâce à son sérieux et sa fermeté.
Ahmed Oricha a pris sa retraite en 2010 après une carrière riche et pleine de succès. Farid, son fils ainé et néanmoins son ami intime, enseignant à la faculté des langues étrangère de l’université de Médéa, parle de lui avec émotion. Il témoigne que son défunt père aimait tellement son métier d’enseignant et d’éducateur qu’il n’a pas cessé d’apprendre le français et l’anglais aux enfants de son quartier même après sa retraite. Notre interlocuteur ajoute que le défunt avait une méthode « miraculeuse » pour apprendre aux enfants car il est innovant dans ses pratiques enseignantes. Ses élèves assimilaient facilement ses cours. Selon toujours le fils du défunt, ce dernier ne connaissait pas la paresse ou la grasse matinée même durant sa retraite bien méritée car il se levait très tôt et se chargeait de tout ce qui concerne la famille ; il s’occupait de tout et de rien durant la journée avant de se consacrer à ses bouquins le soir car il n’arrêtait pas de lire jusqu’au tard dans la nuit. Il lisait toutes sortes de livres, de la littérature à l’histoire en passant par la grammaire et la linguistique et dans les trois langues.
Adieu Ahmed, tes élèves se souviendront toujours de toi.
Hassane Boukhalfa