Par Pr Mohammed Guétarni *
Enseigner est moins un métier qu’une vocation. Bien plus, une mission à accomplir avec vision et abnégation.
Le professeur d’université a reçu une formation pointue. Avec son ancienneté, son expérience et sa production, il devient une référence en matière de Savoir, voire une véritable encyclopédie scientifique. Cette formation, hautement spécialisée, n’est pas seulement nécessaire et indispensable. Elle est vitale pour l’université, c’est-à-dire pour la nation, voire l’humanité tout entière en sa qualité d’homme de savoir, un chercheur, un inventeur, un créateur.
L’université reste le haut lieu de l’acquisition des Sciences. Elle est une grande valeur ajoutée qui contribue, de manière efficiente, à la prospérité sociale et économique du pays. Or, elle ne peut remplir sa tâche sans une bonne et solide courroie de transmission : la pédagogie.
Méthode des discours
Un enseignant, qui vient de soutenir sa thèse (doctorat, post-doctorat), traite son sujet en profondeur avec perspicacité. En entamant sa carrière professionnelle de formateur sans expérience ni formation pédagogique, il risquerait de faire chou blanc sur le plan communicationnel : comment transférer son savoir aux étudiants ? Le problème se poserait, d’autant plus, avec acuité lorsqu’il enseigne un module autre que celui de sa thèse juste pour compléter son volume horaire. Ce qui est, en soi, une aberration pédagogique. Ce n’est point la formation du formateur qui est mise en cause mais, plutôt, les méthodes communicationnelles utilisées selon un modèle d’apprentissage dénué de supports pédagogiques modernes. « Personne ne commence par bien enseigner. Enseigner à l’université, ça s’apprend », selon Herbert Kohl, mais… sans expliquer si c’est sur le tas ou selon des règles pédagogiques scientifiquement avérées. Outre sa rhétorique, le professeur du supérieur est tenu de développer, en permanence, son art d’enseigner car la pédagogie n’est pas une science exacte. Ses méthodes (pédagogiques) ne s’adoptent pas. Elles s’adaptent selon le public visé et les besoins ressentis dans le temps et aussi dans l’espace parce qu’elles sont tributaires aussi bien de facteurs endogènes tels que les générations, les pays (modernes, développés, moins développés, sous-développés, traditionnels…) qu’exogènes (tradition de l’enseignement, culture sociale…). L’université algérienne est confrontée, ces dernières années, à deux problèmes majeurs :
En premier, un problème d’ordre théorique qui réside dans le choix du personnel en charge de la bonne gouvernance. Les personnes aux postes de décisions doivent être impérativement de rang magistral. « Compétences passent accointances ». Ce qui contribuerait à l’instauration d’une véritable démocratie universitaire. Celle-ci assure la fluidité et l’efficacité de la circulation des informations. Les responsables de l’université, tous niveaux confondus (du recteur au chef de département), doivent être accessibles au personnel pédagogique. Pour qu’une gouvernance soit harmonieuse, les prises de décisions doivent être plutôt collégiales qu’individuelles même si les débats risqueraient d’être, parfois, houleux mais non byzantins. Ils impacteraient positivement la gestion de l’université. Le responsable ne doit en aucun cas s’ériger, à lui seul, en structure administrative de l’ensemble l’établissement, de la Faculté ou du Département prenant ses fantasmes pour des directives efficientes.
En second, d’autres problèmes, d’ordre pragmatique, pourraient ankyloser le bon fonctionnement de l’université tels que le sureffectif des étudiants, disettes de professeurs-chercheurs, d’enseignants compétents. Pour Elbe : « Enseigner et apprendre sont deux activités interchangeables, on ne peut enseigner sans apprendre et on ne peut apprendre sans enseigner ». (Jeu de feedback). L’enseignant est d’abord un praticien. Il doit s’enquérir des règles sur lesquelles repose la praxis communicationnelle. Un autre problème entrave le rendement : la langue d’enseignement. Devant la brutalité de la politique d’arabisation des années 1970, nos bacheliers, ayant suivi leur cursus scolaire en arabe durant les trois paliers : primaire, moyen et secondaire, arrivés à l’université, ils sont confrontés à la langue française comme langue d’enseignement au supérieur, notamment en filières de médecine et technologies. Nombre d’entre eux ne sont pas préparés aux études dans cette langue qui leur est étrangère, notamment, ceux issus des régions rurales défavorisées (enclavées). Ils éprouvent d’énormes difficultés à assimiler les cours. Pourquoi ne pas réhabiliter la langue française en enseignant les matières, dites scientifiques, dans cette langue dès le cycle primaire au profit de nos enfants ? Nombre d’entre eux abandonnent leurs études pour carence linguistique et non pour incapacité intellectuelle. Ce sont des « élites ratées » pour le pays. Ce qui relève d’une injustice pédagogique inqualifiable. D’autres professeurs, qui s’occupent de la recherche ou occupent des postes administratifs (chefs de départements, doyens, vice-recteurs…) ou culturelles (responsables d’équipes CNEPRU, de revues, d’animations culturelles…) rencontrent, aussi, de sérieuses difficultés dans leur carrière.
Rapports enseignants-étudiants : convivialité ?
Le souci cardinal de l’enseignant est de voir ses apprenants assimiler les cours. Pour ce faire, le programme doit être judicieusement élaboré en fonction du public estudiantin. De même, qu’il (programme) doit être structuré, allant du simple au complexe, pour mettre l’étudiant en confiance en instaurant un climat de convivialité étudiants- enseignant. Ce dernier joue un rôle double. Il est, à la fois, formateur et animateur. Cela ne peut se faire que s’il existe un environnement pédagogique convivial. Les Sciences de l’Éducation, à travers le monde, ont connu un essor prodigieux. L’application de celles-ci impactent positivement sur la qualité de l’enseignement et, par ricochet, sur les compétences de nos étudiants. Le but visé est de veiller, d’abord, sur la cohérence des programmes en adéquation avec les besoins économiques spécifique à chaque région du pays en matière de formation de main-d’œuvre qualifiée, voire spécialisée. De ce fait, les approches théoriques en pédagogie doivent être traduites en pratique sur le terrain pour ne pas demeurer simplement académiques. D’où, une cohésion synergique, entre les trois ministères, s’impose de facto à savoir : l’Enseignement Supérieur, l’Éducation et la Formation professionnelle pour former cadres et techniciens hautement qualifiés à même de satisfaire les besoins nationaux exprimés. Nonobstant, si on veut sérieusement redorer le blason de l’université algérienne et d’en faire un haut lieu d’acquisition des sciences et de la technologie, faut-il créer une École Normale Supérieure pour enseigner à l’université ? Celle-ci ne doit pas être uniquement crédible, il faut qu’elle soit aussi et surtout performante et donc innovante à même de former des savants et chercheurs au lieu d’être, ce qu’elle est actuellement, simplement diplômante. De même, faut-il préparer les étudiants en post-graduation à la méthodologie de la recherche scientifique. Pour ce faire, il conviendrait de mettre en œuvre des laboratoires nationaux qui répondent, effectivement, aux normes internationales de la recherche moderne et/ou des laboratoires étrangers moyennant une bourse d’étude, congé scientifique ou des programmes « Erasmus » à même de garantir une rentabilité scientifique si les pouvoirs publics veulent sincèrement que l’Université algérienne fasse un saut qualitatif et occupe un rang honorable dans les classements internationaux. Comment cela pourrait-il se traduire concrètement alors que peu d’enseignants gardent l’enthousiasme et la passion de se documenter et actualiser, en permanence, leurs connaissances ? Ce qui explique un enseignement au rabais.
Péréquation formation-emploi
Au final, c’est avec des méthodes pédagogiques scientifiquement étudiées et qui ont fait leurs preuves, que notre université devrait fonctionner si elle souhaite rattraper le concert des nations avancées et guérir de son cancer du sous-développement. Ceci ne peut se réaliser que si l’université algérienne redevient, comme par le passé, « une véritable patrie pour le savoir national et une terre d’asile pour l’intelligentsia internationale à l’instar de l’Occident. Pour se faire, L’École algérienne doit impérativement recouvrer sa neutralité pour rester en dehors de tout enjeu politique et/ou partisan. De même, valoriser le statut de l’enseignant qui est loin d’être reluisant. Si l’enseignant-chercheur axe ses efforts sur la recherche scientifique, rien ne l’empêche de s’impliquer dans des réformes pédagogiques modernes à même de répondre aux exigences d’une société savante et dispenser un enseignement de qualité. En effet, il n’y pas (sinon très peu) d’enquêtes mises en place par les institutions compétentes pour mesurer le taux d’emploi des diplômés, la période moyenne de chômage après l’obtention de leur diplôme, le salaire moyen des diplômés ou les domaines d’emploi privilégiés. Ainsi, la qualité de l’apprentissage, la valeur du diplôme et les perspectives professionnelles jouent un rôle de premier plan en matière de formation en milieu universitaire. Celle-ci suscite, chez les étudiants, un esprit d’émulation, de curiosité scientifique et, surtout, d’aiguiser un appétit insatiable de savoir et une soif inextinguible d’apprendre. La mission de l’enseignant devient davantage délicate, presque un défi, lorsque les études occultent les réalités socioprofessionnelles du pays. Dit autrement, l’université aura pour mission de former des diplômés sans la formation requise. Elle ne considère ni les besoins économiques ni ceux du bassin du travail de plus en plus sélectifs. De ce fait, l’université ne peut ni ne doit fonctionner en autarcie. Elle est pédagogiquement et économiquement tenue de s’ouvrir sur les entreprises nationales ainsi qu’à d’autres universités du monde pour s’enquérir et acquérir les innovations en matière de technologie et, du coup, les méthodes pédagogiques pour les communiquer. La formation pédagogique continue est le cordon ombilical qui relie l’étudiant à son enseignant. Ce dernier est, à la fois, artisan du savoir et praticien de la pédagogie. Celle-ci doit servir de garant pour assurer une bonne formation, à nos étudiants, en tant que gestionnaires dans un proche avenir parce que… demain commence aujourd’hui. Le Ministère de l’Enseignement Supérieur s’est-il accordé une pause pour procéder à une rétrospective sur les résultats du LMD, sa valorisation ou dévalorisation afin de procéder à son perfectionnement, son amendement ou, purement, à son abandon ?
La démocratisation de l’Enseignement Supérieur n’est pas synonyme de massification. Elle ne signifie pas, non plus, la prostitution du diplôme algérien, voire de l’Université en tant qu’entité scientifique. Certes, les universités, en Algérie, ont proliféré depuis quelques années. C’est une évidence. Mais dans quel but ? Le nombre d’étudiants, en 1962, était d’environ près de 300 étudiants et trois universités (Alger, Oran, Constantine). La population estudiantine est estimée, cette année 2021-2022 à près de 1 700 000 âmes selon les dernières statistiques émanant du même Ministère et une centaine d’universités. La quantité n’est pas négligeable en soi. Or, le rôle cardinal de l’université est de miser, d’abord et avant tout, sur un enseignement de qualité qui devrait être sa feuille de route dans un monde où la concurrence, en matière de recherche scientifique, est de plus en plus rude.
Qualité-quantité : ce sempiternel débat
Si les autorités universitaires réclament des résultats au personnel pédagogique, nous sommes en totale convergence de vues tant la demande est légitime. Cependant, les résultats souhaités ne se concrétisent que sous conditions sine que non. Avec une population estudiantine pléthorique, il relève du miracle à pouvoir les réaliser vu que l’université a tout l’air de remplir une mission autre que la sienne. Elle s’est mue en crèche pour adulte. Le personnel pédagogique, dont nombre sont maîtres-assistants, se trouvant avec trois ou quatre cents copies à corriger, il leur serait impossible de procéder au contrôle continu vu qu’ils sont partagés entre la préparation des cours et des examens, les corrections, la rédaction de leur thèse, auquel cas s’ajoutent leurs responsabilités familiales (pères, mères de famille). Pourtant, le contrôle continu est et restera, à très juste titre, l’ossature d’une formation performante durant tout le cursus universitaire, particulièrement en graduation. Nous plaidons, aussi, pour le retour au système modulaire où l’étudiant doit obtenir la moyenne à chaque module pour passer au niveau supérieur. Voilà comment de la massification actuelle, l’on pourrait revenir au système d’élite si, et seulement si, l’université algérienne décide de rompre avec son actuelle dévaluation scientifique, cesser avec la mauvaise gouvernance et gagner en mérite des points qui la hissent vers le haut pour un meilleur rendement et un bon classement. De l’avis unanime, les professeurs en grade considèrent que leur profession est dévalorisée, en dépit de leur niveau pointu. Nombre d’entre eux ont quitté le pays pour s’installer dans un ailleurs qu’ils considèrent meilleur, où ils se sentent plus considérés et mieux rémunérés. Ils trouvent, aussi, les conditions de travail idoines pour progresser dans leurs recherches, performer leurs connaissances et confronter leur savoir avec d’autres compétences. Même les responsables des établissements supérieurs reconnaissent cette carence. Un député, en sinécure quinaire, est rémunéré 300 000 DA par mois… tandis que le salaire des chercheurs qui ont lancé, avec succès, trois satellites algériens à partir d’un lanceur indien, le 26 septembre 2016, flirte entre 50 et 60 000 DA selon une émission radiodiffusée sur les ondes la chaîne 3 algérienne. Le respect et la valorisation du professeur de rang magistral sont « d’une importance cardinale » pour l’Algérie. Nous nous considérons sa cheville ouvrière et ses bâtisseurs. Nous sommes les soldats du savoir. Ce ne sont ni les ministres ni les généraux ni, moins encore, les députés qui forment les générations depuis des générations (…)
Notre université se contente de distribuer des diplômes (sur)dévalorisés. Sur les 120 000 diplômés qui sortent chaque année, la majorité ne trouve pas de travail. Même les employeurs nationaux sont sceptiques quant à la qualité de formation en ce qu’elle est assurée par un enseignement au rabais. L’étudiant, lui-même, sait à quoi s’attendre à la fin de son cursus. Ceci est dû à l’absence de tout bilan critique et objectif. L’état de santé de l’université nécessite une sérieuse autopsie pour diagnostiquer le mal profond qui la ronge. Il lui faut un traitement d’attaque parce qu’elle a de quoi rougir de honte puisqu’elle n’arrive même pas à tenir la dragée haute devant des universités d’Afrique subsaharienne. Ce qui est intolérable pour un pays qui fut naguère une référence du Tiers-Monde, voire un ‘’sentier lumineux’’ à tous les progressistes du monde pour prendre, à partir des années 2 000, l’exact contrepied de ce à quoi aspire la société algérienne : une élite pensante, performante, innovante et créatrice. Ceci ne semble pas inquiéter, outre mesure, les pouvoirs publics parce que leurs enfants étudient dans les grandes universités étrangères avec l’argent de nos étudiants.
Tout bac a droit à la fac mais…
Certes, tout bac a droit à une place à la fac. Quant au passage d’un niveau à l’autre, il doit s’astreindre au système de taux. Le passage du niveau 1 au niveau 2 doit être drastique en mettant la barre, par exemple, à 70%. L’étudiant saura, dans ce cas, que la moyenne 10/20 n’est plus un critère fondamental pour accéder en classe supérieure. Ce qui l’incite à travailler davantage. Peut-être qu’avec cette pratique, l’université algérienne pourrait-elle sortir de l’actuelle ornière dans laquelle elle s’enfonce depuis, au moins, deux décennies. De même, le choix des enseignants doit répondre à des critères rigoureux. Selon la presse nationale, Facultés et Départements sont, parfois, peu regardants sur les aptitudes des candidats à l’enseignement au supérieur. Vu le nombre des établissements, le faible nombre d’enseignants de rang magistral, celui des étudiants allant, chaque année crescendo, gérer une université ne se fait sans problème. Par contre, il siérait de regrouper différentes universités en un seul pôle. Exemple, l’université de Chlef pourrait constituer un grand pôle universitaire régional en intégrant celles de Tissemsilt et d’Aïn Defla. Une pareille décision exige une volonté et, surtout, un courage politique pour la traduire sur le terrain de la réalité.
Au risque de nous répéter, l’enseignement est plus une vocation qu’un métier. Le professeur doit être respecté et reconnu à sa juste valeur car il est détenteur du dernier degré universitaire : un « DOCTORAT ». C’est un commis de l’État qui sort du lot de par sa distinction scientifique. Il n’est pas donné à tous d’être docteurs-chercheurs. Ses capacités sont telles qu’il mérite toute l’attention de la société et le respect des Autorités qu’elles lui doivent. Pourquoi ne pas lui accorder des privilèges moraux et matériels à l’instar du député ? À titre d’exemple : prêts bancaires sans intérêts, exonération d’impôts, immunité scientifique, passeport scientifique au même titre que le passeport diplomatique, son implication dans la gestion du pays, création d’une classe scientifique en tant que classe consultative apolitique pareille à la classe politique, un salaire conforme à ses compétences (diplôme) et ses responsabilités (formation des générations montantes) ? Ce n’est pas un rêve. Même s’il en est un, il n’est pas utopique pour peu que les décideurs « dessillent leurs esprits » encore fermés sur l’avenir du pays. Après leur disparition, « quelle Algérie lègueront-ils à nos enfants et arrière-petits-enfants ? »
La réussite scolaire est, à notre avis, la voie royale pour réussir dans la vie. La démocratisation de l’enseignement est une bonne chose en soi. Sauf qu’elle doit, aussi, permettre l’accès à tous à un niveau de formation suffisamment performant. L’avenir du pays en dépend. Les déperditions scolaires sont énormes. D’après les statistiques du ministère de l’Éducation nationale, sur 100 élèves scolarisés en première année primaire, seulement 4 obtiennent leur baccalauréat. À qui la faute : mauvais élèves, mauvais enseignants, mauvaise École ou… mauvaise Gestion ? L’interrogation taraude l’esprit des Algériens et… malin (plutôt intelligent) qui arrive à une réponse objective. Notre enseignement est dominé par des considérations d’ordre quantitatif. La charge de travail de l’enseignant devient, de ce fait, pénible. Il n’arrive plus à suivre ses étudiants chacun selon son quotient et ses capacités intellectuels. De ce fait, l’École risquerait de perdre ses valeurs sacrées que sont l’éclectisme et l’élitisme parce qu’elle n’arrive plus à s’adapter au nouvel ordre (plutôt désordre ou des ordres) économique générateur de compétences parce qu’elle est asservie aux contraintes du marché. Ceci n’est pas loin d’un dressage social au lieu d’être un creuset du Savoir et, aussi, de Civisme et de Citoyenneté. L’Université, rappelons-le, est, à la fois, la colonne vertébrale de la société, l’âme de la nation, sa tête pensante, son cœur battant, la voix du peuple qui le mène sur la voie de la technologie, des inventions, de la production des idées, des œuvres d’art… En somme, sur la voie de la modernité.
En conclusion, si enseigner à l’université est un des plus beaux métiers, notre université a besoin d’une sérieuse équipe de thérapeutes hautement qualifiés à son chevet. Elle va mal. Nous assistons impuissants à l’effondrement de ce que nous avons de plus précieux, aussi précieux que la prunelle de nos yeux : ‘’notre Université.’’ Les conditions de travail de plus en plus difficiles, la précarisation du statut du professeur, voire son mépris par les Autorités tel que le suivi des enseignants que nous estimons dégradant. Pire, une atteinte caractérisée à sa dignité. Le futur de l’Université algérienne est à revoir, redéfinir, reconfigurer si elle veut s’investir dans un avenir scientifique de qualité qui est sa raison d’être compte tenu de la baisse vertigineuse du niveau de l’enseignement qu’elle dispense. Pour les économistes, chaque dollar dépensé pour la Santé et l’Enseignement en rapporte cinq, dix voire vingt dollars en ce qu’ils préparent l’avenir de toute la nation algérienne saine de corps et d’esprit. En sa qualité de sanctuaire de la Science, du Savoir, de la Culture, de la Création, l’université est, à la fois, l’Esprit et l’Âme de l’Algérie tout entière. Notre Algérie a besoin de son université tout comme l’Algérien a besoin de son pain quotidien. Puisse ces quelques lignes interpellent les responsables compétents pour les méditer et non seulement à les lire. Amine !
M. G.
*Docteur ès Lettres, université Hassiba Benbouali, Chlef