L'Algérie de plus près

8 mars : une vie sans clivage ni distinction de genre

Par Jacqueline Brenot

Depuis des décennies, le 8 mars est devenue une Journée Internationale des Droits de la Femme, en fait une journée de sensibilisation et de mobilisation pour les droits des femmes et l’égalité entre les filles et les garçons. Cette journée d’action trouve son origine au début du XXème siècle dans les manifestations de femmes en Europe et aux Etats-Unis réclamant de meilleures conditions de travail et le droit de vote, une participation à la vie politique et économique.

Indépendamment de cette journée d’informations, on peut s’interroger sur la sous-représentation de la femme dans de nombreux domaines de la société, notamment dans la sphère professionnelle avec celui des postes clefs à diplôme égal, mais aussi publique et privée, sans parler de la chape d’oubli tombé sur la plupart de celles qui  se sont engagées dans les conflits armés ou simplement dans les grandes avancées technologiques comme Gladys West, cette mathématicienne inventrice du GPS et du satellite GEOSAT, pour ne donner qu’un exemple.

Bien sûr, le monde change et les voix qui s’élèvent depuis longtemps se font plus entendre par le biais connecté des réseaux sociaux, des avancées civiles comme l’accès à l’instruction ne font plus débat, à quelques latitudes près. Il y a souvent un abîme entre la volonté générale d’émancipation des femmes et la réalité factuelle individuelle. Plus que dans certaines disciplines artistiques dont les manettes de l’industrie et des commissions économiques sont souvent détenues par des hommes.

La littérature en a fait souvent son cheval de bataille et son fond de commerce trivialement constaté, mais une fois les livres refermés, que fait-on de concret pour changer efficacement les données. Et puis, suivant les contextes et les seuils de tolérance, il faut parfois beaucoup d’abnégation et de courage pour prendre la plume et affirmer constats et convictions, même par le biais et l’alibi de la fiction. Au Moyen-Age européen, nombre de femmes ont fini au bûcher pour « sorcellerie », argument répandu et efficace pour mettre au pas les férues de savoir et les récalcitrantes des ordres établis. Pourtant, à quelques latitudes plus loin en Orient, il y a plus de quatre mille ans, Hatchepsout, reine régente de l’Egypte antique deviendra pharaon et cinquième souveraine de la XVIIIème dynastie. Elle fut l’une des plus prolifiques bâtisseuses de l’ancienne Egypte, initiant plusieurs centaines de projets en Haute et Basse-Egypte. Suivant l’égyptologue James Henry Breasted, elle est connue pour être « la première grande femme dont l’Histoire ait gardé le nom ». En 1960, son nom sera donné à un astéroïde. Il faut vraiment que le monde marche à contre-sens de ses réalisations, pour qu’un tel exemple soit resté lettre morte par rapport à la quête de modèle féminin et d’égalité de compétences.

Il n’est jamais trop tard pour enrichir sa conscience de tels exemples qui font honneur au genre humain universel. La littérature mythologique universelle s’est emparée souvent de ces figures réelles et exceptionnelles qui ont marqué l’Histoire et ont posé des questions essentielles. Il conviendrait d’être attentif à ces contenus et messages enseignés. De tout temps, dans l’Histoire des peuples, des femmes dépositaires de savoirs et de savoir-faire s’affranchissent du statut auquel tentent de les confiner certains esprits frileux, pour mettre au profit du plus grand nombre leurs connaissances et leurs capacités exceptionnelles. Les « trous de mémoire » de la culture commune constituent des blocages néfastes à l’intégration de ces avancées.  

La journée du 8 mars est une invitation à renouer avec l’Histoire du monde dans ce qu’elle détient d’exemplaire, en dépit de tous les conflits et régressions qui l’entachent.

La vie, comme la culture, le travail, devraient se partager sans clivage ni distinction de genre. L’avenir constructif et solide des générations futures en dépend. Comme disait avec impertinence Frantz Fanon, dans « L’An V de la Révolution algérienne », « Ayons les femmes, le reste suivra. »

J. B.

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