L’interdiction de RT et de Sputnik dans toute l’Europe, annoncée par l’Union européenne et les autorités françaises, devient réalité. Jusqu’où ira le déchaînement de haine contre la Russie ?
Après Facebook et Instagram, le réseau social américain YouTube a annoncé le blocage des chaînes de RT et Sputnik sur tout le Vieux continent. La chaîne de RT France, qui cumulait 1 155 101 abonnés et des millions de vues, était ainsi largement inaccessible depuis l’Europe ce 1er mars, remplacée par ce message : «Cette chaîne n’est pas disponible depuis votre pays.» Les vidéos postées avant le blocage ont elles aussi été rendues inaccessibles. Les comptes Facebook et Instagram déjà visés La veille, les pages Facebook et Instagram de RT étaient devenues difficilement accessibles depuis les pays de l’Union européenne.
Nick Clegg, le vice-président de Meta, maison-mère de Facebook, a confirmé le 28 février avoir reçu plusieurs requêtes de pays membres de l’UE pour restreindre l’accès aux médias russes RT et Sputnik depuis l’UE.
L’Union européenne a-t-elle peur de la pluralité des médias ?
Plus tôt dans la journée, le secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, Cédric O, a tenu une réunion avec plusieurs représentants des plus grandes plateformes numériques pour mettre en œuvre les mesures de restriction décidées par l’UE à l’encontre des médias russes présents dans l’Union. Par la voix de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l’Union européenne a annoncé le 27 février vouloir «interdire» les médias financés par la Russie en réponse à l’intervention militaire russe en Ukraine.
Cependant, se pose désormais la question de savoir sur quelle base juridique précise un média dont les employés exercent un métier journalistique peut-il être «banni» ? Pour l’avocat de RT France Basile Ader, «le bannissement d’un média est une notion inconnue du droit, et difficilement compréhensible s’agissant d’un média français qui emploie plus de 100 journalistes français encartés !» La chaîne RT France n’a jamais été sanctionnée par le régulateur des médias français
Pour rappel, il existe en France une loi contre la manipulation de l’information, votée en 2018, qui vise à mieux protéger la démocratie contre les diverses formes de diffusion intentionnelle de fausses informations. Or, RT France n’a jamais été poursuivie pour diffusion de désinformation. La chaîne RT France dispose par ailleurs d’une convention avec l’Arcom (ex-CSA), et n’a jamais été sanctionnée par le régulateur. Et, vu l’attention particulière portée à ce média depuis sa création, il tombe sous le sens que le moindre faux pas n’aurait – à raison – pas été épargné. La présidente de RT France, Xenia Fedorova, a rapidement réagi à l’annonce de l’UE : «La décision de bannir notre chaîne, dans laquelle travaillent 176 salariés, dont plus de 100 journalistes, est une violation de l’État de droit et va à l’encontre des principes mêmes de la liberté d’expression. Rien ne peut justifier cette censure».
Texte repris du site de RT France