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Oued Tsighaout : Quand l’argent (public) était jeté par les fenêtres

Selon toute vraisemblance, il n’y a aucune solution pour dépolluer les berges et le lit de l’oued Tsighaout. Le cours d’eau coupe la ville de Chlef en deux, séparant la ville coloniale de l’immense Hay Bensouna. Cet affluent majeur de l’oued Chélif traversant le chef-lieu de wilaya dans le sens sud-nord, s’est transformé au fil des ans en une immense décharge à ciel ouvert.

Les autorités ont eu beau imaginer des solutions « techniques », allant jusqu’à engager un projet loufoque – mais très coûteux au demeurant – consistant à couvrir le Tsighaout d’une chape de béton sur plusieurs kilomètres, rien n’y fit. Les eaux stagnent au dessus de l’ouvrage en béton et la saleté n’a eu de cesse de s’accumuler sur les berges et le lit. Le fameux ovoïde, si cher à Mohamed El Ghazi et à sa cour d’amis et protégés, ne sert plus à rien. Il ne draine ni les eaux pluviales ni les égouts qui s’échappent des quartiers qui le longent des deux côtés sur plusieurs kilomètres. Résultat : des milliards de dinars engloutis dans une opération inutile – mais très lucrative qui a profité pleinement aux entreprises de réalisation et leurs entremetteurs.

Tous les maires, chefs de daïra et walis qui se sont succédé à Chlef depuis les années 2000 ont eu à se pencher à un moment ou un autre sur les incroyables nuisances générées par l’oued car l’ovoïde n’arrive pas à drainer les eaux usées comme attendu. Pire, tous les riverains, sans exception aucune, déversent leurs déchets sur les rives, transformant ces dernières en véritables réservoirs d’épidémies mortelles.

Ces derniers mois, par on ne sait quel précédé, quelques riverains ont réalisé des terre-pleins sur les berges de l’oued pour accroître la superficie de leurs « propriétés ». Il faut préciser que de nombreux espaces situés en face du marché et de l’ex-gare routière ont été transformés en ateliers, maisons et entrepôts. Pour les besoins de leurs activités apparemment très florissantes, ils ont initié des opérations d’extension sur l’oued. Les travaux ont eu pour conséquence le rétrécissement de l’écart entre les deux berges et il est probable que le cours d’eau pourrait être remblayé si rien n’est entrepris par les autorités compétentes.

Le plus urgent pour le moment est de mener une guerre sans merci contre les pollueurs. Des tonnes de détritus sont en effet balancées danl’oued. L’odeur qui s’en dégage indispose fortement les passants qui empruntent les trois ponts traversant le Tsighaout.  

Tout dernièrement, la commune a lancé une vaste opération de nettoyage qui s’est avérée pratiquement inutile. Moins d’une semaine après cette action de salubrité publique, les berges de l’oued ont retrouvé leur état initial.

Y aurait-il des urbanistes ou des architectes qui pourraient proposer des projets sérieux pour que soit définitivement assaini ce cours d’eau ? Existe-t-il des bonnes volontés parmi les élus et les responsables locaux qui exauceraient pareil souhait ?   

L’été approche à grands pas et avec les grandes chaleurs. Laisser l’oued en l’état équivaut à mettre en péril la santé des citoyens. Et cela n’est pas permis.

L. C.