L'Algérie de plus près

Les petits clubs de mon enfance

Par Ali Dahoumane

C’étaient de grands réservoirs de talents, de vastes et généreuses pépinières qui offraient chaque année d’excellents joueurs au club phare de la ville, en l’occurrence l’ASO. Le mot petit n’a aucune connotation péjorative ou dépréciative, c’est juste pour souligner que ces clubs avaient un public réduit. C’étaient des clubs aux moyens financiers très limités. Difficultés à acheter les équipements sportifs, difficultés à se déplacer, difficultés à se restaurer. Tels des pères de familles aux maigres revenus, les dirigeants sincères et dévoués avaient du mal à joindre les deux bouts.

L’ASO : toujours respect et admiration

Parler de football à Chlef reviendrait d’une manière presque spontanée à évoquer l’ASO, ce grand et légendaire club qui nous a tant fait rêver et pour lequel nous avons une admiration sans faille. Fedlaoui, Zairi, Dif, Aidadou, Hamouni et Belaid Ahmed jouissent d’un grand respect et de beaucoup de considération de la part de la population de Chlef.

On a coutume de dire que les petits ruisseaux  font les grandes rivières, force est de reconnaitre que beaucoup de joueurs issus des petits clubs, des différents quartiers de la ville et des agglomérations voisines sont venus enrichir le club phare de la région. Chaque quartier ou banlieue avait son équipe. Chaque équipe avait ses supporters et ses dirigeants qui se dévouaient corps et âme pour servir le club et répondre aux nombreuses exigences de leur merveilleux public.

Le NRBS et l’ESF : je t’aime moi non plus

«La Ferme» avait l’ESF et les «Fermiers» accordaient une grande importance aux résultats de leur équipe. On peut également parler de la fantastique équipe de la «Rose» qui était dirigée par le charismatique Nacer et qui avait enfanté de très bons joueurs pour ne parler que des frères Belaïd, Djilali Et Bouali, ainsi que de l’infatigable Bekakcha Abed. Elégant dans et en dehors du terrain, Abed était un virtuose du ballon rond. Quant au talentueux Bouali Belaid, il a tant fait rêver le légendaire footballeur Rachid Mekhloufi (qui l’avait comme joueur au sein de l’équipe nationale militaire et qui lui prédestinait une très grande carrière footballistique). Le célèbre Stéphanois n’a pas eu tort.

Les habitants de Hay Es-Salem (ou les gens de la Bocca Sahnoun, si vous voulez) ne parlaient que du NRBS et encourageaient leur équipe contre vents et marées. Le NRBS avait formé beaucoup de très grands joueurs pour ne citer que Naas et Benmeriem qui ont fait les beaux jours de l’ASO. Quand on parle de l’équipe de Hay Es-Salem, on ne peut s’empêcher d’avoir une pensée pour son président Hadj Benali Charef qui a énormément contribué pour le club cher à sa Bocca. Les rencontres opposant l’ESF et le NRBS donnaient lieu à de très chauds derbys. Les supporters des deux équipes se chamaillaient avant, pendant et souvent après le match.

L’OFLA et Meksi : la page d’or du football chélifien

Les administrations et les entreprises publiques n’étaient pas en reste et avaient également leur équipe qui leur apportait joie et fierté. Les PTT, la Santé, la Wilaya, l’Hydraulique et la DNC-ANP toutes ces institutions et entreprises avaient une équipe représentative qui faisait la fierté de tous les travailleurs du secteur. Il convient d’accorder une mention particulière à la fabuleuse équipe de l’OFLA. Cette dernière était la mieux structurée dans la mesure où elle avait un bon président et gestionnaire, Mohamed Bouzeghti, un sympathique trésorier, Hellal que dieu ait son âme et que tout le monde appelait amicalement «Gustave», et surtout un très grand entraineur qui avait le sens de la discipline et du respect des valeurs humaines. Je tiens personnellement à remercier et à rendre hommage à M. Mohamed S’haïlia qui s’était énormément dépensé pour promouvoir le sport à Chlef aussi bien avec l’OFLA qu’avec l’ASO quelques années plus tard. Il était entraineur, formateur et surtout éducateur. Il avait des yeux partout et accordait une grande importance au comportement des joueurs qui le craignaient et le respectaient. Tout le monde avait peur de ses fameuses engueulades sur le terrain et dans les vestiaires. Pour la petite histoire, n’oublions pas que c’est lui qui a découvert et formé de grands joueurs tels que Mustapha Meksi, Hadri Ahmed, Abbou Ahmed et Meghraoui Mohamed. Une page ne suffit pas à parler de Meksi. Je pense que Zenir, Mahiouz, Abdouche, Kheddis et Azzouz gardent de lui de très mauvais souvenirs parce qu’il les a tant fait souffrir. Les défenseurs algériens de son époque sont toujours traumatisés par ses dribles déroutants.

La bonne ambiance, l’amitié et la solidarité

L’équipe de la Wilaya avait également de bons joueurs comme Haffi, Bouhella et l’ange gardien, le jovial Hamid Belmokhtar qui ressemblait au fameux Abrouk du grand chabab.

L’équipe des PTT, sous la conduite d’un grand dirigeant, à savoir Mahmoud Bourabah, avait également formé de grands joueurs pour ne citer que Tahar Bachir, Abdi Bouabdellah ou Mustapha Bensaada qu’on surnommait «Magnusson» tellement il nous rappelait le stratège suédois des années 1970. Voir l’hydraulique et son goleador attitré Boualem Loucif était un régal pour les yeux.

En dernier lieu, il convient de souligner que le sport scolaire par l’entremise de la FASSU a également contribué à la promotion du sport dans la région.

La plupart des matchs de ces équipes se déroulaient quelquefois en ouverture de l’ASO. Ces rencontres donnaient lieu à de très beaux spectacles qui enflammaient les tribunes. C’était toujours la joie, la bonne humeur sous les applaudissements des spectateurs. Le résultat importait peu, c’était juste pour le plaisir de jouer. C’étaient des clubs qui respiraient la jeunesse, la bonne ambiance et l’amitié, la solidarité et, surtout, la générosité dans l’effort. Véritables valeurs, à mon sens, qui doivent incarner le sport.

La redoutable équipe des rebelles

Parler de football à Chlef reviendrait inévitablement à évoquer les différents lieux d’exhibition de tous les joueurs de la ville. Les terrains vagues pullulaient pour le plus grand bonheur de ces artistes. On peut citer au hasard le terrain de «La Caserne», «Erroumane», «La Jungle», les terrains des bâtiments de la CIA dont je garde encore quelques séquelles, «Les Sapins» et le terrain de la «Wilaya» qui était le théâtre des exploits de la redoutable équipe des «Rebelles» sous la houlette de  Khaled Abboud.

Grands clubs et petits dirigeants

En parlant de ces petits clubs, on ne peut malheureusement pas s’empêcher de penser aux clubs d’aujourd’hui. Sans âme et encadrés par des dirigeants qui ne donnent malheureusement pas le bon exemple, ils offrent un triste visage.

Dans ce contexte précis, le mot «petit» a une connotation dépréciative dans la mesure où beaucoup de nos dirigeants se comportent comme des charlatans, utilisant un vocabulaire qui les déshonore. Chaque réunion ou assemblée se transforme en soirée de pugilat opposant ces pseudos éducateurs.

De grands clubs prestigieux tels le MCA ou le MCO ne méritent vraiment pas d’avoir des énergumènes pareils pour les diriger. Le football doit être géré par des gens honnêtes et amoureux de ce sport. Il ne doit en aucun cas tomber entre les mains des affairistes et des trabendistes. La Fédération Algérienne de Football (FAF) doit élaborer un code de déontologie pour prémunir le football et le mettre à l’abri face à ces prédateurs. Une personne ayant des antécédents judiciaires ou de l’argent mal acquis ne doit en aucun cas postuler à la présidence d’un club. M. Raouaoua qui a les moyens nécessaires et la compétence voulue peut prendre les décisions qui s’imposent. Le football algérien lui en serait reconnaissant. Il est vivement recommandé à ces maquignons des temps modernes d’aller investir dans des secteurs beaucoup plus lucratifs et de laisser le sport loin des magouilles et des spéculations.

«Travaillez, prenez de la peine»

Depuis quelques années, l’équipe nationale est en perpétuelle recherche de joueurs évoluant sous d’autres cieux. Pourtant, les jeunes talents existent dans notre pays. Mais la question qui mérite d’être posée consiste à savoir si les dirigeants actuels (qui sont tout le temps à la recherche de résultats immédiats) sont animés d’une volonté sincère de les détecter, d’aller les chercher et surtout s’ils sont en mesure de les former pour en faire de grands champions. On peut dénicher ces jeunes talents sur un terrain vague de Chettia ou un «Matico» de Sendjas et, peut être même, dans la cour d’une école à Zeboudja. Malheureusement, nos esprits se sont habitués à acheter le produit fini. On choisit toujours la facilité.

On n’est pas contre la présence de joueurs formés généralement dans des centres de formation de l’hexagone. Antar Yahia, Belhadj, Ziani, Bouguerra nous ont apporté beaucoup de joie. Ils méritent toute notre gratitude et notre reconnaissance mais nous devons compter sur notre propre cru et ne point être tributaires des centres de formation d’outre-mer. Beloumi, Madjer, Meksi, Gamouh, Draoui ont tous été formés à l’école algérienne. Les résultats ne tombent pas du ciel. Les grandes nations qui ont investi dans la formation ne font que récolter les fruits de leurs efforts.

La Sonatrach et les pétrodollars : le fric, c’est chic

En injectant, sans compter, de l’argent dans le monde du football, la Sonatrach chercherait à promouvoir le sport, selon ses responsables. Promouvoir le football (et le sport en général), c’est acheter des équipements sportifs aux petites équipes d’Aïn Defla, Ténès ou El Abadia.

Servir le sport, c’est construire des vestiaires à une petite équipe de Constantine ou de Bechar pour que les jeunes joueurs puissent prendre une douche chaude après chaque match ou entrainement.

Aider le sport algérien, c’est acheter un bus pour un petit club perdu dans les monts du Djurdjura afin de permettre aux jeunes minimes de se déplacer et, par la même occasion, découvrir la beauté insoupçonnée de leur pays. Cette grande entreprise publique peut également organiser des tournois pour encourager et récompenser les jeunes talents.

Servir le sport ne consiste nullement à donner des sommes faramineuses à des «ballonneurs». Ce n’est pas en versant des salaires qui donnent le vertige à des joueurs juste moyens, qu’on croit servir le football. Jusqu’à preuve du contraire, le pétrole est une richesse nationale et on n’arrive pas à comprendre pourquoi les responsables de la Sonatrach en disposent à leur guise et le distribuent à qui bon leur semble.

Si on veut vraiment aider le sport, l’argent que la Sonatrach alloue à ce secteur doit être reparti équitablement entre toutes les équipes du pays et pas seulement à une équipe d’Alger, à savoir le MCA.

Une loi concernant le sponsoring ne serait que bénéfique pour la transparence des finances d’un club et éviterait certaines dérives qui pourraient nuire au bon fonctionnement du sport dans notre pays et faire ressurgir le spectre de l’injustice.

Les trois merveilles de ma région

Trois hommes que tout séparait, trois villes différentes, une seule région mais surtout un même destin : servir les autres sans rien demander.

C’étaient des hommes qui avaient une seule passion, un seul amour : transmettre aux jeunes ce que la nature ou la vie leur a légués. Ils avaient en eux beaucoup de charisme et de générosité. Rien ne les faisait reculer parce que la flamme qui les animait était sincère et désintéressée. Ils faisaient ce travail par amour et dévouement sans rien exiger en retour, sans aucun dessein mercantile.

Quand on parle de l’ASO, on ne peut s’empêcher d’avoir une pensée pour Monsieur Sayah Bouali que tous les Chélifiens appelaient affectueusement Si Bouali. Personnage charismatique, il vivait pour le club de sa ville. Sa générosité n’avait pas de pareil. Il fut président du club pendant des années et il était toujours à l’écoute des joueurs. Il était attentif aux nombreuses préoccupations de ses athlètes et se faisait un devoir sinon un honneur de leur trouver une solution. 

Son large sourire était synonyme de victoire alors que la défaite se lisait sur ses yeux. Des années après sa disparition, c’est avec incompréhension et un profond sentiment d’amertume que les Chélifiens constatent qu’aucune salle de sport, aucune piste d’athlétisme, aucun terrain «Matico» (pourtant nombreux dans la ville) ou aucune tribune ne porte son nom. Aucun tournoi n’est dédié à sa mémoire. Allons-nous, sans le savoir et sans le vouloir, vers la culture de l’oubli ?

Les jeunes ne savent rien de lui. Ils sont en droit de connaitre tous ceux qui se sont sacrifiés et se sont donné corps et âme pour la pérennité du club phare de leur ville.

Quand on fait un tour à Bouzghaia, une figure emblématique de la ville nous vient en tête. Il était président, entraineur, capitaine, trésorier, soigneur et bien entendu joueur. Il s’appelle Dahmane Kaddour mais tout le monde l’appelait affectueusement Kaddour Bouzghaia. Il était généreux jusqu’au bout des ongles. Généreux sur le terrain car il n’avait jamais rechigné à l’effort physique : c’était lui qui tirait les coups francs, les corners, les penaltys et il faisait même les touches. C’était l’homme qui trempait le maillot comme on dit. Il était également généreux en dehors du terrain dans la mesure où cet illustre personnage se chargeait du transport et de la restauration de ses joueurs. C’était lui qui achetait les équipements sportifs du club. Il ne vivait que pour le club de la ville qui l’a vu naitre et grandir. Pendant les vacances, alors que les gens se doraient au soleil, notre bonhomme sillonnait les artères des différentes villes de la région à la recherche de jeunes talents pour les recruter au sein de son équipe.

Visiter Oum Drou, charmant village que j’adore énormément, sans avoir une pensée pour Dakka est injuste. Monsieur Tairi Abdelkader était entraineur-joueur du club de la ville. Les habitants de ce village avaient toujours sur les lèvres : Dakka a dit ou Dakka a fait.

Il était le père spirituel de tous les jeunes du village. Ce personnage incarnait la sagesse et la générosité. En cas de défaite, il savait toujours choisir ces mots, ces paroles simples pour calmer les esprits. Fidèle aux nobles idéaux de l’olympisme, il ne cherchait pas à gagner par tous les moyens. L’essentiel réside dans le jeu, disait-il. Il ne badinait jamais avec la discipline. Un esprit sain dans un corps sain, telle était sa devise.

Pour leur sens développé du charisme, de l’altruisme, de la générosité et du dévouement et leur entière disponibilité à servir les autres, ces hommes sont devenus des légendes, des monuments de notre région. Quand on les évoque, nous ressentons une grande satisfaction et une immense fierté d’avoir des précurseurs du bien comme eux dans notre wilaya. Ils avaient eu la chance de servir inlassablement le sport qu’ils chérissaient, particulièrement le football avec courage et loyauté, sans baisser les bras.

C’est uniquement pour ça qu’on les a tant aimés et qu’on n’oubliera jamais.

Nos remerciements vont également à ces centaines d’anonymes qui œuvrent quotidiennement dans différents secteurs de la vie publique pour apporter le bien être à leurs concitoyens.

A ces personnes qui font leur travail avec passion et dévouement.

Aux infirmières et aux infirmiers de l’hôpital de Sobha, de Chettia ou de Ténès qui sont tout le temps disponible avec les malades en leur apportant soin et réconfort avec un petit sourire en prime.

A ces enseignants qui se lèvent tôt le matin, en oubliant tous leurs problèmes, pour transmettre le savoir à des innocentes créatures qui habitent à Beni Haoua, El Karimia ou Oued Sly.

Aux agents de la Sonelgaz qui travaillent jour et nuit parfois dans des conditions difficiles, pour rétablir le courant et apporter la lumière à Breira, Zeboudja ou Sendjas surtout durant les grandes canicules.

Je voudrais, sans malheureusement tous les nommer, leur rendre hommage.

Par le biais de l’hebdomadaire de notre région, que celles et ceux qui ont contribué bénévolement au développement et au rayonnement du sport et de la culture dans notre contrée trouvent toute notre gratitude et notre profonde reconnaissance.

A tous ces travailleurs de l’ombre qui savent ce que veulent dire ponctualité, assiduité et services publiques je dis : MERCI.

Nos footballeurs émigrés, notre immense et éternelle fierté.

«Au début le Parc était une aire de jeu réservée exclusivement aux princes mais, depuis son arrivée à Paris, Mustapha Dahleb a surclassé tous les châtelains pour devenir le roi incontesté de ce stade mythique. Admirative de son immense talent, l’imposante tour Eiffel se prosternait et se couchait sous ses pieds. Sa grande notoriété lui a valu de décrocher une place dans Le petit Larousse. La grande équipe de Saint-Etienne était accrochée aux crampons de Rachid Mekhloufi et l’équipe de France lui ouvrait largement les bras mais il a décliné l’offre pour rejoindre la prestigieuse équipe du FLN. A des époques différentes, ces deux prestigieux joueurs ont répondu à l’appel du cœur en rejoignant l’équipe nationale algérienne».

L’équipe nationale de football est en train de traverser une mauvaise période et déjà les réseaux sociaux, les mass-médias et la rue s’emparent de l’évènement pour trouver les raisons et décortiquer les causes réelles de ce naufrage.

Rien ne semble épargné, on s’attaque à tout, on pointe du doigt le professionnalisme «à l’algérienne», la FAF et son président, le mauvais choix des entraineurs et des joueurs et malheureusement certains poussent le bouchon un peu plus loin en accusant nos jeunes joueurs émigrés d’être les seuls responsables de ce désastre.

Les valeureux patriotes, la FAF et… son gigolo

Quand il parlait de la glorieuse équipe du FLN, Ferhat Abbas disait qu’elle avait fait gagner à l’Algérie combattante 10 ans de lutte. Le défunt président du GPRA voulait mettre en valeur le rôle déterminant joué par cette formidable équipe car la guerre d’Algérie était à sa quatrième année et l’armée française employait tous les moyens pour l’éradiquer. Tous les moyens étaient mis en œuvre pour étouffer la voix de cette jeune révolution. Bombardements, exécutions sommaires et banalisation des centres de torture. Rien n’a été épargné pour faire capituler le peuple algérien. Il fallait faire entendre les cris des combattants algériens aux quatre coins du monde. En avril 1958, le FLN demanda aux footballeurs algériens évoluant en France de quitter l’hexagone et de rallier Tunis à quelques mois seulement de la coupe du monde de football qui se tenait en Suède. Nos joueurs ont répondu favorablement à l’appel et ont abandonné la gloire et l’argent pour rejoindre la capitale tunisienne. Ils ont formé une très grande équipe que seule l’Algérie peut s’enorgueillir d’avoir possédée. Ils ont pris l’engagement d’arrêter leur carrière professionnelle pour faire entendre la voix des Moudjahidine qui se battaient dans les Aurès, le Djurdjura ou dans les montagnes de l’Ouarsenis. Ils ont défendu la cause algérienne à leur manière. Les joueurs de l’équipe du FLN ont joué une centaine de matchs dans plusieurs pays et continents pour faire connaitre au monde entier qu’il y avait un peuple qui se battait pour recouvrir son indépendance. Pour l’histoire, cette merveilleuse équipe était composée dans sa grande majorité de joueurs émigrés. En parlant de cette période, Mohamed Maouche disait : «Nous étions militants, nous étions révolutionnaires. C’étaient nos plus belles années».

Après la déroute et l’élimination précoce de notre équipe nationale à la dernière coupe d’Afrique des nations, la FAF et son président sont aussi pointés du doigt. Il est reproché au patron de cette puissante institution footballistique sa mauvaise gestion. On l’accuse d’avoir fait le mauvais choix concernant les entraineurs qui se sont succédé à la tête de l’équipe nationale et le manque de matchs de préparation à l’approche des grands rendez-vous footballistiques. Les commentaires vont bon train et certains pensent que la FAF est surtout soucieuse de préserver l’honorable place qu’elle occupe dans le classement de la FIFA, comme si ce rang lui permet une qualification d’office à la coupe du monde. Contrairement aux autres nations, l’Algérie n’a pas mis à profit les dates de la FIFA et a gâché à chaque fois l’opportunité de se frotter aux autres nations pour une meilleure préparation et surtout pour connaitre la valeur réelle des sélectionnés et du groupe. Avec la valse des entraineurs, notre équipe nationale ne connaitra pas la stabilité capable de lui donner des assises. Le professionnalisme «à l’algérienne» est également mis à l’index. Un professionnalisme unique en son genre, à l’état embryonnaire, toujours accroché aux mamelles généreuses de l’Etat. Un professionnalisme incapable de former quelques joueurs pour les donner à l’équipe nationale. Un professionnalisme incapable de se procurer sa bouffe et de subvenir à ses besoins. Un professionnalisme qui offre des centaines de millions à des pousse-ballons et qui dépend uniquement des subventions accordées par l’tat. Un professionnalisme un peu particulier où on voit une société nationale, en l’occurrence la Sonatrach, offrir d’une manière frisant l’indécence des centaines de milliards à un club de la capitale pour, selon les dires de ses responsables, promouvoir le sport national. Ce professionnalisme «à l’algérienne» ne fait rien et se comporte comme un gigolo bien entretenu et pouponné grâce à l’argent du contribuable. La fédération n’est même pas capable de mettre une pelouse à la disposition des joueurs. Pour conclure, on dira que le football algérien est à l’image des autres sports, c’est-à-dire à l’abandon. Ni formation, ni infrastructures, ni stades dignes d’un grand pays. Les terrains offrent un piètre spectacle et les tribunes sont devenues des lieux de violence où viennent se défouler des jeunes en mal de repères. Tous ces facteurs ont poussé les amoureux du football à déserter les stades et tourner le dos à leur sport favori.

La légende vivante, l’académicien et le lutin

Certains analystes mettent les mauvais résultats de l’équipe algérienne sur le dos des joueurs évoluant à l’étranger, les accusant d’être des déchets, des rebuts ou de ne pas trop «mouiller le maillot». La majorité des nations africaines s’appuient sur leurs professionnels établis à l’étranger et l’Algérie ne déroge pas à la règle. A l’exception de quelques joueurs, dont le dernier fut Nabil Fekir, qui ont refusé de rejoindre l’équipe nationale de football, la majorité des joueurs d’origine algérienne évoluant à l’étranger ont toujours répondu favorablement à l’appel de leur pays. L’engouement des émigrés ne date pas d’hier, on a vu les exemples de Natouri et Oudjani. Ils se sont toujours fait un honneur de porter le maillot vert, maillot d’un pays qu’ils n’ont peut-être jamais vu et où ils n’ont jamais mis les pieds. Nos émigrés ne viennent pas pour l’argent car ils perçoivent des salaires conséquents au niveau de leurs clubs. C’est l’appel du cœur. L’exemple nous vient d’Abdellah Medjadi Liegeon, ex-international qui disait, en rejoignant la sélection nationale pour la première fois : «Dès que l’avion s’est posé à l’aéroport, je me suis dit, je suis dans mon pays. C’était peut-être l’un des plus beaux jours de ma vie».

Il faudrait un livre pour raconter l’histoire des hommes qui ont formé la glorieuse équipe du FLN et de leurs exploits. Mais comme nous ne disposons que d’une page nous avons choisi de parler du joueur qui a parfaitement incarné cette fantastique équipe. C’est l’histoire d’un footballeur pétri de talents qui n’a pas eu peur de renoncer à la gloire et à l’argent pour un pays qui n’existait pas encore mais qui était le sien. C’est aussi l’histoire d’un créateur fabuleux qui a donné ses premières lettres de noblesse à l’AS Saint-Etienne. Il a commencé à taper le ballon dans les rues étroites et les terrains vagues de  Sétif avant d’être repéré et recruté par l’AS Saint-Etienne dirigée à cette époque par Jean Snella. Alors qu’il était au summum de la gloire et que l’équipe de France lui tendait les bras, Rachid Mekhloufi surprenait tout le monde en rejoignant Tunis pour jouer avec l’équipe du FLN. Il avait une préférence pour le maillot vert, celui de l’équipe nationale et le vert de l’équipe stéphanoise, sa ville adoptive. Il était entré dans la légende en devenant le footballeur qui incarnait parfaitement la jeune révolution algérienne.

Pour parler de «Moumousse», on doit consulter le dictionnaire car pour illustrer le mot drible, Le petit Larousse avait choisi la photo de Mustapha Dahleb. Ses qualités techniques ont fait du natif de Bejaia le parfait synonyme du mot drible. Il fait également partie de l’histoire du PSG avec ses 85 buts inscrits entre 1974 et 1985, il était le meilleur buteur du club parisien jusqu’à ce qu’un certain Zlatan Ibrahimovic le détrône en 2016. Il a aussi participé à l’écriture de l’histoire du football algérien avec sa participation à la coupe du monde en Espagne. Le Parc des princes était son jardin secret et il était le seul à le faire vibrer. Tous les gosses d’Île de France n’avaient d’yeux que pour lui. Le meneur de jeu de l’équipe parisienne ne s’était jamais fait prier pour rejoindre les verts.

Enveloppée dans l’épais brouillard de l’Angleterre, Leicester était une ville que peu d’Algériens connaissaient. Mais d’un coup de baguette magique, Riadh Mahrez a réussi à soulever, déplacer et à ramener cette ville jusqu’à notre pays pour en faire le club préféré des Algériens. Il sait tout faire avec un ballon. Dribler, tirer et donner des passes décisives. La dernière couronne royale ou la distinction de meilleur joueur de la Premier League ne lui ont pas fait perdre la tête et il répond toujours à l’appel du pays de son cœur. Tous les Algériens ressentent une immense fierté en entendant les éloges de la presse internationale concernant ce lutin. Mahrez est aussi un joueur issu de l’émigration. Lui aussi n’a pas choisi de naître et de grandir en France mais ses parents ou grands- parents ont fui l’injustice sociale et la misère qui sévissaient en Algérie à l’époque coloniale. Prétendre que nos joueurs émigrés sont des déchets, des rebuts ou qu’ils ne mouillent pas assez le maillot est déplacé car ils se sont fait une place et un nom dans des équipes où la place est très chère et doit se mériter par la sueur et le talent. Ils ont répondu positivement à l’appel du pays de leurs parents même si certains ne l’ont jamais vu. On ne peut pas oublier Antar Yahia, Ziani, Bouguerra et Belhadj et leur exploit réalisé à Om Dorman. Eux aussi ont réussi à écrire leurs noms dans l’histoire du football algérien. On continue toujours de défendre nos «zémigrés» même si certains d’entre eux n’ont pas pu résister au chant des sirènes et ont opté pour les bleus. Ils sont Algériens et un Algérien ne peut pas rester insensible à la peine ou à la joie d’un autre Algérien.

Bouali Belaid : le prodige d’une grande lignée de footballeurs

«Pratiquement tous les membres de cette honorable famille ont porté les couleurs de l’équipe très chère aux Asnamis. Fortement connus et appréciés par l’ensemble des habitants de la ville, ils ont fait les beaux jours de l’ASO et ont réussi à écrire les plus belles pages de l’histoire de ceclub. Le Chélif a suivi le parcours exceptionnel de l’un d’entre eux».

J’ai eu beaucoup de peines à obtenir cette interview avec Bouali Belaid car l’ancien meneur de jeu de l’équipe très chère aux Asnamis est un bonhomme très réservé. Discret dans sa vie, c’est le parfait Monsieur qu’on ne croise pas à chaque coin de rue et, quand on le voit, on a l’impression qu’il s’agit d’un mirage. Toujours effacé, presque invisible, il ne se met jamais sous les feux des projecteurs car il tient énormément à cette tranquillité et quiétude dont il ne veut point se départir. Respecté pour sa gentillesse, sa grande éducation et surtout pour ses grandes connaissances concernant le monde du football, Bouali ne veut parler que de la passion qui le dévore, à savoir le football et, à chaque fois qu’on déborde du sujet, il nous le fait sentir en nous priant de discuter seulement du sport et plus particulièrement le football.

Ce que le sport et la ville doivent à La Ferme

Issu d’une famille connue et respectée dans la ville, Bouali Belaid a eu la chance d’être né et d’avoir grandi dans La Ferme. La Ferme, ce quartier populaire plein de tendresse qu’une personne qui m’était très chère aimait follement. La ville et le pays lui doivent à cette cité périphérique d’avoir sacrifié ses meilleurs fils pour libérer le pays. Maamar Sahli, Ahmed Klouche, Mohamed Nasri, Mohamed Bibi et Maamar Messabih sont des chouhada qui ont été allaités au sein de cette vieille dame. Cette Ferme si hospitalière qui a toujours ouvert la porte de sa maison, ses larges bras et surtout son tendre cœur à tous ceux qui ont fui les affres de la misère et l’hostilité de la nature. Elle a également pensé à ses enfants en leur construisant un stade dans lequel ont évolué de très grands footballeurs.

Véritable mère nourricière La Ferme a également sorti de ses entrailles de grands footballeurs qui ont écrit en lettres d’or l’histoire du club cher aux Asnamis. La famille Belaid que les habitants du vieux faubourg de la ville appellent affectueusement Ouled El-Guendouz compte des enfants qui ont le football qui circule dans les veines. Le père, Aami Mohamed, que dieu ait son âme, était un fervent supporter de l’ASO ; il avait une place bien à lui dans les tribunes et ne ratait aucun match de notre équipe. C’était mon grand-père, que dieu ait son âme, qui lui tenait compagnie.

L’ainé de la famille, le défunt Abdelkader Belaid était un brillant joueur. De la race des grands attaquants, il faisait trembler les défenseurs les plus coriaces grâce à ses dribles déroutants et à sa grande vitesse. Très apprécié pour la qualité de son jeu, il était également respecté en dehors des terrains grâce à sa gentillesse et sa grande éducation. Il a quitté ce monde en 2005, laissant un grand vide dans le milieu sportif de la ville. Le second, Ahmed Belaid, était un peu l’enfant terrible du football de la ville. Il évoluait au poste de milieu de terrain et avait l’allure d’un Georges Best du grand Manchester United. Il défiait tous ses adversaires et se battait comme un beau diable sur le terrain. Il convient de souligner que notre bonhomme est connu pour son franc-parler car il a l’habitude de dire les quatre vérités en face de son interlocuteur. Actuellement il parle rarement de football car seule la pêche le passionne. Il est également apprécié et respecté par les habitants de la ville. Le troisième enfant de la fratrie est Djilali Belaid. Très réservé et discret dans la vie de tous les jours, Djilali était un défenseur intraitable. Il ne laissait aucune chance à son adversaire de remporter un duel et arrivait avec une aisance remarquable à stopper tous les contres adverses. Il appliquait à la lettre la fameuse devise que chaque défenseur devait apprendre par cœur et à tous les temps : «Quand l’attaquant passe, le ballon ne passe pas et, quand le ballon passe, l’attaquant ne passe pas». Impossible à joindre pour avoir de ses nouvelles car il n’a pas de téléphone portable. Il faut également signaler que le cinquième enfant, Maamar Belaid, avait également évolué sous les couleurs de l’ASO et a joué avec l’équipe des juniors avant de raccrocher définitivement les crampons.

Agé actuellement de 61 ans, Bouali Belaid a fréquenté l’école primaire de la ferme avant de rejoindre le collège et le lycée de la ville. Comme il était très porté sur le sport, il passera le concours d’entrée au CREPS pour devenir plus tard professeur dans ce domaine qui le passionnait énormément.

Notre talentueux joueur a commencé à taper sur un ballon à «El Ardja», terrain vague qui se trouve à La Ferme et sur lequel ont évolué de très grands joueurs tels que Tahar Bachir, Mustapha Benssada, les frères Belaid et, bien entendu, les frères Bekkakcha (Abed, Messaoud et, également, le sympathique Maamar). Il convient de signaler que les deux premiers joueurs ont fait les beaux jours de l’ASO. Bouali nous dira qu’il a commencé à jouer sur un terrain réglementaire avec l’équipe de la FASSU (sport scolaire) qui était alors dirigée par Mohamed Shailia, Mohamed Zairi et Ahmed Belaid. L’ancien meneur de jeu de l’ASO nous apprendra ensuite qu’il a évolué sous les couleurs de l’équipe cadette de l’ASPTT qui était alors dirigée par le défunt Driss Lahcène. Bouali a insisté pour qu’on rende hommage à Mahmoud Ourabah pour tous les efforts qu’il a consentis pour promouvoir le sport au sein des PTT et de la ville. C’était le parfait bénévole qui sillonnait tous les quartiers de la ville (hiver et été) à la recherche de jeunes talents. Bien entendu, comme beaucoup de natifs du vieux quartier de la ville, notre joueur a également disputé quelques matchs avec l’équipe de «La Rose». Equipe pour laquelle se dévouât corps et âme Nacer Mokhtari. Il faut juste signaler que cette formation participait juste à des matchs de quartier mais elle a vu évoluer dans ses rangs plusieurs grands joueurs qui rejoindront plus tard l’équipe phare de la ville. Une année plus tard, notre meneur de jeu rejoignit l’ASO où il évolua avec l’équipe des juniors qui était alors dirigée par un ancien défenseur du club, le défunt Driss Lahcène. Une année après, ses grandes potentialités footballistiques lui ouvrirent largement les portes de l’équipe première car un grand Monsieur du football, le défunt Abdelkader Maazouza a décelé ses capacités et a fait appel à ses services pour jouer avec l’équipe phare de la ville. Le choix de l’entraineur fut judicieux parce que notre talentueux joueur a réussi à inscrire un but dans le match qui opposa notre équipe face à la formation du CREH El Harrach. Le match s’était déroulé à El Harrach et a surtout permis au jeune joueur qu’il était à l’époque de se libérer et de retrouver la plénitude de tous ses moyens. Il évoque également le facteur chance quand il nous parle de l’inoubliable année sportive 1975-1976, qui a vu le club accéder pour la première fois de son histoire en première division. Il nous a fait remarquer qu’il était le plus jeune joueur de cette formation qui était alors dirigée par le défunt Abdelkader Maazouza. Ensuite, ce fut au tour de l’entraineur Ahmed Arab, natif de la région lui aussi, de lui faire confiance et de le titulariser contre l’ES Sétif. A partir de cet instant, notre talentueux joueur a su saisir la chance qui lui était offerte pour devenir un élément indispensable de la formation d’El Asnam pour la plus grande joie des supporters de l’ASO.

Le fils spirituel de Rachid Mekhloufi

Incontestablement, Bouali gardera un très bon souvenir de son passage avec l’équipe militaire nationale. Un grand respect et une certaine complicité existaient entre le légendaire attaquant de Saint-Etienne et le meneur de jeu de l’ASO. Rachid Mekhloufi n’est pas à présenter car l’équipe de Saint-Etienne était accrochée à ses crampons et l’équipe de France lui ouvrait largement les bras mais il a décliné l’offre pour rejoindre la prestigieuse équipe du FLN. Le meneur de jeu de l’ASO nous apprendra que la veille de son départ pour rejoindre la caserne où il était affecté pour effectuer son service national, l’ASO avait disputé un match contre la DNC-ANP. La formation asnamie était alors dirigée par le russe Rogov et Mohamed Shailia. L’ASO remporta le match par le score sans appel de 3 buts à 0 et Bouali fut le héros de cette rencontre car il avait réussi l’exploit de marquer les 3 buts de la rencontre.

Comme tous les grands sportifs de l’époque, Bouali fut affecté à l’EMEPS de Beni Messous pour accomplir son service militaire. Après un match test disputé face aux anciens joueurs, Bouali fut tout de suite remarqué par Rachid Mekhloufi et Mohamed Soukane qui supervisaient la rencontre. A la fin de la partie, l’ancien attaquant stéphanois ne tarissait pas d’éloges à l’égard du meneur de jeu de l’ASO. Il a dit, en parlant de l’Asnami, que c’était la première fois qu’il voyait un Algérien qui jouait juste. Il faut souligner que ce compliment a énormément ému le joueur d’El Asnam. Bouali nous parla longuement de son passage à l’équipe nationale militaire car c’était durant son service national qu’il a eu le plaisir et le bonheur de côtoyer de grands joueurs de la trempe de Madjer, Belloumi, Assad, Bahbouh et surtout de Guenoun qu’il appréciait énormément. La période de son service militaire a vu aussi la promulgation d’une loi obligeant les joueurs militaires à signer avec un club qui ne devait pas dépasser 50 km loin de la caserne. Rachid Mekhloufi a beaucoup insisté pour que Bouali signe avec un club algérois de son choix mais le joueur asnami déclina la proposition en lui faisant savoir que l’ASO passait avant tout. L’ancien stéphanois fut très déçu mais a parfaitement compris le choix de son protégé. En parlant de ce grand Monsieur du football, Bouali Belaid ne tarit pas d’éloges à l’égard du célèbre attaquant de l’équipe nationale algérienne. Il le considère un peu comme son père spirituel dans la mesure où il a appris énormément à ses côtés. Il nous a dit qu’il lui a inculqué que la beauté de ce sport qui passionne les foules réside dans sa simplicité. Bouali veut absolument lui rendre hommage et il ne cache pas qu’il ressent un grand honneur et une immense fierté d’avoir été dirigé par des entraineurs prestigieux de la trempe de Rachid Mekhloufi et de Mohamed Soukane. Il nous a déclaré que c’était grâce à l’équipe nationale militaire qu’il a beaucoup voyagé et vu de nombreux pays. Il a disputé avec l’équipe militaire nationale beaucoup de matchs en Allemagne fédérale, en Italie et également à Malte ou en Libye.

Après avoir accompli son service national, il rejoindra l’équipe qui était très chère à ses yeux, à savoir le club de sa ville natale. Il a continué à jouer au sein de la formation de l’ASO jusqu’en 1986, année de se dernière saison avec l’équipe chère aux Asnamis. Il a tenu à nous faire savoir qu’il a aussi fait partie de l’équipe qui a réussi l’accession durant l’année sportive 1982-1983 qui était alors dirigée par l’ancien gardien de but, devenu entraineur par la suite, à savoir Abdellah Hamouni. Avant de clore cet épisode de sa carrière comme joueur, il est bon de savoir que Bouali n’a reçu qu’un seul carton rouge durant tourte sa carrière.

Un entraîneur bien comblé

Après une carrière bien remplie en tant que meneur de jeu, notre talentueux joueur a décidé en toute logique d’embrasser le métier d’entraineur. Il a voulu mettre toutes ses connaissances dans ce domaine à la disposition des équipes qui feront appel à ses services. Il a fait le baptême de cette passionnante aventure avec le CRB El Attaf en tant qu’entraineur-joueur. Sous sa direction, le club a goûté au plaisir de bien jouer et, surtout, d’accéder en division supérieure en 1990. Il nous apprendra également qu’il entrainé le CR Oum Drou et le SCAF Khemis Miliana durant les années sportives 1992-1993 et 1993-1994. Il a ensuite rejoint le club de sa ville natale lors de sa participation à la coupe arabe. Son passage à son ancien club fut fructueux puisqu’il a réussi à le faire accéder en première division. Le CRB Boukadir a également fait appel à ses services durant deux années successives (1995-1996, 1996-1997).

Répondant toujours à l’appel du cœur, le respectable joueur rejoignit l’ASO en 1997. Il mit en œuvre  tout son talent et son génie a profit de son club puisqu’il réussit à le faire accéder en première division en 2001. Son passage au RCB Oued Rhiou fut également jalonné de succès car, sous sa houlette, le club a réussi à accéder en division supérieure (Nationale 2) en 2002. Il a mis fin à cette riche carrière d’entraineur en 2008. Après un palmarès bien rempli en tant que joueur et comme entraineur, notre sympathique Bouali savoure tranquillement sa retraite en compagnie de son frère et ami Tahar Bachir. Il n’a pas oublié le football car il lui arrive souvent de disputer quelques rencontres entre amis.

Ses conseils, ses souhaits et une autre passion : la poésie

Quand on lui a demandé quels sont les conseils qu’il prodiguerait à un jeune joueur qui veut embrasser une carrière de footballeur de haut niveau, Bouali nous dira tout simplement qu’il doit aimer ce sport, en faire une passion et une profession bien entendu si jamais l’occasion se présentait. «Il faut aimer ce sport pour le pratiquer», insiste-t-il.

Voulant connaitre son avis sur les sommes faramineuses que perçoivent les joueurs, l’ancien meneur de jeu de l’ASO nous a répondu que les sportifs professionnels doivent mériter ce qu’ils gagnent et pour cela, ils doivent suer et fournir le maximum d’efforts. Il nous dira qu’il n’est pas contre le fait qu’ils touchent de grosses sommes mais «ils doivent mériter cet argent».

Ce n’est finalement qu’à la fin de l’entretien qu’il a accepté qu’on délaisse un peu le sport pour aborder d’autres sujets. Il m’a déclaré que le film qui l’a énormément touché était celui réalisé par Benameur Bekhti consacré à Cheikh Bouamama. On se rappelle que Cheikh Bouamama a dirigé la résistance contre le colonialisme de 1881 à 1908, dans le sud ouest oranais, causant d’importantes pertes à l’ennemi. Il nous avouera par la même occasion qu’à ses heures perdues il se laisse bercer par la voix envoutante de Hachemi Guerrouabi et, enfin, s’il allume la télévision c’est juste pour voir des émissions sportives.

On connaissait Bouali le joueur, Bouali le professeur de sport et aussi Bouali l’entraineur mais, durant notre entretien, on a découvert Bouali le poète. On termine cette entrevue par quelques strophes relevées d’un poème qu’il a écrit en 1983 à l’occasion de l’accession de l’ASO en première division.

Le poème s’intitule «L’accession». Nous en reproduisons cet extrait :

 «C’est sous un signal de détresse

Que nos vingt athlètes se réunissent

Et pour le même but se font fait des promesses

Tous pour un, un pour tous Chlef reprendra sa place

Tous les responsables encouragèrent notre relance

Et les supporters en nous placèrent leur confiance.»

Merci l’artiste.

ON DOIT LEUR FAIRE CONFIANCE CAR ILS SONT NÉS CHEZ NOUS

Voulant connaitre son opinion sur la désignation de Rabah Madjer à la tête de l’équipe nationale, Bouali nous a tout de suite fait part de sa satisfaction concernant ce choix judicieux. Il nous expliquera ensuite que les verts ont toujours obtenu de bons résultats quand ils sont entrainés par un entraineur (Bouali préfère utiliser le terme «staff») algérien. Quand on lui parle de l’élimination de notre onze national en coupe du monde, il nous répondra que ce n’est pas la fin du monde mais il faut se remettre au travail car c’est grâce au labeur et à la sueur qu’on obtient de bons résultats. Il nous dira également que notre équipe nationale traverse une mauvaise période et qu’il faut l’aider à se reconstruire. Concernant l’appel des joueurs algériens qui évoluent en Europe, il nous déclara que l’équipe nationale doit être formée surtout par des joueurs locaux auxquels on ajoute les meilleurs joueurs évoluant outre-mer. Son seul souhait est de voir la FAF s’occuper sérieusement du championnat national tant sur le plan du jeu ou organisationnel. Il veut également que les responsables de notre sport choisissent le gazon naturel qui est à même de développer le football mieux que le gazon synthétique. Parlant des joueurs qui l’on impressionné il citera sans l’ombre d’une hésitation, HacèneLalmas, Belloumi, Madjer, et les défenseurs Fodhil Megharia et Miloud Hadefi. Il regrette que les deux défenseurs n’aient pas joué ensemble car ils auraient constitué une formidable charnière centrale nous confia-t-il. Il a également parlé des joueurs qui l’ont fait rêver comme Pelé, Beckenbauer, Maradona et bien entendu Messi et Ronaldo.

Abdekader Dif, l’homme aux missions impossibles

Il avait toujours cette faculté à marquer le joueur, le suivre partout où il allait. Telle une ombre pesante, il collait au corps de l’attaquant de l’équipe adverse et arrivait à l’étouffer et finalement à le neutraliser.

Comme il naquit et passa son enfance dans le quartier populaire de La Ferme, le stade et les joueurs de l’époque n’avaient pas de secrets pour lui. Il sentit l’odeur du ballon rond dès son jeune âge.

En 1964 et alors qu’il n’avait que dix-neuf ans, il fit ses premiers débuts avec l’équipe des juniors de l’ASO qui étaient alors entrainés par Lahcene, plus connu à Chlef sous le nom de Driss. Il occupait le poste de milieu de terrain et il participait énormément au jeu offensif de son équipe. Il aimait dribler, tirer et quelquefois marquer des buts.

Une année après, Maazouza, alors entraineur de l’équipe chère aux Asnamis, lui fit confiance et l’intégra dans l’équipe senior. Il se souvient très bien de son premier match joue à Khemis Miliana en coupe d’Algérie contre l’équipe de la pharmacie d’Alger. Match, il faut le rappeler, remporté  par l’ASO sur le score sans appel de 5 buts à 1. Il avait comme coéquipiers des joueurs qui écriront plus tard l’histoire de l’ASO et qui avaient pour nom : Fedlaoui, Aidadou, Meddadi et Belkkaim. En évoquant les noms de ses anciens coéquipiers, on ressent toujours cette grande émotion qui s’empare de notre cher Dakka.

L’empêcheur de jouer et ses premières missions

Il commença à effectuer ses premières missions difficiles tout d’abord contre le WA Boufarik où l’entraineur de l’époque lui donna la consigne d’empêcher le célèbre attaquant du WAB, Rouaï, de marquer des buts ou, tout simplement, de jouer. Il s’acquitta de cette mission avec brio et panache avec en prime une victoire de l’ASO sur l’équipe de la Mitidja.

Depuis cette rencontre, Dif a acquis la solide réputation d’être le défenseur qui arrivait facilement à neutraliser les attaquants adverses.

Plus tard, il se verra confier d’autres missions encore plus périlleuses à savoir museler Berroudji, le célèbre ailier de l’OM Ruisseau (Alger), ensuite Tchalabi, le virevoltant attaquant de l’OM Saint-Eugène (Alger) et, plus tard, le monument du football algérien, Hacène Lalmas qui jouait alors au sein de l’équipe de la sante d’Alger.

Quand il nous parle de ces joueurs, l’enfant de La Ferme reconnait sans aucune hésitation que c’est Berroudji qui lui a donné beaucoup de fil à retordre.

L’attaquant de Ruisseau était fort de corpulence, rapide et surtout savait encaisser et donner des coups. Ce qui rendait la tâche de notre défenseur très délicate pour ne pas dire difficile. Mais à chaque rencontre, notre défenseur accomplit sa mission en mettant sous l’éteignoir n’importe quel attaquant, sans recevoir la moindre sanction.

Pour accomplir cette mission un peu spéciale, Dif nous dira d’emblée que le défenseur doit jouir d’une grande condition physique afin de suivre l’attaquant dans les différents recoins du terrain (même dans les vestiaires, plaisanta-t-il). Ensuite, il doit éviter les fautes inutiles et savoir garder son sang-froid. Enfin, il recommande au défenseur qui accomplit cette délicate mission d’être discret et de ne pas trop se faire voir par les arbitres.

Fedlaoui : l’homme aux mille qualités

Invité à nous parler des hommes qu’il a connus et qu’il considère comme ayant contribué au développement du sport à Chlef, Dif citera les anciens dirigeants SayahB ouali et Houari Belkacem, le premier pour son charisme et sa générosité, le second pour sa grande culture et ses vastes connaissances des lois et règlements régissant le monde du sport et en particulier le football.

Comme entraineur, il nous parlera avec beaucoup de respect de Maazouza connu pour son sérieux et la discipline qu’il a su instaurer au sein du club et du Bulgare Popov qu’il admirait comme entraineur et surtout comme joueur grâce à ses immenses qualités techniques.

Parlant des joueurs qu’il a eu l’honneur de côtoyer, il ne tarit pas d’éloges sur Fedlaoui. Dif dissertera longuement sur le célèbre attaquant de l’ASO en mettant en valeur ses qualités humaines et techniques. Fedlaoui était craint et respecté par tous les défenseurs adverses. Il nous parla de ce grand buteur en insistant sur sa gentillesse, sa modestie et sa retenue. «On n’entendait jamais sa voix, ni dans le terrain ni en dehors du terrain, disait-il. On comptait beaucoup sur lui et il arrivait toujours à nous libérer en inscrivant le but de la victoire».

Quand on lui demandait de nous parler des évènements qui l’ont marqués durant sa carrière footballistique, il a répondu que le meilleur souvenir est pour lui la victoire contre l’OM Saint-Eugène) (3 buts à 0) alors que le plus mauvais reste sa vilaine blessure au genou gauche qu’il a trainée comme un boulet de canon.

Dif et la violence dans les stades

Concernant la violence qui gangrène le football algérien, «le fermier» accuse certains dirigeants d’être les véritables instigateurs en ne donnant pas le bon exemple. «Certains pays ont su la combattre ; alors, pourquoi pas nous ?», disait-il. Enfin, il déplore le manque de centres de formation. Chaque club qui se respecte doit posséder sa propre école et former ses futurs joueurs, ne cessait-il de répéter.

Le double pari de Dif

Quand on parle de Dif en tant que sportif, on ne doit pas oublier l’enseignant qu’il était. Ce grand joueur a consacré toute sa vie à l’enseignement qu’il entama en 1963 à Hay Chara (Bocca Sahnoun) comme moniteur de Français et la terminer comme directeur d’école à Sendjas en 1998. Il a su allier intelligemment ces deux activités. C’est pour cela qu’il demande aux jeunes enseignants de prendre soin des élèves et de leur inculquer les vraies valeurs dès leur jeune âge.

Gratitude et reconnaissance des chélifiens

Durant notre entretien et en arpentant les différentes rues de sa Ferme natale, nous avons pu mesurer l’immense considération dont il jouit auprès de la population de la vieille ville. Là où il passait, on le saluait, on l’embrassait et on demandait de ses nouvelles.

Il nous disait avec fierté que cette considération et ce respect n’ont pas de prix. En terminant cette discussion, Dif regrette qu’un club aussi prestigieux que l’ASO ne dispose pas d’un grand cercle pour permettre aux anciens joueurs et supporters de se retrouver et de se revoir. Et également pour donner l’occasion aux jeunes de les connaitre davantage.

Bahloul Gnaoui, un athlète hors du commun

Il fait partie de ces gens qui forcent le respect et l’admiration. Il est admirable sans jamais chercher à l’être. Spécialiste du cross-country, du demi-fond, du fond et du marathon on peut dire qu’aucun stade d’Algérie n’a de secret pour lui. Il connait les pistes du Maghreb, d’Afrique et du Proche-Orient. Il a laissé son empreinte dans plusieurs villes d’Europe.

Bahloul Gnaoui a été plusieurs fois champion d’Algérie mais, dès qu’on l’aborde, on est vite frappé par cette humilité, cette modestie qui ne sied qu’aux grands de ce monde.

Beaucoup de Chélifiens disent pour plaisanter que Bahloul est né en courant. D’autres toujours pour rire disent qu’il est né dans une piste d’athlétisme. Cependant, tout le monde est d’accord pour affirmer que Gnaoui est fait pour courir. Il ne savait pas faire autre chose. Courir pour s’adonner à cette passion qui le dévorait et courir pour honorer sa ville et plus tard son pays avec l’équipe nationale.

Né en 1942 dans le quartier populaire de Bocca Sahnoun et cadet d’une famille nombreuse, Bahloul perdit son père alors qu’il n’avait que quelques mois. Bahloul n’aime pas trop s’étaler sur cette enfance malheureuse et parle difficilement des privations dont étaient victimes les Algériens (les indigènes de l’époque) durant la sombre période coloniale. Comme la plupart de ses semblables, il quitta l’école à un âge précoce avec, comme seul diplôme, un certificat d’études primaires.

C’était en 1958, et au foyer sportif de Bocca Sahnoun que notre prodigue fit ses premiers pas dans l’athlétisme. Il avait comme entraineurs Miloud Souchi et Hanzel Mohamed. Il participa au tournoi de cross-country de La Ferme (Kouasmia) où il se classa 6ème. Cette place lui valut alors la qualification au championnat d’Algérie. Le jeune athlète de l’époque commença alors à se frayer son petit bonhomme de  chemin dans ce sport très dur et qui demandait d’énormes sacrifices.

Puis vint l’indépendance et la grande consécration

C’était surtout après l’indépendance que le jeune talent de l’époque étala tout son savoir-faire et confirma sa grande classe. En 1963, Il remporta le championnat d’Algérie du 10 000 mètres piste à Alger en établissant un record d’Algérie en 32 minutes. La même année, il sortit victorieux du 5 000 mètres en 15 minutes. En 1965, il participa au championnat d’Algérie de cross-country où il prit la deuxième place. Comme le sport ne lui permettait pas de subvenir aux besoins de sa famille, il a dû travailler au sein de la direction de la Jeunesse et des Sports. Après tous ces succès et ayant acquis une solide notoriété, notre athlète est naturellement appelé en équipe nationale avec laquelle il participa au tournoi de Tunis. Il a été classé meilleur athlète algérien. Toujours en 1965, il participa avec la sélection nationale au Tournoi International de Cross-country qui s’est tenu à Rabat. Bahloul ne tarit pas d’éloges en parlant du héros de cette course qui s’appelait Gamoudi.

A la conquête du marathon

C’est en 1974 que notre talentueux athlète opta pour cette terrible épreuve d’endurance. Il remporta haut la main le tournoi régional du semi-marathon qui s’est tenu à Alger (El Biar). La même année, c’est-à-dire en 1974, il se classa premier au championnat national. Toujours durant cette année-là, il suivit un stage de préparation à Bordeaux en vue des Jeux Méditerranéens qui se sont tenus en 1975 à Alger. Il connut sa première déception sportive durant ces jeux où ? la mort dans l’âme, il a dû abandonner la course (à seulement 1km de l’arrivée) à cause d’une méchante blessure. En 1978, il a réussi à obtenir la quatrième place au championnat panarabe qui s’est tenu à Baghdad (Irak). Les joueurs de l’équipe nationale d’athlétisme sont allés en Tchécoslovaquie pour préparer les Jeux Africains qui se sont tenus dans notre pays. Il s’est classé à la sixième place avec de grands athlètes comme l’Ethiopien Ifter ou le Kenyan Rono. Il a également été classé comme meilleur athlète algérien au championnat de cross-country qui s’est tenu à San Sébastian (Espagne).

Laissez- moi courir, courir…

En 1980, un violent séisme endeuilla la ville et le sport, plus particulièrement l’athlétisme, connut une véritable paralysie. Bahloul Gnaoui a été appelé pour entrainer l’équipe de l’ASO. Il mit tout son savoir-faire et son expérience au service de son club. Ce n’est que quelques années plus tard que les activités sportives commencèrent vraiment à se réveiller et on a vu notre champion participer au semi-marathon d’El Affroun en 1991. En 1994, il mit fin à la haute compétition mais cela n’a pas empêché notre champion de s’adonner régulièrement à la pratique de son sport favori en participant à des tournois organisés dans la ville ou à travers tout le territoire national. Il ne sait faire que ça. Malgré ses 73 ans, Il continue toujours de défier le temps, l’âge n’a aucun impact sur lui. On dirait qu’il lui parle et qu’il lui chuchote à l’oreille : laissez-moi courir, courir… Infatigable, il ne sait pas s’arrêter.

Invité à nous évoquer les bons et mauvais moments qui ont marqué sa vie, Bahloul nous parlera sans l’ombre d’une hésitation du jour de l’indépendance et de la liesse populaire qui s’en est suivie. Il nous parlera également des nombreux voyages effectués dans plusieurs continents et des villes visitées grâce au sport. L’émotion est très forte quand il nous parla de la mort de son ami le Chahid Ahmed Klouche lâchement assassiné par les militaires français alors qu’il venait de participer à un grand tournoi sportif.

A l’instar des grands champions qui se sont sacrifiés et qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour rehausser les couleurs nationales, Bahloul se sent un peu oublié. Il espère vivement que les autorités fassent un geste à son égard pour les énormes services rendus au pays. Notre athlète tient particulièrement à rendre hommage aux différents entraineurs qui l’ont accompagné durant sa carrière, à savoir Mohamed Henzal, Miloud Souchi, Bouali et Abdelkader Beldjouher.

Comment les Chélifiens voient leur idole ?

Mohamed Mansour, fonctionnaire en retraite et ancien voisin de Bahloul :

«Je connais Bahloul depuis ma plus tendre enfance. Enfant, il était estimé par tout le voisinage. C’était quelqu’un qui était toujours disponible à aider son prochain. Il adorait surtout rendre service aux personnes âgées. Il avait une certaine prédisposition pour l’athlétisme parce qu’on le voyait tout le temps courir. Je garde toujours en mémoire le jour où il m’a sauvé d’une noyade certaine dans le canal (séguia) à Bocca Sahnoun. Lors des excursions organisées par les militaires français au profit des indigènes, on allait à la mer et c’était lui qui mettait de l’ambiance dans le groupe. Gentil et courtois, son nom n’a jamais été associé à une quelconque affaire sordide. Il n’élève même pas la voix quand il parle. Dommage que les jeunes ne le connaissent pas.

Hamid Belmokhtar, ancien footballeur et ami de Bahloul :

«Je connais Bahloul depuis très longtemps et je peux vous assurer qu’il a toujours été simple et modeste. Sympathique et honnête, il a su attirer le respect de tous les chélifiens. Comme beaucoup de grands sportifs de notre pays, Bahloul a été marginalisé. On aurait pu faire appel à lui pour mettre sa compétence et son expérience au service du sport algérien. On s’entraine d’une manière régulière et nous continuons encore à participer à des compétitions sportives dans le cadre du sport et travail. On ne dit que du bien de lui. Beaucoup de personnes ont rendu d’immenses services au sport algérien et les jeunes doivent les connaitre pour qu’ils ne meurent pas dans l’oubli et l’indifférence.

A. D.