Les idées novatrices ne manquent pas chez les dirigeants du groupe Soprec d’Oum Drou. De la petite entreprise de bâtiment aux installations photovoltaïques en passant par la production de matériaux de construction et d’isolation aux standards internationaux, les dirigeants ont décidé d’investir aujourd’hui dans le domaine de la santé. Un pari des plus difficiles qui a été pourtant tenu par Abdallah Hadj Larbi, le P-DG du groupe et ses associés. Reportage.
Tous les habitants d’Oum Drou -ou qui s’y rendent pour une raison ou une autre- ont remarqué l’imposante construction tout en verre qui se dresse au centre du village. La bâtisse tranche singulièrement avec les maisons basses alentour avec son architecture moderne et ses quatre niveaux. C’est la plus haute du village. De la terrasse, on a une vue à 360° sur tout Oum Drou, ses collines environnantes et sa plaine. C’est le futur centre de diagnostic et de dialyse du Groupe industriel Soprec dirigé par la famille Hadj Larbi.
Abdallah Hadj Larbi, originaire de ce petit village situé à moins de 5 km à l’est de Chlef-ville, est le président-directeur général du groupe Soprec, une des plus anciennes entreprises de la région, qui active dans de nombreux secteurs parmi lesquels le bâtiment et la production de matériaux de construction occupent une place de choix. Le groupe développe aussi des matériaux innovants à base de plâtre pour l’isolation phonique et thermique ainsi que des solutions en matière d’énergie solaire et éolienne. Soprec s’intéresse aussi à l’agriculture et projette à l’avenir de développer plusieurs activités économiques et industrielles.
C’est en connaissance de cause, et parce qu’il connaît parfaitement les énormes besoins de santé des citoyens de sa région, que M. Hadj Larbi a convaincu ses associés de créer un centre médical doté d’équipements de pointe pour le diagnostic, les analyses et, surtout, la dialyse. Non pas à Chlef où les investisseurs se bousculent, occupant le moindre terrain et espace vide, mais ici, dans ce petit village qui semble vivre hors du temps. Et c’est à dessein.
Dans ce futur centre qui ouvrira bientôt ses portes, les prestations qui y seront assurées vont du simple prélèvement sanguin aux fins d’analyses courantes, à l’imagerie médicale de nouvelle génération en passant par la dialyse et les consultations dans neuf spécialités médicales et médico-chirurgicales. Et ce n’est pas sans fierté que M. Hadj Larbi nous a montré, lors de la visite de cette imposante structure à laquelle il nous conviés, jeudi dernier, les différents équipements et installations qui seront mises au profit des malades de la région. Des patients qui n’auront plus dorénavant à effectuer les pénibles déplacements à Blida, Alger ou Oran pour des soins et diagnostics qui ne sont pas –ou peu– pratiqués à Chlef.
M. Hadj Larbi promet l’ouverture du centre dès juin prochain, expliquant que le chantier a repris après que l’actuel wali a levé tous les blocages. Pour rappel, les travaux ont dû être interrompus pendant plusieurs mois à cause de la fermeture du guichet unique du Calpiref. Il ne restait alors que quelques retouches et finitions que les sous-traitants s’activent aujourd’hui à réaliser. À parfaire, devrions-nous dire car, ici, il n’y a pas de place au bricolage, rassure le maitre de céans. L’exigence est d’utiliser les matériaux appropriés, quel qu’en soit le prix qu’il faut y mettre. L’exemple qui illustre parfaitement cet état d’esprit, ce sont les matériaux assurant le parfait équilibre acoustique au niveau de chaque étage. Des plaques discrètes posées au plafond combinées à des murs isolants assurent une parfaite insonorisation. Les bruits provenant de l’extérieur sont amortis par un double vitrage d’une épaisseur de 2,4 centimètres. Des rideaux posés le long des fenêtres viennent compléter le dispositif, permettant à la fois d’agir sur la lumière autant que sur les bruits. La climatisation et le chauffage sont centralisés et créent l’ambiance thermique voulue à tous les niveaux.
Équipements de pointe pour une prise en charge optimale
Achevé à plus de 99%, le centre recevra incessamment l’IRM, le scanner, les différents équipements de radiologie et de laboratoire et, bien entendu, les 45 appareils d’hémodialyse. L’investisseur nous a signalé que tout le matériel est signé General Electric, le géant américain du génie électrique et électronique dont le nom fait référence pour ce qui est conception et production d’appareils et équipements médicaux. Le centre médical Soprec sera équipé d’appareillage de dernière génération qui a coûté pratiquement trois fois plus cher que le matériel similaire actuellement utilisé en Algérie. Cela, parce que M. Hadj Larbi n’est pas du genre à faire dans les économies de bout de chandelle. Ni un adepte du suivisme et du mimétisme, « surtout qu’il s’agit de la santé des Algériens » selon ses dires. Notre amphitryon s’inscrit en faux contre ceux qui pensent qu’il est « superflu » d’offrir autant de confort et de quiétude aux malades et à leurs accompagnateurs. Par exemple, à chaque niveau, il a été réalisé des toilettes aussi bien pour le personnel que pour les malades et leurs accompagnateurs. On en compte 19 au total. Il n’en existe nulle part autant ailleurs, ni dans les cliniques, ni dans les laboratoires, ni dans les autres structures de santé, qu’elles soient publiques ou privées.
Des cabines de déshabillage, des salles de repos, des bureaux pour divers usages, des salles de conférences, des cabinets de consultation… tout a été réfléchi pour un fonctionnement optimal du centre. Même les femmes de ménage n’ont pas été oubliées, qui disposent elles aussi d’espaces qui leurs sont dédiées à chaque étage.
Pour permettre aux médecins de récupérer, tout un niveau leur est réservé. C’est une espace de vie où ils peuvent préparer leur café ou thé, se doucher, suivre la télévision. Des chambres spacieuses leur permettent de se reposer et passer la nuit quand ils sont d’astreinte.
Bien que situé au cœur du village, le centre, bâti sur une superficie de 600 m², demeure accessible aux véhicules et, bien sûr, aux ambulances qui disposent de leur propre entrée à l’édifice, là où le patient est pris en charge par les équipes d’urgence. Un monte-charge donne accès aux salles de dialyse et de diagnostic. Les prélèvements sont effectués à partir de l’ambulance sur les patients impotents ou non-autonomes.
Une référence nationale
Malades et accompagnateurs sont reçus dans la vaste salle d’accueil située au rez-de-chaussée ; chaque service est doté d’une réception et d’un secrétariat. Les lieux sont pensés aussi bien pour les personnes valides que pour celles se déplaçant sur chaise roulante.
Autant de commodités qui permettent de gérer le flux des patients et leur prise en charge immédiate.
« C’est la marque de fabrique du Centre médical de Soprec où nulle erreur n’est tolérée ; chaque élément du dispositif étant formé à son poste de travail », explique M. Hadj Larbi qui nous apprend qu’une salle spacieuse (que nous avons visitée) est spécialement réservée à la formation sur site. Ici, se tiennent les colloques entre médecins, les séances de formation des agents paramédicaux, des techniciens et de l’ensemble des autres corps de métier comme les agents de sécurité, les réceptionnistes, les agents d’entretien…
L’ambition du groupe Soprec n’est nullement exagérée de faire en sorte que le centre médical soit considéré comme une référence sérieuse en matière de diagnostic, de traitement et de fiabilité dans tous les domaines. « Il suffit d’une organisation adéquate pour que le tout fonctionne en harmonie », nous dit-on. Comme lors de la mise en route du projet, tout a été étudié dans le détail avec la collaboration et l’implication des architectes, des ingénieurs en génie-civil et des médecins, voire des responsables du secteur de la santé que les dirigeants du groupe Soprec ont associés à la phase de conception… La protection civile a été aussi partie prenante de la conception du projet sur le plan de la sécurité car il faut penser à toutes les éventualités. D’où les systèmes d’alarme et anti-incendie installés à chaque niveau, outre les consignes rigoureuses qu’auront à faire respecter les agents affectés au service d’hygiène et de sécurité.
Conçu à près de 100% avec des produits algériens… dont 60% venant de Chlef
M. Hadj Larbi nous a étonnés lorsqu’il nous a appris que le centre médical a été construit avec des matériaux et produits à 100% algériens. Et le plus abasourdissant, c’est que 60% de ces produits sont usinés à Chlef. Une performance à signaler en ces temps de crise économique aiguë parce qu’il est encourageant de savoir que les unités de production de Chlef sont capables de relever nombre de défis. Et de réduire de manière ostensible les coûts de réalisation de n’importe quel projet de construction. Il faut le préciser aussi, c’est l’entreprise Soprec qui s’est chargée elle-même de construire son ouvrage après avoir confié sa maîtrise à un bureau d’études privé installé à Chlef.
Ailleurs, dans d’autres wilayas, un projet similaire aurait coûté trois à quatre fois plus cher… et des délais de réalisation à rallonge. Cela ne peut être admis chez Soprec qui s’est chargé lui-même, à travers son entreprise de bâtiment, aussi bien de la partie gros-œuvres et béton que des séparations et finitions intérieures et extérieures.
Autre information qui n’est pas à négliger, l’alimentation en énergie électrique du centre. Soprec, à travers sa filiale « Alener », une entreprise spécialisée dans l’installation (et la formation) en énergie solaire, a équipé le centre médical d’une unité développant l’équivalent de 15 kilowatts. Pratiquement, cette installation assure tout l’éclairage intérieur et extérieur.
De même, l’eau chaude est fournie par un chauffe-eau solaire. Un groupe électrogène de secours d’une puissance de 45 kVa signé « GMI » assure l’alimentation électrique en cas de panne.
D’autres innovations comme l’informatisation des prestations, les prélèvements à domicile, les urgences médicales seront un fait palpable au niveau du centre médical Soprec d’Oum Drou.
Rendez-vous est pris avec le P-DG de Soprec pour l’inauguration de cette structure de santé qui augure des lendemains meilleurs pour tous les patients à qui Hadj Larbi souhaite guérison et rétablissement.
Le Chélif
Érigé sur un terrain vague au centre du village
Le centre cause de nombreux «bienfaits collatéraux»
Au moment où nous apprêtions à pénétrer dans le centre médical de Soprec, un septuagénaire a abordé Abdallah Hadj Larbi en ces termes : «Dieu saura récompenser les âmes charitables et les gens de bonne famille, c’est une bénédiction qui nous est tombé du ciel, que dieu vous préserve…»
Les propos s’adressaient, on l’a compris, à notre accompagnateur que tout le monde connaît ici pour sa générosité et ses nombreux actes de bienfaisance. D’ailleurs, la construction du centre a profité aux habitants du quartier puisque les trottoirs ont été refaits à neuf et sur plusieurs dizaines de mètres. De même, et quand bien serait-elle aujourd’hui peu dense, la circulation automobile sera revue de façon à ce qu’elle se fasse dans un seul sens afin d’éviter les désagréments causés par le stationnement anarchique.
Au cours de la discussion, M. Hadj Larbi nous apprend que l’école primaire mitoyenne a bénéficié de quelques travaux et équipements entièrement à la charge de Soprec. Il s’agit de la plantation d’arbres tout autour de l’établissement, du dallage d’un vaste espace rongé par les mauvaises herbes et, plus important, l’installation sur le toit de l’école de panneaux photovoltaïques et d’un chauffe-eau solaire. Une initiative fort appréciée des parents d’élèves et des éducateurs qui ne sont pas près d’oublier ce geste de solidarité citoyenne.
Du haut de la terrasse où il nous explique le fonctionnement des installations énergétiques, M. Hadj Larbi nous montre la mosquée mitoyenne qui a été construite par les soins de son groupe. « Dieu a fait que l’on construise ce centre juste à ses côtés… », dit-il, ajoutant que le terrain sur lequel est bâti la structure médicale abritait auparavant un vieux dispensaire en préfabriqué. Après la réalisation d’un nouvel établissement similaire, ledit dispensaire a été démoli. Le terrain est resté longtemps en friche jusqu’à ce que les autorités suggèrent aux responsables de Soprec de le lui céder. La condition exigée est que soit réalisé en lieu et place un établissement de santé. L’idée n’a pas déplu aux responsables qui ont, dès lors, lancé une étude sur la faisabilité du projet, son utilité sociale mais aussi son apport économique. Ainsi est né le projet de centre médical de diagnostic et de dialyse à Oum Drou.
L. C.