Par Mourad Bendris
Les derniers jours de l’année 2021 n’ont pas été cléments pour le porte-monnaie et les nerfs des Algériens. Le retour de la pénurie de l’huile de table et la persistance de la hausse des prix de nombre de produits alimentaires ont, en effet, constitué pour eux d’amers cadeaux de fin d’année. Des cadeaux qu’ils auraient souhaité ardemment ne pas recevoir !
Déprimants à plus d’un titre, le retour des pénuries et la persistance de la hausse des prix poussent nombre de citoyens à s’interroger sur cette situation anachronique. Et comment ne peuvent-ils le faire quand, pratiquement, toutes les déclarations officielles et nombre de reportages diffusés sur certaines chaînes de télévision insistent sur le fonctionnement ordinaire des unités de production d’huile de table ? Et quand les auteurs de ces déclarations et ces mêmes chaînes de télévision ne ratent aucune occasion pour mettre en exergue la couverture des besoins nationaux en produits agricoles par la production nationale ? Tous ces éléments réunis poussent le pauvre citoyen lambda à se demander où se situe la faille qui fait qu’entre le discours réconfortant qui lui est servi au quotidien sur la disponibilité des produits alimentaires et la réalité, démentant un tel discours, qu’il palpe là aussi au quotidien, il existe un hiatus.
La crédibilité des pouvoirs publics en jeu…
Habitué à tout mettre sur le dos des pouvoirs publics – n’est-il pas insidieusement orienté dans ce sens ? -, le consommateur algérien n’a pas manqué de leur imputer l’entière responsabilité de ces situations. Et c’est tout bonnement qu’il exige d’eux de combler au plus vite ce hiatus. Ce qui ne constitue nullement des revendications déplacées. Détenteurs de tous les moyens légaux pour la protection du consommateur et la répression des actes – et de leurs auteurs – susceptibles de porter atteinte à ses intérêts tels, entre autres la provocation de pénuries de produits alimentaires et la hausse injustifiée de leurs prix, les pouvoirs publics sont, en effet, tenus d’apporter tous les éclaircissements requis sur ce retour à la pénurie de l’huile de table et sur la persistance de la hausse des prix de quasiment tous les produits alimentaires. Et le plus tôt possible sera le mieux. Faut-il préciser que tout retard dans ce sens ne fera qu’écorcher davantage leur réputation déjà entamée auprès de pans non étroits de la société. Le citoyen lambda est en droit de connaître les causes réelles des méfaits précités qu’il subit et les pouvoirs publics ont l’impérieux devoir d’éclairer sa lanterne. Ce qui suppose que ces derniers sortent des discours lénifiants et contre-productifs qu’ils ne cessent de servir aux Algériens sur la disponibilité des produits pourtant disparus des étals et sur une couverture des besoins nationaux (en produits agricoles) par la production nationale quand ces mêmes produits leur parviennent à des prix défiant tout entendement. En clair, les pouvoirs publics sont tenus de dire si ces méfaits ont des causes objectives qui écartent toute idée d’action préméditée visant à perturber non pas uniquement le circuit commercial mais, à travers lui, l’ordre public. Ou, au contraire, s’ils sont intentionnellement provoqués. Dans ce cas, ils sont tenus de dévoiler et l’identité des parties et le ou les objectifs qu’elles attendent de ce qu’elles ont intentionnellement provoqué.
Et l’apaisement des esprits est à ce prix…
Pour nombre d’observateurs, l’apaisement des esprits est à ce prix. Il faut dire la vérité aux Algériens sur les tensions que connaît depuis plusieurs mois maintenant le marché ; des tensions qui affectent sérieusement leur porte-monnaie et, également, leur quiétude. Cette exigence de vérité est particulièrement défendue par tous ceux qui pensent que le gouvernement, de par sa gestion erronée du marché, a une part non négligeable de responsabilité dans ces tensions (voir entretien ci-contre avec Hariz Zaki, président de Fédération algérienne des consommateurs (FAC). Surtout qu’ils prédisent un surcroît de ces dernières avec l’entrée en vigueur de la Loi de finances 2022 ; celle-ci contenant, soutiennent-ils, des dispositions qui ne feront qu’aggraver les choses. Telles, entre autres, l’imposition de la TVA – arrêtée à 9% – à l’huile de table et au sucre qui en étaient jusque-là exemptés.
M. B.