L'Algérie de plus près

Pr Dalila Nafaï, à propos de la radioprotection : « La législation à elle seule n’est jamais suffisante, il faut de l’implication ! »

La professeure Dalila Nafaï-Boutouchent, spécialiste en médecine du travail, cheffe de service de médecine du travail à l’hôpital Mustapha d’Alger, vient de publier un ouvrage aux éditions Les Presses du Chélif, sur la radioprotection en Algérie. Ce livre est en fait un guide à l’usage des médecins du travail, des radiologues, des praticiens et des chefs d’entreprises utilisant des appareillages et équipements produisant des rayonnements ionisants. C’est le second livre écrit par la spécialiste. Nous l’avons interrogé sur le contenu et l’utilité de cet ouvrage.

Le Chélif : Bonjour Professeure. Tout d’abord, quel est l’intérêt d’un guide sur la radioprotection et à quelle catégorie de lecteurs s’adresse-t-il en particulier ?

Dalila Nafaï-Boutouchent : Bonjour, tout d’abord permettez- moi de présenter mes vifs remerciements à M. Ali Laïb, gérant des éditions « Les Presses du Chélif » qui a bien voulu nous éditer gracieusement cet ouvrage et surtout nous faire confiance. Il est avéré qu’il existe un réel danger du fait de l’exposition professionnelle aux rayonnements ionisants. L’Algérie s’en est prémunie par un large éventail législatif en faveur des travailleurs exposés. Toutefois, cette législation s’est étalée tout au long des années 2000 et la dernière en date a été édictée en 2016. Il reste difficile à l’ensemble des intervenants (employeurs, employés, hygiénistes, médecins du travail…) du milieu professionnel d’être informé en temps voulu. Aussi, nous avons voulu et espéré que ce guide sur la radioprotection soit d’abord et avant tout un outil de travail, il englobe l’ensemble de la législation en matière de radioprotection d’une manière simple, explicite et surtout facile d’emploi pour ces acteurs de prévention en milieu professionnel. Enfin, il s’adresse à l’ensemble des professionnels qui manipulent de près ou de loin des rayonnements ionisants mais aussi aux étudiants en médecine, aux spécialistes en imagerie médicale, en chirurgie, en gastroentérologie, en maxillo-facial etc.

En votre qualité de médecin du travail cumulant près de 40 ans d’expérience, vous avez été certainement confrontée aux problèmes de santé que posent les rayonnements ionisants aux travailleurs. Quelles sont d’après vous les affections et les risques les plus courants ?

Les accidents sont de loin les plus fréquents à mon avis, une manipulation excessive entrainant une surexposition, un geste inapproprié comme le ramassage d’une source ionisante sans gants ou alors un blocage d’une source émettrice en position off… Enfin, Les perturbations de l’hémogramme sont souvent des signes d’alerte à prendre très aux sérieux chez les travailleurs exposés surtout si les contrôles des installations ne sont pas réguliers et s’il y a un manque en équipements individuels.

Quels sont les différents secteurs où sont utilisés les rayonnements ionisants ? Quels sont les moyens mis en œuvre par l’État pour prémunir les personnes qui travaillant avec et autour des sources radioactives ? Quels sont les rôles de l’instance supérieure chargée de la radioprotection en Algérie ? 

Ils sont très nombreux. Je citerai entre autres le secteur de la santé, les industries du bâtiment et des travaux publics, l’extraction et le traitement des minerais radioactifs etc.

Pensez-vous que la législation à elle seule suffit à prémunir des dangers de l’exposition aux rayonnements ionisants ? Existe-t-il des textes d’application sévères qui obligent les employeurs à protéger leurs employés des effets des rayonnements ionisants ?

La législation à elle seule n’est jamais suffisante, il faut de l’implication ! Qui dit législation dit obligation et qui dit obligation dit sanction.

Pensez-vous que ces textes doivent être mis à jour ? Expliquez-nous les raisons ?

Il faut d’abord que les textes que nous avons soient appliqués avant de parler de mise à jour.

Vous êtes auteure d’un premier ouvrage sur les troubles musculo-squelettique (ou TMS comme vous dites en abrégé) édité par l’OPU. Il est pratiquement introuvable dans les librairies. Ne mérite-t-il pas d’être réédité au grand bénéfice des médecins du travail et des médecins faisant fonction outre les étudiants en médecine qui ne disposent pas d’assez d’ouvrages de référence algériens ?

Mon manuel sur les TMS, a d’abord besoin d’une mise à jour, il aura bientôt 10 ans d’âge hahaha !

Une dernière question : Avez-vous d’autres projets d’ouvrages scientifiques ?

Pour le moment, j’ai surtout besoin de repos !

Propos recueillis par Ali Laïb