Par Hamid Dahmani
Le numéro « 7 » est une adresse d’un estaminet sis Rue des Martyrs, au cœur de la ville de Chlef. C’est un petit café convivial qui réunit chaque matin ses habitués à partir de 7 heures du matin autour du comptoir et sur le trottoir d’en face. Éparpillés par petits groupes, sous l’ombrage des ficus, distanciation Covid-19 oblige, ils dégustent qui son café serré, qui son thé à la menthe. Et comme chaque jour qui se lève, le proprio de la cafétéria ne baisse pas la garde en ces temps où les mesures sanitaires sont de rigueur dans ce lieu public fréquenté à longueur de journée. Ainsi, le flacon de gel est sur les tables et le comptoir, à la portée du client. Ainsi, c’est dans une ambiance amicale que les consommateurs se bousculent à l’intérieur de ce débit de boissons pour être servis les premiers. Les cris fusent de partout, on lance en direction du serveur les commandes pour être servi rapidement et chacun dans son coin. « Hahouadji, deux cafés bien serrés ici, sahit khouya ! ».
En face de cette établissement de la Rue des Martyrs, les véhicules et les engins à deux roues se précipitent sur les places libres pour garer leurs véhicules et prendre ensuite debout leur café sur le trottoir d’en face.
Le «7», est un numéro porte-chance qui fait gagner ceux qui croient à leur belle étoile. Le café est une source d’inspiration. Il parait, selon certaines indiscrétions qui émanent des alentours de ce sympathique café, qu’il y a des coutumiers qui prennent jusqu’à 7 cafés par jour pour se remettre l’esprit en place. Généralement, le bon café, c’est au moment de la pause-café, qu’on sent son arome se propager aux alentours immédiats.
es amateurs de cafés ont le bon nez et une langue efficace qui détecte la bonne saveur du breuvage, ils savent reconnaitre le bon grain de l’ivraie. Le bon « qahwa », Il faut le chercher à travers les coins de rues pour assouvir sa soif de café véritable.
La cafeteria du numéro «7» est un lieu simple dans sa forme, pas très vaste ni très restreint, mais très attirant lorsqu’on le découvre pour la première fois. Derrière le comptoir, une petite équipe de serveurs en tenue de travail occupés à chaque instant avec des chiffons à la main, occupés à faire rutiler l’inox du comptoir et les machines à café pour entretenir les lieux propres, avec force usage de détergents.
De bon matin, mon pote Samir est présent comme une sentinelle devant le numéro « 7 » en compagnie de bichette guettant mon arrivée pour prendre un café ensemble et papoter quelques moments sur l’actualité de la dernière heure. Du « qahwa » dans un « fendjel » ou dans un gobelet jetable, c’est le choix du buveur de voir dans quel contenant siroter son infusion énergétique.
« Kahouadji adji ! » (Cafetier, approche). « Qu’est-ce que tu bois mon frère ? », dit le garçon de café aux buveurs de cafés forts.
«Wahda bien serré ! »
« Et toi ? »
« Moitié-moitié ! »
« Et toi ? »
« Ligi talaa fi fendjel! … » (légéer, dans une tasse). Et ainsi de suite continue le rituel journalier d’une journée bien remplie dans un café bondé de monde venu tuer le temps et causer au téléphone à l’infini dans l’estaminet. Cigarettes et tabac à chiquer pour soutenir le bavardage, casser la parole et briser le silence de la monotonie typique du pays avec le même questionnaire populaire : « Il paraît qu’ils ont été augmentés ! Il paraît que le virement postal est passé ! Il paraît que l’enterrement du cafetier se fera après la prière ! ». Tasses en faïences ou gobelets en carton se succèdent et se répètent par les mains habiles du machiniste pour satisfaire la demande du client. Les bras de la machine à café descendent et remontent sous la pression du machiniste pour répondre à la forte demande qui ne faiblit pas. « Un café bien serré s’il te plait mon ami ! » crient les impatients en direction du machiniste. Le choix du bon café est multiple à travers la variété de capsules café mise à la disposition du client qui a l’embarras du choix. Les gens sont absorbés par la discussion et le café coule à flot quand on discute à bâtons rompus. Le café est un repère et l’endroit des rendez-vous des amis qui cherchent la quiétude et la qualité du produit servi. Chaque matin, les buveurs de café arrosent leurs neurones de cafés arabica ou de robusta pour emmagasiner de l’énergie avant d’entamer leur journée de travail.
« Qu’est-ce-que tu bois toi ? »
« Un café-jetable ! »
« Et toi ? »
« Un cybercafé ! »
« Et le vieux ? »
« Qahwa mora ! » (un café amer).
Au numéro «7», les potes sont bien accueillis et agréablement servis. C’est vrai qu’on est super bien entre amis au numéro « 7 » de la rue des martyrs avec une tasse de café à la main…
H. D.