Composé de pas moins de 400 âmes éparpillées à travers l’ensemble de son territoire, le douar Ouled Larbi, situé dans la commune de Ténès, au nord du chef-lieu de wilaya de Chlef, est, à première vue, un village oublié, abandonné depuis belle lurette par les décideurs locaux.
Les témoignages recueillis auprès de plusieurs habitants de ce douar sont extrêmement accablants et font état, malheureusement, d’une grande désolation et d’une regrettable déception à tous les niveaux. « Notre misérable localité n’a bénéficié à ce jour d’aucun projet de proximité, notamment en ce qui concerne le développement rural intégré, contrairement à plusieurs autres douars de la wilaya. Nous manquons de tout et la vie quotidienne de chacun de nous est faite, depuis des années, de dégoût et de lassitude », nous dit Miloud Guettar, un habitant de ce douar, qui était accompagné d’une dizaine de ses voisins d’un certain âge. La soixantaine passée, d’une forte corpulence et d’un sourire permanent et significatif, Miloud a été délégué depuis de nombreuses années par l’ensemble des habitants du douar afin de les représenter et de transmettre ainsi leurs doléances aux responsables locaux. Il nous parle longuement du combat qu’il ne cesse de mener sur tous les fronts pour qu’on prête attention à son douar. Un ensemble d’habitations éparses où les gens souffrent d’un isolement ruineux. De son vieux porte-documents attaché avec un élastique, compte tenu du nombre de documents qu’il comporte, notre interlocuteur nous montre des vingtaines de copies des correspondances déjà adressées aux autorités administratives locales et même nationales. Qui n’ont reçu aucune réponse. « Jamais ce cartable ne me quitte car il contient toute l’histoire et aussi toutes les préoccupations des habitants de ce douar où la misère est devenue, au fil des années, terrible et infernale. Je n’arrêterai jamais le combat que je mène pour que notre douar puisse sortir, enfin, de son isolement, et c’est pourquoi, d’ailleurs, je trimballe avec moi à longueur d’année cet ensemble de documents ».
Une aire de jeux, est-ce trop demander ?
Il nous montre du doigt les alentours du lieu où nous nous sommes rencontrés : « Regardez dans quel état se trouve notre douar. Les routes et ruelles sont toutes impraticables, autant pour les piétons que pour les automobilistes, en raison de leur dégradation avancée. Elles n’ont jamais été rénovées, ni même retapées depuis qu’elles existent ».
Caillouteuses et poussiéreuses en été et entièrement boueuses en hiver, celles-ci causent énormément de difficultés à tous les villageois, mais surtout aux enfants scolarisés qui s’absentent fréquemment de leurs établissements scolaires respectifs, particulièrement durant les saisons des pluies en raison de leur impraticabilité.
Cette regrettable situation est aussi à l’origine de l’absence des transports scolaire et collectif entre Ouled Larbi et les différentes autres destinations, ce qui oblige les habitants qui ne disposent pas de moyens de locomotion de se rendre à leurs occupations quotidiennes et vice-versa à pied ou au prix fort imposé par les transporteurs clandestins.
« Nos habitations, ajoute-t-il, sont toutes dépourvues de gaz naturel et aussi d’eau potable. Le seul réseau qui nous alimentait en eau est aujourd’hui complètement défectueux, comme en témoignent les fuites d’eau qui inondent à longueur de journée et de façon spectaculaire l’ensemble de nos quartiers ».
Pour ce qui est du réseau d’assainissement, M. Guettar indique qu’il est inexistant. Dans la foulée des revendications, il souhaite l’alimentation de sa localité en électricité et la réalisation, au moins, d’une aire de jeux de proximité en faveur de leurs jeunes dont le nombre demeure tout de même important. Il souhaite, enfin, l’intervention des autorités locales de la wilaya afin que des solutions définitives soient accordées aux problèmes des habitants de ce douar isolé.
Bencherki Otsmane