L'Algérie de plus près

C’est terrible et c’est tout

Par Rachid Ezziane

« Aujourd’hui des forfaits impossibles sous les Néron se commettent sans qu’on puisse en accuser personne. Les uns ont demandé, les autres ont proposé, les troisièmes ont rapporté, les quatrièmes ont décidé, les cinquièmes ont confirmé, les sixièmes ont ordonné et les septièmes ont exécuté. » Léon Tolstoï – [In : Le salut est en vous]

Que dire en ces temps qui courent ? En ces temps moyenâgeux. Que dire de tout ce qui se passe. Sans honte ni retenue. Du matin au soir et chaque jour que Dieu fait. Pas l’ombre d’une décence ni une once de lucidité. Le Big-bang n’aurait pas fait pire…

Des femmes qu’on brûle. Des enfants qu’on kidnappe. Des forêts qu’on incendie. Des trains qu’on caillasse. Des conducteurs qu’on tabasse pour obligation de payer un stationnement. Des plagistes s’autoproclamant maîtres de la mer. Et les autres du ciel. Des batailles rangées dans les cités et les quartiers populaires. Et ça ne finit pas, avec des malheurs, sans modération. Sans oublier les discours haineux et à vau-l’eau. Des experts, sans expertise, dictent des incohérences à faire pleurer de soif un chameau. Des imams qui « fatwase » sans texte ni peur. Des crises d’eau à faire couper des routes. Des pétards, « mouillés de foutaise », font veiller les malades sans aucun scrupule. Et des accidents de la route à n’en plus finir…

A qui la faute ? Et pour qui sonne le glas ? Ou est-ce la preuve d’une société qui bouge ? Qui mute ? Je ne peux rien avancer. Je constate. J’écris. Et c’est terrible… de constater sans avoir les moyens de faire changer les choses. Ou, au moins, trouver des réponses convaincantes.  

Mais faut pas croire que ces choses se passent uniquement chez nous, non, le monde entier en connait un bout, pour ne pas dire toute une « quenelle ». Partout, dans tous les pays du monde, les hommes ont la nostalgie du passé. Partout, on se remémore les années glorieuses du vingtième siècle. Et le maudit virus du corona en a ajouté du doute à l’inquiétude. Et on ne sait plus à quel saint se vouer ni à quel lendemain s’attendre. 

A la vitesse du son, les mauvais comportements assaillent les lieux et les têtes. On ne fait plus cas des lois. Chacun croit qu’elles ont été faites pour les autres. Sans que personne ne sache qui sont les autres. Sans que personne ne veuille lever le petit doigt… Que dire encore plus !

Le salut est en nous, comme le préconisent depuis plus d’un siècle l’écrivain Léon Tolstoï. Mais par où commencer et quand ? Et qui oserait franchir le cap ? Le cap de la capacité de rendre à l’homme sa simple vie de tous les jours. Celle-là même qui l’avait magnifié en tant qu’être supérieur à toutes les autres créatures. Mais pour le moment, je n’ai pas d’autres constats à faire que de dire : c’est terrible et c’est tout ! …

R. E.