L'Algérie de plus près

Gai, gai, l’écolier, c’est demain… la Rentrée

Par Maâmar Lariane

Les grandes vacances tirent à leur fin au grand déplaisir des enfants ainsi qu’on peut le penser, et l’on se prépare à reprendre le chemin de l’école. La rentrée des classes constitue un événement de taille qui, pour beaucoup, est synonyme de tracasseries et de gêne, car il met à rude épreuve les petites bourses et bouscule quelque peu les habitudes d’un ménage.

En effet, nombreux sont les parents qui jettent l’éponge devant leur incapacité à faire face à une situation pareille : tous les ans, à la même période, les familles se voient confrontées à un problème insurmontable, même si l’État octroie aux nécessiteux une aide que l’on qualifierait présentement de dérisoire compte tenu de la cherté de la vie. Il convient de rappeler que dans les pays avancés, à chaque rentrée scolaire, la prime de scolarité varie en fonction du pouvoir d’achat ; revue à la hausse, elle constitue un apport certain au budget familial ainsi qu’on pourrait le penser. La nôtre (la prime de scolarité) est fixe bien que dérisoire, et avec l’érosion du pouvoir d’achat, elle n’est pour ainsi dire d’aucune utilité puisque ce que l’on donne d’une main à ces pauvres familles, on le reprend de l’autre.

Ouvrons une parenthèse pour attirer l’attention sur un point qui, à mon sens, revêt une importance capitale. Comment ne pas évoquer les difficultés de ces ménages qui peinent à joindre les deux bouts à longueur d’année ? Dans un pays comme le nôtre où 90% du salaire du chef de ménage est destiné à l’alimentation et où les 10% restants ne servent plus à grand-chose, il est difficile de prétendre à quoi que ce soit pour améliorer son quotidien. C’est l’inverse qui devrait se produire car sous d’autres cieux, il est facile de se nourrir et de se vêtir avec seulement 10% de son salaire. Ce disant, il n’est pas nécessaire de sortir d’une grande école pour comprendre que la précarité a gagné du terrain dans notre société, que l’école fonctionnera toujours « au ralenti » faute de moyens et qu’elle ne jouera pas le rôle attendu d’elle par cette société.

Par ailleurs, il faut savoir que les enfants ont besoin d’un suivi permanent de la part des parents mais comme ces derniers ont un mal fou à boucler des fins de mois difficiles, il serait insensé d’exiger d’eux qu’ils soient présents pour leur progéniture afin de lui assurer une scolarité normale. Subvenir aux besoins de la famille demeure une priorité absolue pour une grande partie de la population, l’école pour une certaine catégorie de gens arrive en seconde position.

Vous me direz, ami lecteur, que là n’est pas l’objet de cet article, et je vous répondrai que cela est étroitement lié à cet événement important qu’est la rentrée scolaire, un événement que beaucoup appréhendent, à raison d’ailleurs.

À présent, nous allons entrer dans le vif du sujet pour parler de cette rentrée en cette période de pandémie. Manifestement, les choses ne se présentent pas sous de bons auspices car nous venons de traverser une période particulièrement difficile et qui a affecté considérablement le moral de la population (contaminations en masse, familles endeuillées…). Par conséquent, il s’avère un peu compliqué de remettre le train sur les rails.

En dépit de tout cela, les responsables en charge du secteur de l’éducation se sont montrés, comme toujours, à la hauteur de la tâche qui leur incombe : les établissements scolaires sont en mesure d’accueillir tout ce beau monde dans les conditions qu’il faut, le jour « J » et les enseignants qui ont pris connaissance de leurs emplois du temps affichent un sérieux et une volonté sans faille pour relever ce défi et faire en sorte que tous les désagréments pouvant surgir lors de la rentrée (surcharge des groupes ,horaires contraignants…) n’aient aucun impact sur le déroulement de leur travail.

S’agissant des horaires dont il a déjà été question, un aménagement a été opéré pour le bien des enfants qui auront à se présenter à l’école, à tour de rôle, une fois la matinée et une autre fois l’après- midi. Les professeurs du Moyen, comme ceux du Secondaire du reste, auront, faut-il le souligner, fort à faire en raison du volume horaire quotidien qui leur est imparti (de 8h à 12h et de 13h à 17h), 4 jours sur 6 (32 heures par semaine en plus des préparations journalières, de quoi décourager plus d’un quand on sait qu’en temps ordinaire, l’horaire hebdomadaire était de 18 heures ou tout au plus 22 heures. Ils auront à répéter le même cours 3 voire 4 fois dans la journée, ce qui n’est pas évident faut-il en convenir. À situation exceptionnelle, directives exceptionnelles, me direz-vous, l’opération étant lancée, la rentrée se fera envers et contre tout.

Pour ce qui est des programmes, à l’instar de l’année dernière, les responsables ont procédé à un allègement à tous les niveaux afin de permettre aux enfants d’avoir un temps de classe équitable tel qu’il a été expliqué précédemment. Néanmoins, rien ne les empêche de repenser les choses (programmes, manuels voire même le système éducatif dans son ensemble) car il est des domaines où les erreurs ne sont pas permises. Il est toujours bon de se remettre en question et d’aspirer à mieux. N’avons-nous pas par le passé, commis des erreurs qui ont coûté cher à la collectivité ? Jugez-en cher lecteur ! Le début des années 1980 a vu l’avènement de l’École fondamentale venue à la rescousse de l’Enseignement moyen où l’enfant passait quatre années au collège (CEM) au terme desquelles il se présentait au brevet de l’enseignement moyen (BEM). Mais avec cette réforme de l’enseignement, l’École Fondamentale venait amputer le cycle moyen d’une année (7ème, 8ème et 9ème année fondamentale). Plus que trois années donc au terme desquelles l’enfant se présentait au brevet de l’enseignement fondamental (BEF), ce nouvel examen venu sanctionner les trois années d’étude. 30 ans après, retour à la case départ pour revenir à l’ancien système, à savoir l’enseignement moyen avec ses quatre années d’études.

L’École Fondamentale, c’est du passé et on n’en parle plus, ainsi en ont décidé les responsables en haut niveau. En clair, cela veut dire : « On efface tout et on recommence ». Pourquoi avoir attendu tout ce temps-là pour revoir ses copies ? Faisons le point à présent : force est de constater que ces réformes ont eu un coût énorme en matière de déperditions scolaires et de baisse de niveau, un boulet que l’on a traîné des décennies durant. Je laisse aux lecteurs bien avertis le soin de désigner les grands perdants dans cette affaire.

Nous avons jugé utile de nous écarter un peu du sujet pour la simple raison que la rentrée scolaire ne constitue pas un sujet à part. Enseignants, enseignés, programmes, horaires, l’ensemble constitue un tout et mérite qu’on s’y attarde un peu à titre d’information.

Inutile cependant de nous étaler encore davantage là-dessus, le but de notre article étant de mettre en vedette cet heureux événement qu’est la rentrée scolaire avec tout ce cela comporte comme moyens matériels et humains à mettre en œuvre en vue d’une réussite totale de l’opération sans perdre de vue l’élément clé que constituent les parents sachant que l’apport de ces derniers est absolument indispensable dans le cursus scolaire de l’enfant.

Que la rentrée scolaire 2021-2022 fasse l’objet d’attentions toutes particulières de la part des responsables à la centrale comme au niveau local si l’on veut réellement apporter notre pierre à l’édifice pour que l’opération connaisse une réussite totale.

M. L.

Enseignant retraité, écrivain