Le Dr Malika Smael Bekhedouma, épouse Abdellaoui, est pharmacienne, spécialiste en biologie clinique. Elle gère actuellement un laboratoire d’analyses dénommée « El Wikaya » à Chlef.
Diplômée de la promotion 1995, à Alger, elle a effectué son résidanat à l’hôpital Mustapha. Après l’obtention du DEMS, elle a exercé comme maitre-assistante au centre de transfusion sanguine de Béni Messous pendant deux années. Par la suite, elle s’est installée en privée à Tipasa pendant une année où elle a ouvert un laboratoire d’analyses médicales avant de déménager à Zéralda. En 1998, elle décide de s’installer à Chlef puisque, dit-elle, «le terrain était vierge et ma mère est originaire de la ville». Aujourd’hui, elle a acquis les équipements nécessaires pour effectuer les tests PCR et pratique des tarifs très honnêtes, de l’aveu de nombre de ses patients. Nous l’avons interrogée sur nombre de questions en rapport avec son métier. Voici ses réponses.
Dr, quelles sont les raisons qui vous ont convaincue de vous installer à Chlef ?
Ma famille maternelle me demandait à chaque fois de venir ici à Chlef. C’est ce que j’ai fait après une prospection bien sûr puisque, à cette époque, il n’y avait aucun laboratoire d’analyses à Chlef. Pour un simple TP, les gens se déplaçaient à Oran où Alger. Même pour une simple glycémie, il fallait se déplacer dans les deux grandes métropoles. J’ai ouvert mon laboratoire en novembre 1998 dans une grande maison à Bocca Sahnoun, qui m’a servi logement à l’étage et de laboratoire au rez-de-chaussée, ce qui m’a beaucoup facilité la tâche. Au bout d’une année d’exercice, j’ai été invitée à une fête organisée par l’UNFA à l’occasion du 8 mars, par Mme Moussaoui. En tant que première femme dans la région à ouvrir un laboratoire d’analyses médicales, j’ai été invitée à présenter mon projet à l’assistance ce jour-là. Il ne faut pas oublier la conjoncture du terrorisme à cette époque. Le wali, M. Ouadah, était parmi les invités. Intéressé par notre travail, il est venu vers moi et, après m’avoir remercié et félicité pour mon intervention, j’en ai profité pour lui demander tout juste un terrain pour construire mon propre laboratoire. Il a pris ma demande en considération et m’a octroyé le terrain par la suite. Après l’accord de la commission de wilaya, j’ai pu construire mon propre laboratoire quelques années plus tard dans le cadre du CALPI. Nous avons inauguré notre laboratoire en 2005 à la Rue de la Résistance à Chlef. Nous travaillons depuis, nous faisons différents types d’analyses qui évitent beaucoup de déplacements aux patients de Chlef vers d’autres wilayas.
Cela suppose que votre laboratoire est bien équipée en matériels ?
Bien entendu. Nous avons des équipements modernes et de dernière génération car nous avons suffisamment d’espace avec de grandes salles d’accueil, je peut même dire que nous possédons le plus grand laboratoire à Chlef. Cela fait deux années, on a acquis le matériel de PCR, dont on n’entend parler que récemment à cause du Covid-19. On a même organisé des journées d’études et d’information à l’hôtel Mirador Palace avec l’association des médecins privés de Chlef, on avait invité tous les médecins à y participer concernant la PCR, et c’était une première à Chlef, et c’était une nouveauté. Du coup on a fait les paramètres sur les charges virales de l’hépatite C, B, HLA : B27, HPV (papionavirus), PCR : BK, PCR : Herpès, PCR Helico-bacter-pyloris… Nous travaillons avec la PCR depuis 2018 et, avec l’avènement du Sars-covid 2 (provoquant lamaladie Covid-19),on s’est doté dernièrement de réactifs destiné à dépister cette maladie. Nous avons en parallèle une structure conçue à part pour le Covid-19 constituée de trois pièces avec tout le matériel qu’il faut qui a été homologué après une visite d’inspection de l’Institut Pasteur.
Autrement dit, l’Institut Pasteur vous a donné le feu-vert…
Oui, nous sommes le seul et unique laboratoire privé homologué dans la région par l’Institut Pasteur. Les résultats de la PCR sont rendus le jour même, au maximum 48 h, selon l’ampleur de la demande. Nous avons assuré les prélèvements à domicile de certains malades en période de confinement, les patients ont bien appréciés l’initiative. Nous souhaitons que ces examens puissent aider nos confrères et les hôpitaux pour diagnostiquer le Covid-19, surtout maintenant pour faire la différence entre la grippe saisonnière.
Avez-vous pris contact avec les médecins privés pour les informer des capacités de votre laboratoire ?
On espère que les médecins vont collaborer dans ce sens, le prix du test est abordable, de ce côté là, il n’y aura aucun soucis. Certains laboratoires envoient les tests en France, nous, on les fait ici même car on a le matériel adéquat pour tous types d’analyses médicales d’auto-imunité, les protéines spécifiques, la plupart, sont réalisées ici. En France, c’est encore plus cher,sans compter le facteur temps. A titre d’exemple, un test réalisé en France revient à 12 000 DA, alors que chez nous, il ne peut dépasser les 5000 DA, je dirais que c’est beaucoup pour le patient, on pense aussi à l’aspect financier de la chose. Le malade paye moins cher et le résultat est rapide, en ligne par internet, surtout pour les urgences, tels que le test D. Dimer, spécifique de la Covid-19 qui n’existait pas à Chlef, j’étais la seule à le réaliser car j’avais un stock de réactifs, je le faisais pour tout le monde, c’est un examen complémentaire pour diagnostiquer le Covid-19 et qui a rendu beaucoup de services aux personnes hospitalisées. Il n’y a toujours pas convention entre notre laboratoire et la CNAS et c’est bien dommage pour les patients.
On dit que des équipes sportives vous ont sollicité pour des examens et des tests PCR. Est-ce vrai ?
Enormément de gens nous ont contactés. On est disposé à travailler avec tous les clubs et ce, pour le respect du protocole sanitaire imposé notamment par les fédérations sportives nationales dont la FAF. Nous disposons d’une homologation pour leur faire bénéficier de cet examen.
Un dernier mot ?
Nous sommes au service du patient. Mon message à la population de Chlef est qu’elle doit se prémunir contre ce virus qui est toujours présent parmi nous, nous avons peur d’une deuxième vague. De notre côté, nous nous tenons prêts avec nos moyens pour être au service de la santé de la population. Mais, avant tout, il faut que les gens respectent le protocole sanitaire, surtout avec la rentrée scolaire qui est proche. Je tiens enfin à remercier tous les patients qui nous ont fait confiance et nous souhaitons être toujours à la hauteur des espoirs attendus. Je tiens à remercier votre journal qui joue un rôle très important et très bénéfique pour la région dans son développement dans tous les secteurs.
Propos recueillis par Hocine Boughari