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Visite du wali de Chlef à Ténès : Les carences mises à nu par les citoyens

Le wali de Chlef a effectué le 29 septembre dernier une visite de travail dans la daïra de Ténès. Accompagné d’un staff très réduit comprenant, notamment, le président de l’assemblée populaire de wilaya, le directeur de l’Education et le directeur des Equipements Publics. La délégation a mesuré l’ampleur des carences économiques et sociales qui empêchent la région d’amorcer son développement.

La première halte du cortège officiel était destinée aux bourgs de Ansar N’hass et celui de Chaala  dans la commune de Sidi Akkacha. Sur place, le wali s’est enquis sur un projet d’’alimentation en eau potable et sur des travaux de réfection d’une ancienne école primaire. Ces deux points figurent sur la liste des zones d’ombre répertoriées par les autorités de la wilaya. Le wali a insisté lors de son entretien avec les entreprises en charge des projets sur la qualité des travaux et, bien sûr, du respect des délais de livraison desdits travaux.

La deuxième commune à recevoir la délégation officielle  a été Ténès où le wali a visité tout d’abord le nouveau siège de daïra en construction puis l’Institut des Sciences et des Techniques de la Mer inauguré récemment. Cette infrastructure universitaire est dotée de 1000 places pédagogiques et d’une résidence de 500 lits. Elle sera opérationnelle dès la prochaine rentrée, a-ton appris du wali. Quant à la commune de Sidi Abderrahmane, la visite du wali s’est limitée au nouveau collège d’enseignement moyen et aux travaux de réalisation de 6 classes supplémentaires dans une école primaire. Par ailleurs, compte tenu de l’absence d’un lycée, les élèves sont contraints de fréquenter ceux de la ville de Ténès, à environ une vingtaine de km de leur lieu d’habitation. Pour y remédier, il a été décidé de réserver une aile d’une école primaire à l’accueil des lycéens. Cette mesure rentrera en service dès la prochaine rentrée scolaire avait précisé le wali. Avant de regagner le chef-lieu de wilaya le wali a tenu à rencontrer la société civile des trois communes dans ses différentes composantes. Cette rencontre a eu lieu dans la nouvelle salle de cinéma de la ville de Ténès.

À titre indicatif, la daïra de Ténès compte plus de 160 associations. A noter enfin que tous les partis politiques ont été exclus de cette rencontre au moment où tous les regards sont fixés sur les associations considérées par le pouvoir comme étant des partenaires crédibles.

«Il faut regagner la confiance de nos concitoyens»

Dans son allocution d’ouverture de cette rencontre qui, faut-il le rappeler, est une première pour la ville de Ténès, le wali a reconnu que les ponts entre l’administration et les citoyens sont coupés depuis bien longtemps du fait que le responsables locaux, y compris les élus ne tiennent plus leurs promesses faites auparavant face aux préoccupations des citoyens d’ailleurs légitimes, dira le wali . «D’où le travail titanesque qui nous attend pour nous de regagner la confiance de nos concitoyens en  bannissant la langue de bois et surtout dire la vérité toute crue et ne rien promettre à ses administrés si on est incapable de satisfaire le minimum de leurs revendications», a précisé le wali. S’adressant au public venu en force, le wali dira ceci : «C’est pour cette raison que j’ai décidé d’organiser cette rencontre au niveau de votre ville pour vous écouter et prendre actes de toutes vos préoccupations et revendications, je m’engage à les étudier une par une et je prendrai les décisions adéquates qui s’imposent en tenant compte des possibilités dont dispose la wilaya».

Le wali a reconnu que certains responsables ne sont pas à la hauteur de leur mission. Et de citer des exemples où des logements sont achevés raccordés aux réseaux d’eau, de gaz et d’électricité depuis plus de trois ans et qui ne sont pas toujours livrés à leurs bénéficiaires.

Toutefois, le wali était visiblement satisfait d’un travail exécuté par une association qui lui a remis tout un document étayé de photos sur lequel toutes les carences relevées au niveau d’établissements scolaires sont portées en sus des suggestions pour y remédier. Le wali a exhorté les présidents des associations à suivre l’exemple de cette association en fournissant un travail identique pour que les instances de la wilaya puissent agir rapidement sans passer par les interminables enquêtes d’usage.

Quant aux préoccupations individuelles des citoyens, le wali a annoncé qu’un Numéro Vert sera très bientôt mis à la disposition des citoyens.

A une question de savoir comment le wali compte apporter des solutions aux innombrables problèmes rencontrés par les citoyens, il répondra ainsi : «C’est vrai, il faudrait le budget entier de la wilaya, sinon davantage pour satisfaire une partie des préoccupations de la population d’une daïra comme celle de Ténès». En effet, selon les intervenants (présidents d’associations) au cours de cette rencontre il était question d’eau potable, de gaz naturel, d’électricité, d’assainissement, d’espaces de loisirs, de logements etc. qui font cruellement défaut au niveau des douars et autres agglomérations urbaines.

Bencherki Otsmane

Ils ont dit

Kamel Zidane, président d’une association de commerçants (UGTA), Sidi Akkacha :

«J’ai exposé à M. le Wali les préoccupations des commerçants de la commune de Sidi Akkacha à savoir pourquoi deux espaces, en l’occurrence l’ex-Souk El Fellah et le nouveau marché couvert demeurent toujours fermés depuis plusieurs années alors que nous éprouvons des difficultés pour assurer notre activité convenablement. On a demandé aussi que des aménagements soient effectués pour créer des espaces qui serviront à accueillir les marchands de fruits et légumes. Nous avons également suggéré que la station de transports actuelle soit délocalisée au niveau de l’espace où se tient le marché hebdomadaire et vice-versa. Bien sûr, le problème de la propreté de la ville a été soulevé car l’état des rues et ruelles de notre cité laisse à désirer. En ce qui concerne cette rencontre avec la société civile, je ne peux que remercier le wali de nous avoir écoutés sachant que c’est la première fois que cela se produit».

Braham Nemra, président de l’association «AADL 2» Sidi Akkacha :

«Je représente les 200 souscripteurs de la cité «AADL 2» à Sidi Akkacha et où les travaux des logements accusent un taux d’avancement de l’ordre de 90%. Mais pour l’heure, aucune affectation n’a été faite contrairement aux dispositions en vigueur qui stipulent qu’à 70% les affectations sont établies. Il y aussi le problème des 100 logements AADL et dont les travaux n’ont pas jusqu’à ce jour pas démarré. Le wali a pris note et on espère que nous aurons des éléments de réponses à nos doléances».

Lyes Kessaissia, président de l’association Hay Reggoun, Oued Gseb, Ténès :

«Notre cité, qui est l’une des plus anciennes de la ville de Ténès, demeure marginalisée par les élus locaux. En effet, nous manquons presque de tout. À part une école primaire qui date des années 1960 et d’une salle de soins, notre cité a besoin d’éclairage public, d’un collège, d’un réseau d’assainissement, d’espaces de loisirs (bibliothèque et aires de jeux). Notre souhait après avoir été entendu par le wali, c’est que notre cité sorte de l’anonymat et puisse bénéficier de projets lui permettant ainsi qu’à ses habitants un cadre de vie plus décent. Quant à l’initiative d’une telle rencontre, on ne peut dire qu’elle plus que souhaitable».

M. Dahmani, président de l’association «Sawaid el Ihsan», Ténès :

«J’ai fait part à M. le wali des difficultés rencontrées par l’association qui n’a reçu aucune subvention de la part des pouvoirs publics. Il y a une certaine discrimination dans l’attribution des subventions. J’ai abordé aussi l’épineux problème du dégorgement de la ville de Ténès qui étouffe notamment en période estivale. Des embouteillages monstres se forment sur la RN 19 entre Sidi Akkacha et Ténès, particulièrement en été. Nous avons également proposé que l’hôpital spécialisé en psychiatrie de Chaarer soit accessible aux toxicomanes et pas uniquement aux malades mentaux. Nous souhaitons aussi qu’une partie du personnel qui vont exercer au niveau du tout nouvel institut des sciences de la mer dépendant de l’université Hassiba Benbouali soit issue de la région de Ténès. Enfin, un autre point que j’ai abordé celui de la propreté de la ville de Ténès et de l’entretien de la cité notamment son jardin qui est dépourvu de jardinier».

Yassine Kouadri, représentant d’une association à Sidi Abderrahmane :

«J’ai eu l’honneur de représenter mon association à cette rencontre où j’ai exposé à M. le Wali certaines préoccupations de mes concitoyens. Il y a le chômage endémique qui frappe notre commune contraignant de nombreux jeunes à tenter l’aventure pour regagner la péninsule ibérique au péril de leurs vies. Notre souhait est de voir le projet de réalisation d’un port de pêche se concrétiser pour pouvoir absorber au moins une partie des chômeurs. Nous avons demandé l’inscription d’un lycée au niveau de notre ville car, pour l’heure, nos enfants font quotidiennement la navette entre Sidi Abderrahmane et Ténès (30 km environ) pour rejoindre leurs lycées. On a souhaité aussi voir nos maisons alimentées en gaz de ville. Je suis très content du fait que c’est la première fois que j’ai eu le privilège de m’adresser directement au premier responsable de la wilaya et je l’ai trouvé attentif à nos doléances».

Propos recueillis par Bencherki Otsmane

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