La pénurie d’eau qui affecte la quasi-totalité des douars de la commune de Breira depuis le début de la saison estivale continue d’empoisonner la vie des citoyens, notamment les plus défavorisés parmi eux.
Depuis plusieurs semaines, la population de Breira subit les retombées du stress hydrique qui sévit dans la région. Chacun se débrouille comme il peut afin de s’approvisionner en eau potable. Les moyens mobilisés par les autorités locales pour faire face à cette crise qui, faut-il le rappeler, se renouvelle chaque été, restent insuffisants tant les besoins exprimés sont importants. Certes, cette année, la pénurie d’eau a pris des proportions alarmantes mais, en réalité, la population de Breira n’en a jamais été totalement épargnée. Beaucoup de citoyens imputent cet eternel problème au manque de vision chez les élus et les responsables qui se sont succédé à la tête de la commune. Ces derniers se contentent de parer au plus pressé, sans une stratégie visant à doter la commune d’infrastructures hydrauliques à même de satisfaire les besoins exprimés à long terme. Ainsi, selon nos interlocuteurs, le problème actuel est en réalité la conséquence des tergiversations, de la perte de temps qu’elles engendrent et des milliards de dinars gaspillés sans que les conditions de vie de la plupart des citoyens ne changent d’un iota.
«Il est vrai que la commune a procédé ces dernières années à l’installation d’un réseau de canalisation. Mais elle n’a pas pensé à mobiliser les ressources en eau qui allaient l’alimenter à moins qu’on ait pensé que ces tuyaux se remplissent de vent», ironise un jeune ingénieur en hydraulique en chômage depuis… 2010.
Favoritisme et népotisme
Au lieu de réfléchir à trouver des solutions aux doléances et problèmes de leurs concitoyens, certains élus s’en moquent impunément. Pour illustrer nos propos, un de ces élus, toute honte bue et sans rougir, n’a pas hésité à lâcher en face d’un citoyen qui se plaignait du manque d’eau dans son douar : «Il faut que vous remerciez Dieu en pensant à vos ancêtres qui s’approvisionnaient en eau à dos d’ânes ! » Insolent et méprisant envers ceux qu’il est censé représenter et servir, cet élu feint d’ignorer que des centaines des ces concitoyens se lèvent à l’aube et passent toute une journée dans la file d’attente alors que d’autres doivent attendre au-delà de minuit pour avoir droit à quelques jerricans d’une vingtaine de litre du précieux liquide.
A titre illustratif, la source du lieudit 18 ne désemplit pas 24h/24h. Ceux qui ne sont pas véhiculés sont contraints de faire l’autostop afin de rejoindre cette source ou d’en revenir. Nous apprenons par ailleurs que certains agents chargés de la distribution de l’eau potable ainsi que quelques chauffeurs de camions et tracteurs versent dans le népotisme et le favoritisme en servant leur famille et leurs amis au détriment des autres plus méritants dans beaucoup de cas. Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Ainsi, les colporteurs d’eau se frottent les mains pour saisir cette occasion en or. Les prix d’une citerne varient entre 600 et 1200 DA en fonction de son volume et de la distance entre le domicilie et le point d’approvisionnement. Les familles démunies et sans ressources dont la situation est aggravée par le confinement vivent le calvaire alors que la canicule bat son plein. «Punition divine ou injustice humaine ?», se demandent les uns et les autres en priant dieu que cette situation trouve une issue satisfaisante. Mais jusqu’à quand faut-il encore attendre ?
Hassane Boukhalfa