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Le calvaire de l’élève Khadidja

Elle est malade, indigente et vit dans un local du « président » à Ténès

Le 19 mai dernier, la petite Khadidja Chorfi a fêté ses 11 ans. L’âge où, en principe, elle doit passer, comme les filles de son âge, l’examen de 5ème pour accéder au collège. Sauf que Khadidja est différente : elle est encore en troisième année primaire. En cause : une maladie neurologique chronique qui retarde son développement psychique et intellectuel.

Bien que la mère ait produit plusieurs certificats prouvant la maladie de son enfant et expliquant ses crises et ses subites envies de dormir, le personnel éducatif n’en a pas tenu compte. Raison qui fait que Khadidja soit toujours placée à la dernière rangée de la classe ; les enseignants refusant carrément de l’assister pensant qu’ils ont affaire à une fille mal élevée…

C’est en tout cas ce qu’affirme sa mère qui dit avoir maintes fois évoqué le problème avec le directeur de l’établissement. En vain. En dépit de ses maigres ressources, sa mère s’est saignée jusqu’à l’os pour faire passer à sa fille quantité de tests et examens médicaux afin de diagnostiquer sa maladie. Finalement, c’est le Dr SoufianeTahraoui, neurochirurgien à Chlef, qui a découvert une affection invalidante. A 100%, selon le certificat qu’elle nous a montré.

Ce mal incurable se traduit par des monologues et des balbutiements suivis de subites pertes de connaissance. Autrement dit, quand elle subit une crise, elle parle toute seule, prononce des bouts de phrase puis s’endort sans s’en rendre compte. Ce «comportement» n’est pas pour plaire à ses enseignants qui n’ont pas cherché à comprendre le pourquoi de cette attitude. Une de ses maîtresses l’a carrément renvoyée de sa classe, cela après l’avoir fouettée avec férocité avec un bout de tuyau en caoutchouc. La mère a fait examiner sa fille par un médecin qui s’est dit horrifié par autant de sauvagerie et de méchanceté. Mis au courant, le directeur a promis que cela ne recommencerait plus et qu’il prendrait l’affaire de sa fille au sérieux. Il a dissuadé celle-ci de déposer de plainte.

La mère, femme de ménage de son état, fait de son mieux pour alléger les souffrances de sa fille qui subit, en outre, la méchanceté des autres élèves. Ces derniers la considèrent comme une folle et ne se gênent pas pour la frapper pour un oui ou pour un non. Dernièrement, un garçon lui a carrément interdit de sortir de l’école. La petite est restée à l’intérieur de l’établissement presque deux heures après la fin des cours.

Le calvaire que subit la petite Khadidja depuis qu’elle a rejoint les bancs de son école n’est pas près de se terminer. Le soir, les épreuves continuent. Dans le local qui leur sert de domicile,  c’est la terreur. Des «inconnus» tentent chaque soir de défoncer leur porte dans le but évident de s’en prendre à la mère. Et cette dernière a beau se plaindre, rien n’a été entrepris pour faire cesser les agressions.

Le local où vit la dame et son enfant fait partie des «locaux du président» qu’un bénéficiaire lui sous-loue au prix fort. «Mais quand vous avez un enfant à charge, que vous divorcée et que vous arrivez à peine à joindre les deux bouts pour finir le mois, vous acceptez votre condition», déplore la mère qui a décidé de saisir toutes les autorités compétentes en même temps que la présidence de la république.

A. Laïb

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