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Une journée de ramadhan à la Cité Bensouna

Ce n’est pas le rush habituel mais la Cité reste quand même l’endroit le plus animé de Chlef en cette période de pandémie. En plus des magasins d’alimentation générale, des supérettes, des boucheries et des étals de fruits et légumes, d’autres commerces de bouche ont été autorisés à ouvrir. Entre autres, eux de vente de zlabia et gâteaux traditionnels. En fait, dans ce quartier populeux, il n’existe qu’une seule boutique du genre. Tenue par des ressortissants tunisiens, elle demeure ouverte toute l’année. Les autres vendeurs sont des «occasionnels». Ce sont en majorité les habituels gargotiers et rôtisseurs de poulets qui, à l’approche du ramadhan, se font «zlabjia», proposant dans le même temps de la «cherbat» en sachets en plastique, des tartelettes aux fruits, du «qalb ellouze» et d’autres préparations bourrées de sucre et de colorants. 

Les vendeurs de poisson d’eau douce frit –une particularité du ramadhan à Chlef- ont refait leur apparition, tout comme les marchands de pain qui exposent sans gêne protection aucune leur marchandise à la poussière et aux postillons.

Les acheteurs ne prennent pas de précaution particulière. Par dépit ou par lassitude, la plupart font leurs emplettes de dernière minute sans chercher à comprendre. Rares sont ceux qui portent un masque ou des gants. Tout le monde s’empresse de faire ses achats avant le couvre-feu qui commence à 19h, soit quelques moments avant la rupture du jeûne.

Ce qui intrigue, c’est le nombre de mendiants en surnombre par rapport aux passants. Les années précédentes, vu l’immense pagaille qui règne à la Cité, ils passaient inaperçus. Aujourd’hui, ils sont visibles partout : devant les magasins, à l’intérieur des supérettes, en face de certains commerces… Des femmes accompagnées de leurs enfants quémandent quelques dinars par ci, des victuailles par là. Beaucoup de gens passent sans leur jeter un regard. D’autres, plus sensibles, mettent quelques pièces de monnaie dans le creux des mains tendues.

On ne sait si elles sont vraiment dans le besoin, mais qu’à cela ne tienne. A Chlef, il s’est développé toute une faune de mendiants agissant en couple, ou en famille, qui vous racontent l’inimaginable pour vous apitoyer et vous soutirer de l’argent. Pire, il en est qui ont font un véritable commerce, une activité qui en cache une autre : la prostitution. La semaine dernière, tout près de la station-service de Hay Bensouna, nous avons remarqué scènes qui ne font aucun doute sur la nature de ce qui se tramait. Dans une vieille Renault Clio, un quadragénaire dirige et oriente une femme et une adolescente sur des «clients» potentiels. Bien vêtues, ces dernières effectuent des allers et venues bizarres, probablement pour informer le souteneur des propositions qu’elles ont reçues.

Ce n’est pas nouveau, nous explique un citoyen très au fait des trafics qui se déroulent dans le quartier. Selon lui, il y a quantité de petits dealers, de voleurs, de receleurs et, bien entendu, des souteneurs qui traficotent dans le quartier. Beaucoup profitent du mois sacré et de la cohue qu’il provoque dans les rues commerçantes pour tenter leur coup. Ce qui leur est souvent fatal car les éléments de la sûreté nationale, présents en force, veillent au grain.

Partout, l’hygiène laisse à désirer. On ne sait comment les autorités peuvent tolérer l’existence de commerces aussi mal tenus. Et pourquoi les gens achètent sans tenir compte de la qualité des produits qu’on leur propose. Des amis nous expliquent que la «petite» corruption est bien ancrée dans les mœurs. On ferme les yeux sur tout, y compris sur ces restaurateurs qui ne disposent même pas de toilettes et lavabos pour leurs clients. Mais du moment que personne ne rechigne, on laisse faire. Conséquence : des indigestions et des intoxications plus ou moins graves mais jamais signalées aux autorités compétentes. A quand la protection du consommateur à Chlef ?

L. C.

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