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Elle est confinée au foyer malgré elle

La femme travailleuse réagit

Le confinement décrété par les hautes instances de l’Etat n’est pas du goût de tout le monde. Pour beaucoup, la fermeture des cafés et restaurants, entre autre, couplée au couvre-feu, entrave leur liberté de mouvement en ce sens qu’il ne leur est plus possible de passer des heures interminables hors de chez eux. Ni de veiller jusqu’à des heures impossibles attablés dans la multitude de cafés ouverts pratiquement dans chaque quartier, voire dans chaque douar. Il est vrai qu’il y a de nombreuses personnes qui ne semblent pas être affectées par le confinement, étant de nature casanière et réservée.

Cependant, à ces deux catégories de gens, s’ajoute une troisième : les femmes travailleuses qui manifestent leur mécontentement de rester enfermées pendant toute la journée. Ces femmes qui exercent le plus souvent dans le secteur de l’éducation se sont retrouvées du jour au lendemain coincées chez elles entre quatre murs. Les établissements éducatifs étant fermées jusqu’à nouvel ordre, comment vivent-elles leur condition en devenant, malgré elles, des femmes au foyer qui ne sortent que rarement pour des visites familiales, se rendre chez le médecin ou sortir faire des achats dans les meilleurs des cas.

Pour en connaitre davantage sur la situation actuelle des femmes travailleuses avec le confinement, nous avons questionné quelques enseignantes.

Fatima Zahra, jeune enseignante, avoue, en tant que femme travailleuse ayant l’habitude de sortir pratiquement tous les jours de la semaine sauf le week-end, «et encore», qu’elle trouve des difficultés à appliquer la quarantaine. «Mais j’essaye toujours de gérer mon temps entre les tâches ménagères et la lecture de quelques livres», dit-elle. «Cependant, ajoute-t-elle j’ai envie de sortir, de travailler, d’être en classe avec mes élèves parce que je n’ai pas l’habitude de rester très longtemps à la maison». Elle poursuit : «En confinement, on n’a pas le droit de bouger même pour faire quelques achats. Pendant les vacances, je peux sortir à n’importe quel moment. Pendant les vacances, je trouve toujours d’autres activités à faire, je me suis inscrite dans une salle de sports, je vais deux fois par semaine à la piscine, je rends visite aux membres de la famille et à mes amies. Maintenant, je n’ose même pas sortir de la maison». Fatima Zahra saisit l’occasion pour dire à tous d’être vraiment conscients et de rester chez soi afin de sauver des vies. «Je ne sais que ce n’est pas facile, mais que faire ? C’est notre santé et celle des nôtres qui est en jeu», conclut-elle.

Aicha est enseignante chercheuse qui vit et exerce à Bouira. Pour elle, «c’est l’occasion de se poser en quelque sorte, on essaie d’en profiter au maximum pour lire, écrire et passer suffisamment de temps avec les membres de la famille». Elle considère qu’en s’occupant, on ne perd pas le rythme habituel de la vie et pour éviter la dépression surtout. «Cependant, avoue-t-elle, on vit toujours avec cette peur de perdre un de ses proches. Ce n’est pas évident, on essaie de s’enfuir si j’ose dire. Personnellement, je pense tout le temps à mes parents âgés». L’enseignante indique néanmoins que «tant qu’il y a la vie, il y a toujours de l’espoir et c’est pourquoi on essaie d’en profiter au max».

Elle estime que le jour où il sera possible de sortir sans protection individuelle particulière, ce sera, certainement la fête pour tout le monde. «Certes, ça sera difficile de s’adapter au rythme ordinaire du travail, mais ça va aller petit à petit. En fait, moi, j’en profite pour finir ma thèse de doctorat, j’avance lentement surtout avec les tâches ménagères et les enfants».

Fatima, également enseignante chercheuse mais à Relizane trouve pour sa part que, de son côté, qu’elle ne rencontre aucun problème de se plier aux règles du confinement. «De toutes les façons, je n’aime pas trop sortir surtout dans une ville où il n’y a pas grand-chose à faire. Il y aura sûrement des conséquences voire de mauvaises séquelles de ce confinement par rapport aux femmes fonctionnaires, et ce, sur tous les plans, émotionnel, financier, conjugal, relationnel, psychologique et existentiel et j’en fais partie».

Propos recueillis par Abdelkader Ham

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