L'Algérie de plus près

Peur et confinement

Par Rachid Ezziane

La pluie de ces trois jours a ajouté de la tristesse aux cœurs « confinés » dans la peur et l’attente. L’Algérie retient son souffle de peur de subir ce qui est en train de se passer en Italie et en Espagne. Ici, dans mon village, tout est calme malgré les rumeurs (en attendant l’information officielle) de la présence d’un cas de coronavirus contracté par une personne qui revenait d’Espagne. Personnellement je ne sors qu’à la fin de l’après-midi, dans la pénombre du soir qui tombe, pour les ordures ménagères, heureusement à quelques pas d’où j’habite. Les rues ne sont plus animées comme avant. Seules quelques voitures passent rapidement comme lors des matches de l’équipe nationale. Les passants sont rares, et quand je rencontre quelqu’un dans la rue, on ne se regarde presque pas et l’on presse le pas comme si l’on fuyait je ne sais quel démon.

Chez moi, on fait attention aux produits alimentaires. La table est moins garnie que les jours « normaux ». Juste ce qu’il faut pour tenir quelques heures. La semoule et la farine pour cuire le pain commence sont devenues une denrée rare. Dans la précipitation, je n’ai pu acquérir que quelques kilos. Pour compenser, il reste le couscous, aliment complet qu’on manger avec toutes sortes de garnitures. Hier, j’ai vu par ma fenêtre les agents de la protection civile nettoyer la rue à l’eau stérilisée. J’ai eu un sentiment de reconnaissance envers eux et tous ceux qui, dans les hôpitaux et autres lieux de soins, s’activent pour nous faciliter la vie en ces moments difficiles.

J’ai eu aussi une pensée pour les corps constitués qui, dès le début, n’ont ménagé aucun effort pour aider le peuple à s’organiser. Ils ont même contribué à sensibiliser les gens et nettoyer les lieux publics. Le gouvernement fait son possible pour améliorer la situation et nous devons l’aider en évitant de sortir.

Je suis aussi préoccupé  par ma mère, vieille de 90 ans, diabétique et hypertendue et qui habite juste à côté de mois. Pour éviter tout contact direct avec elle, je lui rends visite une fois tous les deux jours, mais en prenant mes précautions de ne pas l’approcher au-delà de deux mètres. Sinon, comble de l’ironie, je l’appelle au téléphone alors qu’elle n’est loin de moi que de quelques mètres.

Aujourd’hui jeudi, la pluie a cessé de tomber et un soleil morne a difficilement rompu les quelques nuages qui persistent comme pour faire durer l’inquiétude. De mon bureau, j’entends le bruit de la machine à coudre que ma femme utilise pour passer son temps libre. Le confinement nous a fait dépoussiéré pas mal d’outils, de livres et de lieux. Aujourd’hui, tout un chacun de nous sait combien coûte un le plus petit moment de liberté. Aujourd’hui, partout dans le monde, l’homme sait, et même qu’il est convaincu, que le plus grand bonheur est d’être en bonne santé au milieu des siens, et que tout ce que nous ne cessons de réclamer tout au long de l’année comme confort et bien-être n’est que poudre aux yeux par rapport à notre santé.

Malgré tout ce qui se dit et se passe, j’ai de l’espoir, surtout pour l’Algérie. Cet espoir me vient de ce que la maladie n’a pas évolué comme ailleurs. Je ne suis pas expert en la matière, mais les statistiques sont quand même claires. Puisse Allah préserver l’Algérie et toute l’humanité de la catastrophe. Puisse-t-Il aussi nous pardonner nos fautes et accepter notre repentir.

R.E