L'Algérie de plus près

A quand un service de gynéco-obstétrique à l’hôpital Zirout Youcef de Ténès ?



Plusieurs citoyens de la ville de Ténès se sont rapprochés de notre journal dans le but de réclamer l’amélioration des conditions de prise en charge des malades à l’hôpital Zirout Youcef, notamment les femmes enceintes à terme de leur grossesse.

«Notre action vise à alerter les pouvoirs publics sur le manque de moyens consacrés à cette catégorie de patients », nous ont affirmé ces citoyens qui ont rappelé l’exemple du décès, le mois passé, d’une femme enceinte victime d’un accident de la voie publique. Cette dernière avait été évacuée vers un hôpital du chef-lieu de la wilaya pour accoucher de son bébé, à défaut de gynécologue à l’hôpital de Ténès, nous dit-on.

Il est à rappeler que l’établissement hospitalier Zirout Youcef de Ténès dispose d’un service de maternité à faible capacité d’accueil. Datant de 1980, il connait beaucoup de difficultés dues essentiellement à une insuffisance de moyens, d’une part, et à un manque du personnel soignant d’autre part, notamment en matière d’encadrement médical spécialisé à savoir les médecins spécialiste en gynécologie. Il ne dispose en effet que d’un seul gynécologue, ce qui implique que, durant son absence, toutes les femmes enceintes qui présentent des grossesses à risque sont soit invitées à se diriger vers l’hôpital de Chorfa du chef-lieu de wilaya, distant de 54 km, par leurs propres moyens, soit évacuées par les moyens de l’hôpital pour les cas critiques.

L’hôpital Zirout Youcef est la seule structure hospitalière dotée d’un bloc opératoire et d’un service hospitalier de Maternité de tout le nord de la wilaya de Chlef, une zone qui compte pourtant 4 daïras, à savoir : Ténès, Beni-Haoua, El Marsa et Abou El Hassane.

Compte tenu de cela, ces habitants haussent le ton et soulignent que les polycliniques et les salles de soins disséminées à travers les communes de ces 4 daïras ne jouent pas convenablement leur rôle, puisqu’elles manquent de personnel, de médicaments et d’autres moyens, outre le fait que leur activité est réduite dans le temps, faisant en sorte que la plupart des cas sont dirigés vers l’hôpital de Ténès. Celui-ci à son tour évacue beaucoup de femmes enceintes en difficulté vers le chef-lieu, à défaut d’une astreinte de permanence médicales spécialisée.

Les protestataires demandent aux responsables locaux et ceux chargés de ce secteur assez sensible à ce qu’un service de gynéco-obstétrique soit ouvert dans cet hôpital et dédié exclusivement aux femmes qui présentent des complications étant à terme de leur grosse ou bien en cours d’accouchement en vue d’une prise en charge médicale adéquate.

Il est vrai que l’EPH Zirout Youcef connaît un manque flagrant en médecins spécialistes notamment en gynécologues et même en personnel paramédical. Preuve en est, il arrive qu’on assure la garde de nuit avec une seule sage-femme et une seule infirmière, nous signale un médecin de ce service qui préconise au même titre des solutions à cette situation, estimant qu’il est judicieux de penser à disposer un service bien équipé en matériel et en personnel ou, mieux encore, construire un établissement hospitalier spécialisé en gynécologie-obstétrique, qui sera le mieux adapté à assurer une prise en charge efficiente.

Pour leur part, les habitants des espaces semi-ruraux enclavés au nord de la wilaya Chlef qui compte 12 communes (Ténès, Sidi Akkacha, Sidi Abderrahmane, Zeboudja, Bénairia, El Marsa, Moussadek, Béni Haoua, Breira, Oued Goussine, Abou El Hassan, Talassa) semblent vivre dans des conditions assez difficiles et doivent effectuer des dizaines de kilomètres pour se rendre au seul hôpital qui dispose d’une maternité et d’un bloc-opératoire mais qui semble aujourd’hui désuet. Cette structure doit faire face à un nombre non négligeable de femmes enceintes issues d’une population qui ne cesse de croitre, et donc de nombreux cas à risque durant l’accouchement, nécessitant impérieusement, selon le personnel soignant de la maternité, un service spécialisé en l’absence du seul gynécologue dont dispose l’EPH Zirout Youcef.

Plusieurs internautes ont lancé des appels sur les groupes des réseaux sociaux pour que leur hôpital soit pourvu d’un service de gynécologie-obstétrique doté d’un arsenal thérapeutique approprié et d’un personnel médical et paramédical qualifié puis suffisant en nombre pour garantir ainsi un accès aux soins plus décent et plus digne aux femmes qui vont connaitre la joie de mettre au monde leur bébé. Il s’agit aussi de rassurer les membres de leurs familles qui éprouvent souvent ressentiments et incertitudes au regard des conditions déplorables et de la piètre qualité de la prise en charge médicale.

En dépit de toutes ces insuffisances, certains membres du conseil médical y compris son président, un traumatologue, œuvrent auprès de l’administration de l’EPH pour que l’ex-service «infectieux» soit converti en un service de traumatologie, une spécialité qui s’exerce actuellement au sein du service de chirurgie générale. Cette démarche se voit contestée par beaucoup eu égard aux  besoins ressentis et, notamment, les doléances de milliers de citoyens relevant des 4 daïra qui sont confrontés à beaucoup de difficulté et contraintes concernant l’accouchement de leurs femmes. Nous nous sommes rapprochés du directeur de l’hôpital pour nous enquérir en détail de cette situation, seulement ce dernier n’a pas souhaité s’exprimer sans l’aval de sa tutelle, la direction de la Santé et de la Population de Chlef.          

Lahcène Baïkia