L'Algérie de plus près

Pour une poignée de dollars

Pour une poignée de dollars

Par Rachid Ezziane

Sans être expert ni homme politique, juste avec mon esprit observateur et critique d’écrivain conscient du devenir de son pays, j’apporte, ici, ma contribution sur le projet de  loi sur les hydrocarbures.

En vérité, il n’y a rien à dire. Tout est clair comme l’eau de roche. Pour quelques dollars de plus on s’agite comme s’il s’agirait de l’unique solution aux problèmes économiques de l’Algérie. On aurait aimé qu’en amont se conçoive et se prépare le vrai coup de manœuvre pour faire redémarrer l’ingéniosité en panne. Car aujourd’hui, [comme hier d’ailleurs], tout est dans le génie créateur. Et pourtant, combien nous ne détenons pas de véritables «entéléchies» en dormance. Et pourtant, ces prodiges n’attendent que le «let’s go !» pour casser la baraque du marasme qui n’a que trop duré. Nous avons dans les expériences qui nous ont précédés un paradigme pour y puiser la force de croire aux jours meilleurs. La Chine a bien assimilé la chose et le concept en focalisant tout son dynamisme dans l’idée que seul le génie créateur est porteur de richesses. Il est l’unique et inépuisable ressource de toutes les richesses où qu’elles soient. En 1946, une année après la fin de la deuxième guerre mondiale, un jeune japonais, qui revenait d’Amérique au pays du soleil levant [après une longue nuit de guerre et d’Hiroshima] avait dans ses bagages une moto américaine en pièces détachées. A la douane de la ville américaine d’où il comptait partir pour le Japon, on se moqua de l’homme jusqu’à s’esclaffer de rire. Que pouvait-il bien faire de ce tas de ferraille se sont-ils dit tout en dissimulant leur fou rire. Quelques années après, on sut que ce jeune japonais s’appelait : monsieur «Honda»…

Et la liste est longue. Pas plus loin que ça, la Corée du Sud, le pays des matins calmes, lui aussi peut nous servir de rampe de lancement. Il est le parfait exemple de la réussite du génie créateur. Comme l’Algérie, la Corée du Sud avait vécu une guerre des plus atroces. Comme l’Algérie, la Corée du Sud était un pays rural sans industries ni infrastructures de base. Mais la première décision que les coréens avaient prise, avant même l’application du processus de développement, était leur engagement solennel pour changer de mentalité de ruraux assistés en citadins entreprenants. C’est-à-dire qu’ils ont choisi le modernisme comme rampe de lancement de leur rêve. Et ils ont réussi leur pari. Et pourtant ils l’ont réussi en s’endettant auprès des institutions financières mondiales, le FMI entre autre. Alors qu’est-ce ça aurait été s’ils avaient les ressources que nous avons ?… Il y a aussi l’exemple de la Malaisie qui est devenue un tigre économique juste en valorisant son potentiel humain.

Certes, grignoter quelques dollars sur le prix du baril ou en réalisant de nouvelles découvertes de puits de pétrole, sont une bonne chose, mais une  bonne chose éphémère. Et on ne peut pas bâtir une économie sur l’éphémère, dusse-t-il être indispensable.  Même si les desseins occultes de la géostratégie mondiale ne nous laissent aucun répit. Et pour les contrecarrer, le pays a besoin de  stabilité et un consensus quasi général. Sans pour autant renier les principes de justice et de l’état de droit.  

Qu’attendons-nous pour choisir la voix et la voie de la modernité ? Se moderniser ne veut nullement dire renier notre identité. Se moderniser veut dire être au diapason des pays qui ont réussi à bâtir une société où les citoyens, sans distinction de leur rang social, sont égaux devant les droits et les devoirs. Se moderniser c’est aussi libérer l’entreprenariat à toutes les idées novatrices porteuses de plus-values pour l’économie du pays.  Se moderniser c’est croire en la jeunesse et ses capacités. C’est surtout l’écouter pour mieux la responsabiliser.

Une poignée de dollars, de plus ou de moins, pour le prix d’un baril de pétrole, ou en allégeant les conditions d’investissement dans le domaine, ne peut en aucun cas compenser l’ardeur d’une nation à vouloir redorer son blason et mettre son destin entre ses mains. Les pays les plus riches en réserve de pétrole ne sont pas les plus développés. Voyez où en sont le Venezuela, l’Arabie Saoudite, l’Iran ou l’Irak qui, à eux seuls, détiennent les plus grandes réserves de pétrole du monde sans qu’ils ne soient des pays développés. Comparons ces pays avec la Corée du Sud, la Suisse, l’Espagne ou la Belgique (pays presque sans ressource pétrolière). Y a pas photos, n’est-ce pas ?…

Seul l’investissement dans les ressources humaines, dans l’homme, peut mener à bon port. Le reste, Wallah, n’est que de la poudre aux yeux, ou de la « boulitique » sans queue ni tête quand on sait qu’une seule startup comme Google détient un chiffre d’affaire annuel de plus de cent quatre-vingts (180) milliards de dollars. Et Google, le géant du Web, a pourtant débuté en tant que simple projet de deux étudiants, âgés de 21 et 22 ans, dans un garage (loué) en Californie dans la fameuse Silicon Valley. Sans commentaire…

R.E