L'Algérie de plus près

Le livre d’Ali Dahoumane

Le livre d’Ali Dahoumane

Par Rachid Ezziane

Pour ceux qui ne sont pas encore au courant, Ali Dahoumane vient de signer un ouvrage qu’il a consacré à sa ville natale El-Asnam (Chlef). L’ouvrage est un recueil de textes et de chroniques qui font voyager le lecteur (surtout les Asnamis) dans leur ville «sphinx». Tout y est. Les gens et les lieux. Avec en plus, le style châtié. Mais aussi la sincérité de la narration. On n’en sort pas comme on est entré. De l’hommage des chouhadas de Chlef, avec la belle photo de son père chahid, au grand Bus orange de la SNTV, en passant par «Ces gens qu’on a tant aimés et admirés» ou «La page d’or du chaabi à El-Asnam», le champ de boule ou le café de Fedhlaoui, on est presque pris à la gorge par la nostalgie du passé et la langueur des gens simples qui faisaient la ville, d’Orléansville à El-Asnam.

Dans sa chronique «Regard sur une ville», Ali Dahoumane raconte le quotidien de sa ville blessée. «Sinistrée depuis plus de trois décennies, la ville de Chlef continue toujours d’offrir l’image d’une femme blessée et souffrante. Touchée dans sa chair et dans son âme, elle est toujours en convalescence. Elle ressemble à une vieille femme qui garde les séquelles d’un terrible accident. Traumatisée par le séisme d’octobre, la vieille dame a beaucoup de peine à se remettre de ses anciennes blessures et à retrouver sa beauté d’antan. D’El-Asnam à Chlef, la transition s’était faite sans difficulté et sans le moindre incident. Ses enfants n’ont été ni consultés ni associés à cette appellation», écrit-il avec amertume.  

Au fil des pages, l’Asnami ou le Chélifien, se verra, tantôt emprunter les rues ombragées de ficus, tantôt s’asseoir dans un des cafés mythiques, ou faire la queue pour assister à une séance de cinéma, voire siroter un thé ou déguster un créponné sur une terrasse de la cité «Monoprix» (Hay En’nasr) ou… chiper de chez le libraire «Jayet» un illustré… de préférence un «Blek le roc».

Et puis faire connaissance avec les gens de l’ex El-Asnam et ses environs. D’Oued-Sly à Pontéba. Les sportifs et les artistes. Des hommes de culture aux simples commerçants. De tout ça, les puristes sauront distiller une goutte de larme qu’ils dédieront comme une rose à leur ville plusieurs fois meurtrie.

Lors de la présentation de son ouvrage à l’hôtel «les Orangers», M. Dahoumane, avec sa modestie et son sourire habituel, aussi avec son verbe distingué à l’accent du vrai Asnami, a éclairé l’assistance quant aux motifs qui l’on poussé à écrire ce livre. Ou plus exactement à écrire ces chroniques sur sa ville. «Ecrire ne m’a jamais effleuré l’esprit et quand mon ami Ali Laib m’a encouragé à le faire, je n’étais pas vraiment enthousiaste dans le sens où je ne trouvais aucun intérêt pour l’écriture et surtout que je ne savais vraiment pas par quoi commencer et de quoi parler», écrit-il dans l’avant propos de son ouvrage. Chose qu’il répéta le jour de la présentation de l’ouvrage, presque en s’excusant d’avoir osé «empiéter» le monde des écrivains. D’autan plus qu’il avait présenté son ouvrage le même jour avec l’écrivaine Jacqueline Brenot qui était venue de Paris pour parler de son ouvrage «Œuvres en partages». Et pourtant, notre ami Ali Dahoumane est un homme de culture, ayant exercé le métier de professeur de langue française durant de longues années. Et les «joutes » linguistiques et littéraires ne lui sont guères étrangères.

Fils de Bocca Sahnoun et ayant fréquenté l’école Lallement, le CEM de la gare et le lycée As-Salem, puis celui de la route d’Oran, Ali Dahoumane a vécu à El-Asnam comme un poisson dans l’eau. Par ses écrits sur sa ville de Chlef, il vient d’honorer la mémoire de tous ceux qui avaient le cœur vissé dans la plaine du Chéliff.

Le livre d’Ali Dahoumane se lit comme un roman ou une fabuleuse histoire à raconter aux plus jeunes pour leur apprendre qu’El Asnam était un véritable centre de rayonnement culturel et sportif que lui enviaient beaucoup d’autres villes et régions. Trente-cinq (35) chroniques, truffées d’anecdotes et de légendes, décrivent la vie d’El-Asnam de ces années-là…

Les Chélifiens d’aujourd’hui doivent une stèle à notre ami Dahoumane. Car il a su leur «monter» le film qui manquait à Chlef. Je suis persuadé que bon nombre de Chélifiens sauront lui rendre cet hommage tant mérité. Bravo ! Mon ami Ali et toutes mes félicitations pour ce travail, simple en apparence, mais qui ne meurt jamais…

Il y a lieu aussi à valoriser le travail des éditions «Les presses du Chélif» sous la direction de l’infatigable Ali Laib, directeur de l’hebdomadaire LE CHELIF. La graphie, la couverture et l’aspect général du livre sont dignes d’un professionnel de l’édition.

Lisez ce livre et vous aurez pour votre temps et votre patience. Vous n’en tirerez que les meilleurs de vos sentiments. Aussi, beaucoup d’autres choses que seul Ali Dahoumane sait raconter sur… Castellum, Orléansville, El-Asnam et Chlef.

R. E.