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Les grands cheikhs de retour à Chlef

Semaine de la chanson bédouine et du « melhoun »

Les grands cheikhs de retour à Chlef

Le musée régional Abdelmadjid Meziane a abrité du 13 au 14 novembre en cours, la semaine culturelle de la chanson bédouine et du «melhoun» (poésie populaire). Cet événement, organisé par l’association «Angham Chlef», en collaboration avec la direction de la Culture de la wilaya et la bibliothèque principale de lecture entre dans le cadre des festivités du premier novembre.

Placée sous l’égide du président de la république, cette importante manifestation culturelle a vu la participation de plusieurs figures emblématiques et ténors de la chanson bédouine ainsi que plusieurs poètes de renom. Ils sont venus d’Oran, de Mostaganem, de Relizane, d’Ain Defla et de Blida. Des poètes et chanteurs locaux se sont joints à eux.

L’événement qui a été du goût du public présent a vu passer tour à tour les chanteurs et cheikh Maamar Bendenia, Bendhiba Touhari, Ahmed Abed, Djilali Benarba Ain Tedles, Larbi Sayad et Bendhiba Boughirat. Selon Kaid Ziane Ahmed, membre de l’association «Angham», des poètes régionaux ont assisté à cet événement culturel, entre autres, Lazrag Ould Araba, Lazrag El Meddah et Nadir Belfodil de la wilaya de Relizane, Boudali, Abdelkader Sendjasni, Saliha Amiche, Saadoune Bouabdellah de Chlef. D’autres sont issus d’Oran, de Blida, d’Ain Defla etc.

Cette manifestation culturelle a vu la présence de certains noms reconnus sur la scène culturelle comme El Hadj Kaddour Touil, alias Kaddour Berrafaf, ex-joueur de flute des années soixante et soixante-dix, Abdelkader Sebaihia dit Abdeka Boussena, producteur, El Hadj Ahmed Ziani Ould Makhlouf connu pour avoir été l’ami intime et disciple de cheikh Omar Belmokrani en plus de quelques fans de la chanson bédouine et le poème populaire à l’image de Lakhdar Merini, Miloud Bensalah, Mohamed Bensalah dit Sellab et d’autres qui ont beaucoup apprécié l’initiative tout en souhaitant que de telles sorties culturelles soient une tradition.

La directrice de la Culture qui s’est distinguée par ses interventions en rapport avec l’art bédouin, faisant montre d’une large connaissance des secrets de ce genre littéraire. De son côté, M. Mohamed Kemoumia, directeur de la bibliothèque principale de lecture de Chlef, a assisté du début à la fin à l’événement. Lui qui n’épargne aucun effort pour mettre en avant la culture à Chlef, se porte prêt pour être au service des tout événement à caractère culturel. La rencontre a pris fin le 14 novembre dernier vers les coups de 16h après que cheikh Maamar Bendenia eut égayé le public de deux savoureuses chansons dont les paroles sont signées cheikh Omar Belmokrani.

Abdelkader Ham    

Ils ont dit

Rabah Bendekoume (Blida) :

«Etant producteur, tous les chanteurs et tous les poètes me connaissent depuis cheikh Omar Belmokrani, cheikh Bentiba, cheikh Charef Bekheira et d’autres à M’sila, Sidi Aissa, Sidi Khaled. Je suis parolier des grands poètes célèbres algériens. Aujourd’hui, je suis invité par Maamar Bendenia, président de l’association «Angham Chlef», je suis très content de cette invitation, je souhaite une bonne réussite à l’association. Je lance un appel à la direction de la Culture afin qu’elle accorde un intérêt à la culture locale qui est en déclin. Pour ce qui est de la production, je peux dire qu’elle est maigre, et si les responsables du domaine ne bougent pas, elle va tout simplement disparaitre. Les responsables du musée sont censés multiplier les efforts pour une prise en charge véritable de ce patrimoine immatériel par le fait de recenser, répertorier et protéger les œuvres des poètes et des chanteurs pour qu’elles soient des références pour les générations montantes».

Cheikh Ahmed Abed (Relizane) :

«J’ai fait mes débuts dans le domaine artistique depuis 1955, je suis un des disciples de cheikh Khaldi de 1955 jusqu’à 1964, l’année de son décès. Après quoi, j’ai choisi comme précepteur cheikh Djilali Bensebane pendant plus de 14 ans, j’ai passé toute ma vie au service du chant. Je n’étais pas seulement chanteur, mais parolier et compositeur pendant mon séjour en France où j’étais adhérent et membre de la SACEM avant d’adhérer à l’ONDA où j’étais membre actif. J’écrivais des poèmes et je chantais en même temps, mais j’optais beaucoup pour le chant marocain et algérien, j’ai chanté à Oudjda avec cheikh Taib Benaoume, j’ai chanté en Syrie où je me suis rendu en compagnie de Taib Benaoume qui avait des camarades là-bas. J’ai appris par cœur plus de 900 chansons et j’écris toujours. Pour nous, la culture populaire circule dans les veines, on ne peut pas s’en passer. J’incite à partir de cette tribune les jeunes à brasser l’art des leurs aïeux».

Miloud Bensalah (visiteur) :

«L’initiative ne peut qu’être saluée, cela fait bien longtemps qu’on n’a pas vu de telles rencontres à Chlef. C’est toujours bien de rencontrer des visages emblématiques de la chanson bédouine et de la poésie populaire, à l’image de cheikh Ahmed Abed, cheikh Bendhiba et les poètes comme Larbi El Meddah, Larbi Lazrag. Je souhaite de tout cœur que de telles rencontres se multiplient. A première vue, on remarque que le public de Chlef savoure la belle parole. L’association «Angham» est à féliciter pour avoir réuni les artistes des quatre coins du pays et d’avoir fait profité au public chélifien des prestations des artistes pendant deux après-midis. Je remercie mon ami Lakhdar de m’avoir fait part de l’événement. J’ai passé une très bonne après-midi en compagnie de mon cousin Sellab, lui aussi amoureux de la chanson bédouine».

Propos recueillis par Abdelkader Ham