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« Orléans » et les guillotinés d’El Asnam

C’est M. Mohamed Attaf, moudjahid, qui nous a remis ce document rare : la notification de condamnation de deux valeureux résistants faisant partie de l’organisation FLN-ALN de la wilaya IV historique, en l’occurrence, Maâmar Sahli, 28 ans (né le 21 mai 1934, à la Ferme, Orléansville), guillotiné le 4 décembre 1957, à 3h13 du matin et Abdelkader Mekkaoui, 28 ans (né le 27 mai 1930, à la Ferme, Orléansville), guillotiné le 4 décembre 1957, à 3h14 du matin.

Les deux martyrs font partie des 40 militants exécutés à la prison de Barberousse à Alger durant l’année 1957.

Que reste-t-il du souvenir de ces deux chouhadas ? Le nom d’un stade, au quartier de la Ferme, et celui d’une rue au centre-ville à Chlef. Le moudjahid Mohamed Ayad et ses compagnons de lutte encore en vie déplorent que les héros de la guerre de libération nationale soient méconnus des jeunes générations. Le vieux combattant, lui aussi condamné à mort, s’insurge en particulier contre les dénominations commerciales qui fleurissent à Chlef et qui glorifient l’occupation coloniale française. En effet, on peut trouver des enseignes du type : « Sarl Orléans », « Taxi Orléans » et bien de locaux commerciaux qui arborent fièrement ce nom. Supposé rappeler aux nostalgiques l’ancienne appellation de la ville, Orléansville en l’occurrence, ce nom pose problème pour la famille révolutionnaire et tous les patriotes qui ont libéré le pays des griffes de la colonisation. Pour M. Ayad, « il ne s’agit pas d’une opération de charme commerciale, c’est une œuvre de glorification du passé colonial de la ville. »

Pour l’anecdote, nous avons posé la question suivante à de nombreux chélifiens : « A quoi fait référence le nom d’Orléansville? » Inutile de dire que personne n’a donné de réponse correcte. En fait, Orléansville doit son nom au prince Ferdinand-Philippe d’Orléans, fils aîné de Louis-Philippe, mort le 13 juillet 1842, dans un accident de fiacre, au niveau de la porte Maillot, à Paris.

Pour plaire aux gouvernants du moment, des officiers militaires, des colons et toute une faune de thuriféraires de la région du Chélif demandèrent au roi des français, le père du prince, de baptiser leur ville alors en construction, du nom de son fils, d’où l’appellation Orléansville. A la même époque, les colons de Skikda revendiquèrent aussi ce nom (pour plaire évidemment au roi) et nommer leur cité Philippeville.

On aurait aimé que nos chers commerçants, entrepreneurs et hommes d’affaires agissent de même en attribuant des noms bien de chez nous à leurs magasins, entreprises et services, au lieu de se référer à une histoire qu’ils ne maîtrisent apparemment pas du tout.

L. C.

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