L'Algérie de plus près

La balance à peser les sorciers

Par Rachid Ezziane

Dans le plat pays des orchidées et des tulipes, des maisons flottantes et des blondes aux yeux bleus. Dans le pays de « Holtland », des bois et de la terre, des prés verts où paissent les vaches grasses pour le meilleur fromage du monde. Là-bas, où vivent, aujourd’hui, dit-on, les gens les plus heureux du monde car ils vivent dans le quatrième pays le plus développé et le moins corrompu de toute la planète, selon les rapports des Nations Unis. Mieux encore, les Pays-Bas sont aussi la terre des bonheurs des enfants, toujours selon l’ONU, ou plutôt l’Unicef.  Et alors ?… eh bien ! les strates de l’Histoire ont une objection, si j’ose dire ainsi. Car l’Histoire n’oublie jamais. Même si elle n’est pas écrite, elle passe entre les filets de l’oubli de bouche à oreille, et même de conte à légende.

Mais, il fut un temps dans ce pays, où le bonheur coule à fleur de terre et de mer, des heures pas aussi glorieuses que ça. De quoi s’agit-il ? Voilà, je ne sais en quelle époque exactement, disant durant les années où nous autres les orientaux étions un peu maîtres du monde par la plume et l’instrument de mesure, ce pays des Vikings, où les commerçants de cette époque avaient le droit de se transformer en pillard ou en guerrier là où le cœur le désirait, on avait inventé une mystérieuse procédure pour sanctionner toutes les personnes porteuses d’idées de sorcellerie. Pour ce faire, et mieux châtier les suspects, les gentils hollandais avaient inventé la balance à peser les sorciers. Rien que ça ! Il fallait y penser, comme l’invention de la machine à vapeur. Ce n’est pas une légende ni un conte pour faire peur aux enfants. La balance à peser les sorciers a bel et bien existé, à une certaine époque, aux Pays Bas…

Voilà, comment ça se passait : dès qu’on suspectait quelqu’un d’activité douteuse en sorcellerie, on le ligotait et l’obligeait à se mettre sur le plateau de la balance. Si par malheur son poids venait à rompre l’équilibre de la balance, on le considérait comme sorcier et donc condamné à être pendu. Et si le pauvre sorcier en puissance était trop léger pour l’équilibre, et n’arrivera pas à soulever le plateau, là il est condamné, tenez-vous bien, à être brûlé vif.

Que peut-on dire de cette ingénieuse invention dans un pays que d’aucuns croient que ses habitants sont des anges ? Comme quoi, les hommes sont partout les mêmes et ce n’est que l’éducation et les valeurs humaines qui les rendent « humains » et fréquentables.

Il paraît que, durant cette époque, les voyageurs évitaient le pays par peur d’être pesé et… n’avoir pas le poids de la survie. Il paraît aussi que cette balance existe toujours de nos jours, sauf qu’on y pèse du fromage avec.

R. E.