L'Algérie de plus près

De quelle journée nationale de la presse parle-t-on ?

Par Hassane Boukhalfa

Les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont bouleversé notre ère. L’apport de ces technologies à la civilisation humaine est indéniable. Mais cela ne doit pas nous empêcher de reconnaitre qu’elles ont autant d’inconvénients que de bienfaits. Car autant elles ont contribué au développement de l’information, sa modernisation à travers la facilitation de son élaboration, de sa production de l’information et de sa diffusion à travers les traditionnels supports de la presse et du journalisme tels les journaux, la radio et la télévision, autant elles ont précipité le déclin et la régression de ces moyens de communication. Les nouvelles générations ne lisent plus les journaux, n’écoutent pas la radio et, dans un moindre degré, ne regardent pas la télévision. Rares sont les jeunes qui lisent des journaux et des livres. Ils préfèrent les nouveaux supports numériques. Facebook, Youtube et autres WhatsApp ont remplacé et pris la place du journal (le livre), de la radio et de la télévision. Les conséquences de ces mutations seront, sans aucun doute, désastreuses sur la société toute entière. Dis-moi ce que tu lis, ce que tu écoutes et ce que tu regardes, je te dirai qui es-tu. La prolifération des pages et groupes Facebook et autres et autres plateformes de réseau sociaux et d’information représente une véritable pollution intellectuelle. La première victime de ces nouveaux moyens de communication est la langue. Quand on lit de mauvais livres et de mauvais textes, on produit forcément de mauvais textes. C’est indiscutable. Tout le monde écrit, tout le monde prononce des discours, tout le monde « explique » et donne des conférences. Le résultat est là : il suffit de jeter un coup d’œil sur les pages Facebook ou YouTube pour se rendre compte des dégâts et des torts qu’on fait subir à la langue. Comme cette dernière représente un vecteur de la science et de la culture, il est facile d’imaginer de quoi sera fait notre avenir. C’est un fait accompli qui s’est imposé grâce ou à cause de l’évolution de la science et de la technologie.

Le second facteur qui détourne le public des traditionnels supports médiatique est la malhonnêteté, le mensonge par omission, la propagande ainsi que la manipulation qu’exercent beaucoup d’organes de presse. Et pourtant les réseaux sociaux et les sites internet ne sont pas épargnés et dans la plupart des cas sont pires que les supports traditionnels en matière fake news, diffamation et autres formes de dénigrement et d’insultes, ce qui ne manque pas d’attiser la haine et le rejet de l’autre.

Il faut dire aussi que les hommes et les femmes de la presse ont, eux aussi, contribué à la dégradation de l’image des supports traditionnels avec leurs comportements et pratiques qui ne cadrent pas avec le métier qu’ils ont choisi. Le journalisme est un noble métier qui exige des qualités et des valeurs morales infaillibles telles que l’honnêteté et la sincérité. Beaucoup de journalistes, certains contraints par les circonstances et d’autres par choix, ont basculé dans l’opportunisme et la flatterie.

Dans le même ordre d’idées, il y a lieu de relever la pression exercée par les pouvoirs publics contre les organes et les journalistes qui osent défier les puissants et dénoncer la corruption et la gabegie qui rongent les institutions de l’Etat. Nombreux en effet sont les journaux qui ont été suspendus ou ont cessé de paraitre à cause du manque de sources financières et du tarissement des ressources publicitaires. Cela a concerné de grandes entreprises alors que des dizaines de quotidiens continuent de paraitres alors que personne ne les lit, pas même leurs propriétaires.

À partir du début des années 2000, la scène médiatique a été inondée par un nombre considérable de titres sans pour autant l’enrichir et lui apporter une valeur ajoutée. Car il s’agit de titres créés dans l’unique but de siphonner l’argent de la publicité institutionnelle, la seule et unique condition est de faire allégeance au pouvoir en place. Les journalistes sont harcelés et muselés. Quand ils osent dire les vérités, ils sont arrêtés et incarcérés. Ces dix dernières années, une dizaine de chaines de télévision privées et publiques ont été lancées mais sur leurs plateaux, on peut tout voir et entendre sauf le journalisme, le vrai, le professionnel. Les plateaux sont squattés pars des démagogues et des opportunistes de tous bords. Malheureusement, ils trouvent un accueil et des réactions favorables auprès d’un public peu averti. De quelle liberté d’expression parle-t-on ? Et de quelle journée nationale de la presse parle-t-on ?

H. B.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *