L'Algérie de plus près

Prochainement aux éditions Les Presses du Chélif : « Le vagabond de Sétif » de Rachid Ezziane

Rachid Ezziane nous gratifie d’une histoire, belle et triste à la fois, qui se déroule dans la capitale des Hautes plaines de l’Est. L’intrigue ? Les pérégrinations d’un jeune universitaire algérois à la recherche de son amie Yasmina, la sétifoise, qui disparut de l’université d’Alger sans laisser de nouvelles. L’auteur nous promène dans Sétif, l’une des villes les plus modernes et les plus dynamiques du pays, au gré des humeurs et des états d’âme de son personnage principal, Imed, devenu, malgré lui, vagabond dans une ville qui lui est étrangère.

Extraits :

« Il était minuit passé. Imad se réveilla brusquement, tout haletant. Son corps lui faisait mal. Il toucha son front et le trouva fiévreux. Avec de grands efforts, il se leva et sortit de l’abri de fortune. Il remarqua qu’il ne faisait pas froid comme ce matin. Il resta un moment debout sur le trottoir. Puis tout d’un coup, il fut pris par un étrange sentiment. Comme quelqu’un qui l’appelait. Était-ce Yasmina ? Il regarda tout autour de lui, puis se décida à prendre la rue d’Aïn El Fouara. Sétif était déserte. Il n’y avait pas âme qui vive. Seul le bruit de ses pas résonnait dans la nuit. Il pensait à Yasmina en marchant. Quand il parcourut la moitié du chemin qui mène à Aïn El Fouara, il s’arrêta, regarda derrière lui, voulut rebrousser chemin, mais une force, comme une main qui le poussait dans le dos, le contraignit à continuer de marcher. Tout essoufflé, il arriva devant la fontaine de la statue. Une soif brûlait sa gorge. Il s’avança, mit ses deux mains en coupe et but sans s’arrêter… »

« … Le destin donne et prend. Des fois, il prend plus qu’il n’en donne. Parfois, nous agissons en contre-sens du sort et le destin se cabre et dévie de son chemin. Et il n’y a pas de plus douloureux qu’un destin à qui on a forcé la main.

Plutôt vivre sa destinée en fatum que de vouloir lui faire dévier son chemin. Car elle est « mektoub » : déjà écrite. Et ce qui est fait pour nous n’est pas fait pour autrui. Mais quel sort nous sera réservé quand se confond notre caractère et le destin ? Telle est l’énigme du SDF Imad. Telle est la question à laquelle il n’a pas trouvé de réponse. »