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Algériens tués par un train au Pays basque : l’enquête classée sans suite

L’agence française de presse (AFP), a annoncé que le parquet de Bayonne a classé sans suite l’enquête sur la mort de trois migrants algériens en octobre. Pour rappel, les trois victimes ont été percutées par un train, au Pays basque, dans des circonstances troublantes. Une enquête pour «homicide involontaire» était en cours pour établir les circonstances du drame.

La version des faits prise en compte par les enquêteurs indique qu’un train régional a tué trois migrants algériens le 12 octobre à 05h 00, à quelques kilomètres de la frontière franco-espagnole. Selon le parquet, les victimes suivaient la voie ferrée à pied afin d’échapper à d’éventuels contrôles de police. Une quatrième personne, grièvement blessée, a survécu à l’accident.

Ce dernier, tout comme les proches de deux des morts et trois associations nationales d’aide aux exilés, avait déposé plainte contre X en décembre. Ils accusaient un cinquième homme, présent au moment des faits, d’avoir mis des « substances nuisibles » dans les boissons des victimes. Mais les analyses toxicologiques n’ont pas établi l’ingestion de produits toxiques ou nuisibles, a indiqué le procureur Jérôme Bourrier. « Aucun élément de l’enquête pénale ne va dans le sens d’un empoisonnement », a-t-il souligné.

Le correspondant de l’agence d’information rapporte ceci : « Ce matin-là, ces hommes se seraient allongés sur les rails pour se reposer de leur marche nocturne, peu avant la gare de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques). Les migrants n’auraient simplement pas entendu arriver le train en provenance d’Hendaye. »

Le cinquième homme, que le rescapé décrit comme leur « passeur », avait pris la fuite. Il a finalement été arrêté deux jours après l’accident à Bayonne. Connu des services pour un vol avec effraction pour lequel il avait été jugé quelques mois plus tôt, il n’avait finalement pas été inquiété.

Des conclusions hâtives et une enquête bâclée

Selon les témoignages recueillis par une consœur auprès des familles de deux victimes originaires de la wilaya de Chlef, les conclusions de l’enquête diligentée par le parquet de Bayonne ne semblent pas crédibles. Pour la famille de Mohamed Kamel, originaire de la localité d’Oum Drou, son fils ne se serait jamais aventuré à s’allonger sur les rails. Et pour n’importe quel prétexte. En effet, ici, dans cette petite ville distante d’à peine 5 km de Chlef, on connaît bien les trains… et les dangers auxquels peuvent s’exposer tous ceux qui longent ou traversent la voie. Et des trains, il en passe plusieurs par jour dont les fameux Coradia et les Rapides qui font la navette entre Alger et Oran et vice-versa. Pour le jeune Kamel, 21 ans, il était impensable qu’il mette sa vie en danger de la sorte !

Idem pour son malheureux compagnon de fortune, Ahmed Belhired, tué dans le même accident. Originaire de Ténès, ce quadragénaire ne pouvait pas, non plus, se permettre un « repos » dans un endroit aussi dangereux.

De même, dit-on, comment se fait-il qu’aucun d’entre eux n’ait entendu le train arriver ? Dormaient-ils tous au même moment ? Peu probable parce que les concernés auraient pris quand même quelques précautions pour éviter, surtout, d’être repérés par les gendarmes ou les policiers, voire des habitants qui pourraient les signaler aux services de sécurité.

Le plus intrigant dans cette affaire est que les trois victimes –ainsi que le rescapé – aient été happés en même temps par le train. Comment cela peut-il arriver pour des gens constamment sur leurs gardes ? Et comment leur accompagnateur ait pu s’en sortir ?

Des questions qui resteront malheureusement sans réponse pour leurs familles.

L. C.